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Comment AutoVoisin veut devenir le leader de l’autopartage


Alexandre Woog a réussi le pari de faire de sa marque mère E-loue, en à peine 5 ans, le leader de la location collaborative en France. En mars 2015, il va encore plus loin en lançant Autovoisin.com, une Marketplace dédiée à l’autopartage qu’il entend bien mener au plus haut. Interview.  

Entreprendre - Comment AutoVoisin veut devenir le leader de l’autopartage

Alexandre Woog a réussi le pari de faire de sa marque mère E-loue, en à peine 5 ans, le leader de la location collaborative en France. En mars 2015, il va encore plus loin en lançant Autovoisin.com, une Marketplace dédiée à l’autopartage qu’il entend bien mener au plus haut. Interview.
 

L’autopartage  (car-sharing) est un système dans lequel une société, une agence, une association ou même un groupe d’individus de manière informelle, met à la disposition de « clients » ou membres du service un ou plusieurs véhicules dès qu’ils en ont besoin.

Le boom de l’autopartage

Plutôt que de disposer d’une voiture personnelle qui reste l’essentiel de son temps au garage ou sur une place de stationnement, l’utilisateur d’un service d’autopartage dispose d’une voiture qu’il ne finance que pour la durée de son besoin. Le reste du temps, la voiture est utilisée par d’autres membres.

La diversité d’utilisation, donc de besoins sur des créneaux horaires différents selon les membres, est la clé du succès d’un tel système. Les coûts d’achat, les efforts d’entretien des véhicules et les tracas de recherche de places de stationnement sont mutualisés.

Ce fonctionnement existe sous différentes formes depuis les années 1950, mais depuis une décennie, il est devenu une véritable alternative à la propriété individuelle d’une voiture, et a pris un tout nouvel essor avec le développement de plateformes d’autopartage sur internet.

Autovoisin.fr apporte encore une évolution de l’autopartage en France, puisque les propositions de particuliers et de professionnels se retrouvent ensemble sur un même site. Alexandre Woog, cofondateur et CEO du site e-loue (marque mère) et créateur du site autovoisin.fr (marque fille), nous en explique tous les atouts.

Entreprendre : Racontez-nous votre parcours de créateur. Avez-vous toujours voulu être chef d’entreprise ?

 

Alexandre Woog :

Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu entreprendre. Je viens d’une famille qui a cette culture entrepreneuriale, avec notamment mon père qui dirige un cabinet conseil et mon oncle qui a cofondé une grande entreprise. J’ai d’ailleurs failli créer ma première boîte juste après le bac, mais j’ai finalement choisi de poursuivre mes études, la voie de la sagesse !

Pour moi, tout a commencé en effet à l’âge de 17 ans, le bac S en poche, obtenu au lycée Louis Le Grand. Je pars en Chine avec un très bon ami chinois de mon lycée avant d’attaquer une prépa MPSI au lycée Saint Louis. On se rend très vite compte qu’il y a un business à faire dans l’import-export avec la Chine.

Finalement, on a donné la  priorité à nos études et avons mis de côté ce projet. Mais l’un comme l’autre, on savait qu’on deviendrait des entrepreneurs. Aujourd’hui, mon ami est à la tête en Chine d’une société de vente à l’international de produits et accessoires automobiles. En ce qui me concerne, après une prépa à Saint Louis, j’ai intègré l’Institut des Télécommunications, filière management, et ai passé à Jussieu en parallèle une licence de mathématiques. En dernière année, j’ai suivi l’option finance. En 2006, j’ai intégré HEC pour y suivre le mastère finance. Une carrière en salle de marché semblait prédestinée et j’ai donc d’abord travaillé deux ans dans une grande banque. Mais je n’avais pas envie de rester salarié, même avec un très bon salaire, et j’ai donc décidé de créer ma boîte très rapidement. 

 

Vous étiez aussi un sportif de haut niveau ?

 

Alexandre Woog :

Oui, en équipe nationale d’escrime. J’ai toujours partagé mon temps entre études et sport, et aujourd’hui entre travail et sport. Les parallèles entre sport de haut niveau et création d’entreprise sont très importants : réactivité, dynamisme, gestion du stress, prises de décision, etc… J’ai toujours eu la vision qu’être entrepreneur, c’est pouvoir réaliser un maximum de choses en un minimum de temps. 

