Convaincre les investisseurs outre-Atlantique de miser sur une jeune pousse tricolore n’est pas un rêve inaccessible, même s’il n’est pas ouvert à tous et impose de respecter les règles du jeu.
Avec plus de 2000 fonds d’investissement, les États-Unis font figure d’Eldorado pour toutes les start-up mondiales à la recherche de financement. Et, bonne nouvelle, les Américains s’intéressent de plus en plus aux jeunes pousses françaises. « Les fonds américains regardent de plus en plus les start-up françaises, beaucoup moins bien valorisées que les américaines. La baisse de l’euro face au dollar renforce de 15% le pouvoir d’achat des investisseurs venus d’outre-Atlantique », souligne Laurent Halfon, associé chez Deloitte. Conséquence ? Un tiers des sociétés présentes dans le classement Fast 50 ont été approchées, au moins pour une prise de contact.
Le rêve américain
Si les Américains investissent dans les start-up françaises, c’est en raison de la qualité de la formation de nos ingénieurs, aux concepts français et à leur succès mondial qui ont su se faire remarquer aux États-Unis… mais aussi parce que la valorisation de nos jeunes pousses est souvent sous-estimée par leurs investisseurs locaux, notamment BPIFrance. Autrement dit, s’il est relativement facile de trouver des financements en amorçage, franchir l’Atlantique peut être une bonne idée, qu’ont suivi plusieurs pépites françaises.
Ainsi, Blablacar a réuni Insight Venture Partners, Lead Edge Capital et Vostok New Ventures dans un tour de table de 200 M$ en 2015 (177 M€), la plus grosse levée pour une pépite française à ce jour. Pour Frédéric Mazzella, c’est le potentiel de croissance de l’entreprise qui a convaincu les investisseurs : « Je considère que nous sommes encore au début de l’histoire. Nous avons quelque chose d’assez unique, qui est le potentiel du covoiturage à l’échelle mondiale, que nous avons développé dans quelques pays seulement pour l’instant. Désormais, nous entamons une nouvelle étape de construction d’un projet beaucoup plus grand ».
Si Blablacar n’envisage pas de s’implanter aux États-Unis dans un avenir proche, elle prévoit de se développer dans les pays où elle connaît des croissances extrêmement fortes, comme la Russie, et de s’étendre dans de nouveaux pays, au Brésil, en Amérique du Sud et en Asie.
Sortir du lot
Mais ce succès n’est pas un miracle : « Ce tour de table n’est pas une photo, c’est la suite de plusieurs levées de fonds. Pour séduire les investisseurs américains, il faut commencer par trouver un produit qui a un marché, suffisamment liquide pour que de nombreuses personnes l’utilisent. Une fois que l’on possède une 1ère version du produit, que l’on a des utilisateurs, on peut lever de l’argent pour le développement. Au début, ce sera du « love money ». La magie du digital, c’est qu’il ne faut pas des millions pour débuter ».
Pour autant, le chemin n’est pas facile. Les start-up sont nombreuses aux États-Unis et la concurrence est rude. Seuls les projets offrant un véritable potentiel de croissance, avec un marché mondial et une offre réellement originale, peuvent sortir du lot.
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