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Comment Cyrille Frappé s’est pris de passion pour la Faïencerie de Charolles


Qu’est-ce qui a frappé Cyrille Frappé, sans jeux de mots, jeune industriel de l’emballage carton, pour se piquer au jeu de cette vénérable maison du Charolais ? Une institution qui date de 1844 et qu’il lui faut maintenant redresser !

Entreprendre - Comment Cyrille Frappé s’est pris de passion pour la Faïencerie de Charolles

Qu’est-ce qui a frappé Cyrille Frappé, sans jeux de mots, jeune industriel de l’emballage carton, pour se piquer au jeu de cette vénérable maison du Charolais ? Une institution qui date de 1844 et qu’il lui faut maintenant redresser !

La vieille dame de Charolles peut être rassurée, son nouveau dirigeant connaît la chanson de l’entreprise. Un élément primordial pour cette petite perle qui a connu une liquidation en 1995, deux repreneurs, et un nouveau redressement judiciaire l’an dernier. Autant dire que le défi est de taille pour Cyrille Frappé. Depuis onze ans, celui-ci mène la destinée d’une entreprise d’emballage industriel, TNM Emballage basé à Dagneux, dans l’Ain. Plus précisément, il a racheté l’entreprise à ses deux associés et son père en 2008, 17 salariés y travaillaient. En 2020, suite à des opérations de croissance externe, et au développement des affaires, le groupe rhône-alpin emploie 90 personnes et prévoit d’ouvrir une nouvelle usine.

Son coup de cœur pour l’atelier

C’est en tant que fournisseur que l’entrepreneur apprend à connaître la Faïencerie de Charolles, située en Saône-et-Loire. Ce fut une découverte et un coup de cœur. Cyrille Frappé est tombé amoureux de ce savoir-faire, qui peut s’exercer avec quelques outils, une grande partie des tâches s’effectuant toujours à la main grâce à des artisans. « magnifiques » c’est ainsi qu’il qualifie leurs compétences. L’entreprise est ancienne, connue des amateurs comme des professionnels, avec un style particulier, souvent à base de fleurs, dont l’œillet utilisé dès la naissance de l’atelier de poterie en 1844.

Un redémarrage à partir de zéro

Il a fallu que Cyrille Frappé soit motivé, car les équipements et les locaux étaient en piteux état lors de la reprise effectuée auprès du tribunal de commerce de Chalon-sur-Saône. La première phase de la relance a donc consisté en une complète remise en état, permettant aux 13 salariés actuels de retrouver de bonnes conditions de travail. Une fois ce travail effectué, la faïencerie peut ainsi poursuivre la production de ses belles pièces de décoration, que l’on retrouve chez de grands clients de l’ameublement français. Phase deux de cette reprise, utiliser le savoir-faire de l’entreprise afin de compléter l’offre existante grâce à une nouvelle directrice artistique, Aurélie Richard.

Son imaginaire la conduit vers des pièces plus modernes et design qui viennent enrichir l’offre de la vieille dame de Charolles. Aurélie Richard a créé son studio de design en 2014 et collabore régulièrement à l’élaboration de collections d’entreprises françaises. Revol, Interiors, Grosfillex et d’autres ont eu recours à ses idées, et elle vient de signer les trois premières collections 2020 de la Faïencerie de Charolles : Boréale, Tandem et Alba. Deux autres signatures constituent l’offre 2020 en complément des nouveautés d’Aurélie Richard, celles d’Alain Gilles et de la Manufacture d’Empan.

Des perspectives optimistes

La sagesse populaire le dit : il ne faut point vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Mais dans le cas de la faïencerie de Charolles, les feux semblent au vert. Les collections signées devraient trouver leur public, sans oublier que l’entreprise travaille pour des grands du secteur sous leur marque, tels Roche Bobois, Ligne Roset ou Château d’Ax entre autres. Cyrille Frappé a également modifié l’organisation de son groupe afin de pouvoir consacrer 60% de son temps au sauvetage et à la relance de la faïencerie. Ses objectifs pour 2021 sont de doubler le chiffre d’affaires pour atteindre 1,5 million d’euros et l’année suivante, parvenir à 2,5 millions d’euros.

De nouveaux moyens

Les moyens ont été mis en œuvre, l’outil de travail permet dès à présent d’accueillir quatre postes de travail supplémentaires si les commandes rentrent. Car c’est le commercial qui est aujourd’hui le nerf de la guerre. L’entreprise n’est pas sans moyens : deux commerciaux ont été embauchés et sillonnent les routes françaises, une agence de communication a été engagée, et le fichier client est réactivé. Le chiffre actuel se fait d’ores et déjà pour 15% à l’étranger, une voie qui ne demande qu’à s’exprimer. Là encore, l’objectif est ambitieux, Cyrille Frappé souhaitant faire passer ce pourcentage à 60%. « FdC » repart donc à l’attaque sous l’impulsion de son repreneur en proposant luminaires, petits mobiliers et objets de décoration. La boutique de l’atelier de fabrication permet d’avoir une vitrine de son savoir-faire. Avis aux amateurs qui pourraient se rendre à Charolles, près de Mâcon et Tournus, dans cette belle région bourguignonne.

E.S.

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