D’où est venue l’idée de lancer e-loue.com ?

 

Alexandre Woog :

L’été 2008, avec mon ami Benoît Wojciechowski, lors d’un déménagement, nous nous sommes retrouvés un samedi après-midi à devoir monter un meuble. Malheureusement, nous avions besoin d’une perceuse et aucun de nous deux n’en possédait. Nous avons songé à en acheter une mais débourser une telle somme pour une ou deux utilisations ne valait pas le coup. Nous avons songé à en louer une dans une enseigne de location, mais la chaîne de magasin qui le proposait était trop loin, la location proposée assez chère, et c’était compliqué pour rapporter l’objet pendant les horaires d’ouverture du magasin. 

Ensuite, nous avons demandé à nos connaissances si elles avaient une perceuse à nous prêter, mais manque de chance nous n’avons trouvé personne. Nous avons donc fini par en trouver une auprès d’un de nos voisins. Et d’ailleurs, notre voisin lui-même nous a dit en plaisantant « et si je vous la louais? ». Nous nous sommes alors demandé comment relier simplement propriétaires et locataires d’objets. Nous avons tout de suite pensé à internet qui est un domaine qu’on connaissait très bien. Nous avons naturellement eu l’idée de e-loue, une plate-forme permettant aux particuliers et aux professionnels de louer et de mettre en location tout type d’objet. Je prends alors le risque de quitter mon travail et le salaire conséquent qui était le mien à l’époque pour cofonder e-loue avec Benoît.

Comment avec vous démarré avec votre associé ?

 

Alexandre Woog :

Fin d’année 2008, avec seulement 3 000 euros de côté, nous réussissons à convaincre une banque de nous accorder un prêt pour financer notre amorçage, ce qui était déjà une belle réussite car les banques ne prêtent quasiment jamais aux projets web – trop risqués à leur goût- et en plus c’était vraiment la période de crise où les crédits étaient gelés. En janvier 2009, la société e-loue (SARL) est immatriculée, en avril la version bêta lancée et en été le site est en ligne. Depuis, la croissance est très importante. 

En juin 2010, nous avons réussi une première levée de fonds de 500 000 euros avec notamment l’incubateur HEC et des partenaires aussi prestigieux que Didier Pineau-Valencienne et nous avons transformé notre SARL en SAS. Puis en 2014, nous avons mené notre deuxième levée de fonds d’un montant de 2 millions d’euros avec des Business Angels réputés, Business & Décision et V-Venture. Résultat, de deux personnes en 2009, nous sommes passés à 5 en deux ans, puis à 20 aujourd’hui. Je pense que nous aurons encore doublé nos effectifs fin 2015. Nous sommes d’ailleurs toujours à la recherche de talents pour étoffer nos équipes.

Vous surfez donc sur une tendance d’avenir : la consommation collaborative ?

 

Alexandre Woog :

Oui, car depuis quelques années, la consommation collaborative se démocratise chez les Industriels et les grands acteurs de la distribution. Ces nouvelles tendances de consommation collaborative permettent de répondre à de nouveaux usages et de nouveaux modes de consommation, se diversifier en créant de nouveaux services et d’établir et de renforcer une communauté autour de la marque.

E-loue se positionne comme pionner de cette consommation collaborative via sa Market-Place de location adaptée aux particuliers & aux professionnels. Grâce à son modèle, son positionnement innovant et ses nombreux buzz générés, e-loue a pu bénéficier de très nombreux passages dans les médias français. Aujourd’hui, e-loue est une marketplace généraliste qui a fait le choix de développer des marques filles sur chacune des thématiques fortes.

Vous semblez très attaché aux valeurs communautaires ?

 

Alexandre Woog :

Oui, elles sont à la base de mon engagement dans l’entrepreneuriat. Benoît et moi sommes vraiment attachés aux valeurs communautaires et solidaires (entre les loueurs), écologiques (louer évite la consommation) et économiques (la location permet de gagner un complément de revenu, de faire des économies, d’augmenter son pouvoir d’achat). Nous estimons que la location est vraiment devenue un nouveau mode de consommation.

