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Comment les industriels font face à l’incertitude politique

L’incertitude française quant à la formation d’un nouveau gouvernement s’inscrit dans une tendance mondiale : une incertitude politique accrue, entre montées des extrêmes et troubles géopolitiques. Ce contexte, qui pourrait remettre en cause la mondialisation et les chaînes d’approvisionnement, demande aux acteurs industriels de se préparer.

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L’ère de l’angoisse : c’est l’expression choisie par le Financial Times pour désigner la période récente, marquée par une situation économique et géopolitique imprévisible.

« Montée du nationalisme chinois, réindustrialisation des États-Unis, résurgence de l’extrême droite en Europe, élection de dirigeants travaillistes au Mexique et en Grande-Bretagne : autant de facteurs qui amènent les entreprises à repenser leur mode de fonctionnement optimisé pour la mondialisation » égrène le quotidien britannique qui y voit le signe manifeste d’un retour de balancier durable.

L’approvisionnement « Juste-à-temps » remis en cause

Ces facteurs obligent les industriels à s’adapter face à la possibilité d’une économie qui se « démondialise », et à rechercher davantage d’efficacité, de transparence et de prévisibilité pour réduire leur exposition au risque.

Première stratégie : repenser la géographie de ses sites de production pour se prémunir contre l’adoption de mesures protectionnistes ou les perturbations logistiques.

Depuis 2020, un événement a servi de déclencheur : la pénurie de semi-conducteurs qui a frappé plusieurs secteurs dont l’automobile et la santé, poussant l’Europe et les Etats-Unis à chercher à rapatrier leurs industries stratégiques. Cette pénurie a mis en lumière la dépendance vis-à-vis de la Chine et la vulnérabilité du « juste-à-temps » face aux tensions internationales internationaux.

L’Europe face à l’impératif de relocaliser les secteurs stratégiques

Adopté en septembre dernier, le European Chips Act vise ainsi à redoter l’Union Européenne d’une filière de production de pointe, structurée autour de “méga-usines” de semi-conducteurs et abondée de 43 milliards d’investissements.

Mais le succès de telles initiatives dépend de la capacité à construire ces nouveaux sites rapidement. Pour cela, les industriels misent sur des méthodologies en plein essor, telles que le BIM ou l’Advanced Work Packaging, qui permettent d’accélérer la conception des sites et d’accroître la part d’automatisation.

Le groupe irlandais Mercury, qui compte parmi les principaux acteurs de la conception d’usines de semi-conducteurs, mise ainsi désormais sur un processus de conception hautement automatisé qui lui a permis d’éliminer jusqu’à 65% des heures consacrées à la conception. Cette automatisation vise aussi à réduire les risques liés aux pénuries et coûts de main d’œuvre.

Des chaînes d’approvisionnement plus transparentes et adaptables

Autre impératif : acquérir davantage de visibilité sur les chaînes d’approvisionnement pour disposer d’une visibilité en temps réel et éviter les mauvaises surprises.

Ces dernières années, plusieurs épisodes sont en effet venus fragiliser l’idée d’une économie fonctionnant à flux tendus d’un continent à l’autre. Les paralysies répétées du canal de Suez ont fait grimper les coûts du transport, tandis que les incertitudes d’approvisionnement ont rendu le coûts des matières premières très volatils face à une demande mondiale élevée. 

Les secteurs les plus touchés partagent deux points communs : dépendance vis-à-vis de chaînes d’approvisionnement mondialisées et coûts induits élevés en cas de retard ou de blocages.

C’est par exemple le cas de la construction, où tout retard d’approvisionnement peut entraîner des pénalités financières tout en continuant à payer la main d’œuvre qui attend la livraison des matériaux dont ils ont besoin. Selon une étude d’Hexagon pour Jovix, ce temps d’attente représente 15% des coûts de main d’œuvre d’un chantier, soit plusieurs dizaines de millions d’Euros sur un grand projet.

D’où la mobilisation d’une batterie de technologies pour y voir plus clair dans les chaînes d’approvisionnement : Internet des Objets, puces RFID et codes-barres, mais aussi algorithmes d’intelligence artificielle pour réduire le gaspillage et les délais de livraison.

Cet arsenal technologique répond à deux impératifs : être informé rapidement de tout blocage de la chaîne d’approvisionnement et disposer de solutions rapides – et, idéalement, « intelligentes » –  pour s’adapter au plus vite. Dans un contexte politique et international perturbé, les conséquences financières peuvent en effet être significatives.

Mateja Matko
Consultante spécialiste du secteur industriel chez Hexagon


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