Bientôt deux siècles d’existence pour cette vieille dame nordiste énergique créée par une femme, Ernestine Frémaux. Spécialisée dans le textile depuis sa création, elle s’est spécialisée dans le linge de maison haut de gamme et a essaimé géographiquement, vendant ses produits dans quelques 70 pays.
L’entreprise s’est développée au fil du temps tout en gardant ses usines en France, dans le Nord, à Nieppe. Cette usine dispose en son sein d’une école de formation de confection afin de transmettre le savoir-faire. Le second site situé dans la Loire est spécialisée dans le tissu-éponge jacquard. Le nouveau siège social est resté dans la région d’origine, à Wasquehal. On ne change pas si facilement une société quasi historique dont la direction et le capital sont restés familiaux. Amaury et Alban Frémaux sont respectivement président et directeur général du groupe, les deux frères représentent la sixième génération.
Le groupe met en avant sa marque phare, Yves Delorme et Yves Delorme Couture, mais aussi ses autres atouts, Bergan (secteur hôtelier), Olivier Desforges, Laurence Tavernier, Christian Fisbacher (Autriche, Allemagne), Iosis et ses nombreuses licences telles que Ralph Lauren, Kenzo, Lacoste ou Boss Home. Membre du Comité Colbert, Entreprise du Patrimoine Vivant, le groupe est devenu international. Yves Delorme est également partenaire officiel de compétitions de polo en France.
DES DRAPS AUX LITS, IL N’Y A QU’UN PAS
Il y a bien entendu une certaine cohérence lorsque l’on fabrique et commercialise déjà draps, housses de couettes et autres taies d’oreillers à se diversifier sur la literie. Quoique… La récente reprise de Maison de la Literie, et ses deux enseignes Univers du Sommeil et Place de Literie par le Groupe Frémaux Delorme a surpris même si l’investissement de départ est modeste, l’entreprise ayant été reprise suite à sa mise en redressement judiciaire en juillet dernier. Les trois quarts des effectifs ont été conservés, la plupart dans le secteur industriel. Le marché de la literie est attrayant, fait preuve de dynamisme, ce qui explique que les candidats à la reprise étaient nombreux.
C’est la holding du groupe, Financière Brabant, qui reprend officiellement cette enseigne. Le plan de reprise s’élève à 10 millions d’euros qui seront réinjectés en priorité dans les deux unités industrielles françaises de Maison de la Literie, spécialistes dans la production de matelas et de sommiers. Amaury Frémaux, dorénavant président de Maison de la Literie, prévoit une augmentation de 50 % de la production tout en retravaillant les produits afin de les rendre plus durables, au sens écologique du terme. Onze boutiques en propre font également partie du package, ainsi que 137 franchises. L’offre y sera évidemment retravaillée pour inclure une partie du linge de maison du groupe.
ORIENTATION HAUT DE GAMME
Frémaux Delorme va rester fidèle à sa politique de marque positionnée sur le luxe et le haut de gamme, seul moyen de garder une vraie place sur le marché mondial du textile. Maison de la Literie va donc poursuivre la commercialisation de sa marque Onéa en entrée de gamme, auprès de Ducal Literie, positionnée plus haut, avec le projet de créer par ailleurs une collection très haut de gamme. Auparavant, le service va également progresser, en particulier les délais de livraison qui seront fortement revus à la baisse avec l’objectif de pouvoir livrer en une semaine.
INDUSTRIEL ET FRANÇAIS
Les frères Frémaux n’ont pas simplement vu les synergies possibles entre les deux gammes, il existe aussi plusieurs points communs entre les deux maisons. Le savoir-faire du groupe Frémaux-Delorme repose autant sur la fabrication française que sur le commerce, comme Maison de la Literie. La qualité made in France est un mantra pour le groupe qui a un objectif précis avec la reprise de Maison de la Literie, celui de créer la référence « de l’art du sommeil et de faire rayonner ce savoir-faire d’excellence en France et à l’international ».
D’autant que le marché de la literie est en plein essor depuis le Covid, les citoyens aiment à se faire plaisir pour un moment de leur vie aussi important que celui de la nuit. Pour le président du groupe, fabriquer en France ne signifie pas simplement produire une qualité, il va même jusqu’à dire une phrase assez insolite dans la bouche d’un entrepreneur français : « Nous voulons être fiers d’être Français, de payer des taxes et des salaires français et de respecter les normes françaises ».
Ceci sous-tend que le choix du premium et du luxe n’est souvent pas une simple option, mais parfois une obligation pour répondre aux conditions requises par le made in France, dont l’image de qualité permet de séduire en France comme au-delà des frontières.
Anne Florin