Pourquoi avoir choisi un mode de croissance vertical, avec une marque mère qui se développe avec des marques filles comme autovoisin.fr ?

Alexandre Woog :

Parce que c’est la stratégie la mieux adaptée à notre modèle économique. Comme je vous l’ai expliqué, e-loue est une marketplace généraliste qui a fait le choix de développer des marques filles sur chacune des thématiques fortes. On lance donc régulièrement des verticales avec des sites spécialistes.

Cela a commencé en avril 2013 avec e-loue PRO, la première Marketplace de location généraliste pour les loueurs professionnels. Puis, en novembre 2014, nous avons racheté Sejourning (dont TF1 est actionnaire) qui est le spécialiste de la location saisonnière en France, qui nous a permis notre première campagne TV en décembre. Cela a continué en janvier 2015 avec le lancement, avec le Groupe Go Sport, de Go Sport Location, la première Marketplace de location entre sportifs. Puis en février dernier, nous avons racheté mamanloue.com, la première Marketplace de location de puériculture.

Et voici que nous venons tout juste de lancer en mars 2015, avec l’incubateur du Groupe Entreprendre, autovoisin.fr, qui sera en fin d’année – j’en suis persuadé – la première Marketplace leader de l’autopartage en France.

De plus, 2015 sera également pour nous l’année de l’internationalisation du concept e-loue dans plusieurs pays qui sont déjà très intéressés.

Venons-en à votre actualité justement. Pourquoi vous diversifier avec autovoisin.fr en mars 2015 ?

 

Alexandre Woog :

Parce que l’autopartage connaît un vrai boom depuis quelques années et parce que la voiture est un secteur qui marche déjà très bien sur e-loue.com. Et si nous ambitionnons avec autovoisin.fr de devenir en moins d’un an la première Marketplace d’autopartage en France, c’est parce que nous sommes très différents de nos concurrents qui existent sur le marché. Et ce, pour deux raisons principales. La première, c’est que nous ne nous adressons pas qu’aux particuliers. Autovoisin.fr est le premier site d’autopartage qui vous met en lien d’une part avec les offres des particuliers mais aussi d’autre part avec celles des professionnels de la location automobile.

Notre plateforme propose donc beaucoup plus de choix pour les utilisateurs, et donc pour les loueurs, particuliers et professionnels, beaucoup plus de recettes. Si nos sites marchent aussi bien c’est parce qu’ils rapportent à leurs utilisateurs. La deuxième raison, c’est que nous avons lancé autovoisin.fr avec l’incubateur du Groupe Entreprendre, ce qui nous garantit une très forte présence médias dès notre lancement et tout au long de notre développement.

Mais ce qui nous fait le plus plaisir avant tout, c’est que nous rendons service à des milliers de personnes qui vont gagner de l’argent grâce à nous. Ce qui est sympa dans ce système, c’est que tout le monde est gagnant, les utilisateurs, les loueurs particuliers et professionnels, et notre site qui ambitionne d’être le leader sur son marché dès janvier 2016. Dans une époque où tout le monde fait attention à ses dépenses et a besoin de compléter ses revenus, nous permettons à un nouvel usage de l’automobile de se développer.

Quels conseils aimeriez-vous donner à de jeunes créateurs qui ambitionnent de créer leur start-up en 2015 ?

 

Alexandre Woog :

Qu’il faut croire en soi et en ses idées et les porter jusqu’au bout ! Plus que l’idée de départ, c’est son exécution qui est importante. Il faut savoir évoluer en fonction du marché et sans cesse adapter son produit et ses services. Et même si nous nous sommes lancés avec seulement 3 000 euros en poche au départ, il ne faut surtout pas croire qu’on n’a pas besoin d’argent pour se lancer sur le web.

Car très vite, il faut des moyens pour être bien référencé, se développer et financer sa croissance. Entreprendre est un projet de vie formidable, car on se lève chaque jour avec le plaisir de travailler et d’aller toujours plus loin. Mais tout le monde n’est pas fait pour créer une entreprise. On a en soi ce désir profond ou pas. Mais quand on l’a, c’est plus que du plaisir au quotidien, c’est presque un jeu !

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