Je m'abonne

Comment mieux promouvoir la prééminence de la culture française ?


La chronique économique hebdomadaire de Bernard CHAUSSEGROS La question est-elle uniquement contenue dans cette affirmation : faudrait-il désormais rattacher la culture de l’image au ministère du Numérique plutôt qu’au seul ministère de la Culture ? Sans doute pas seulement ! Outre que la notion de culture est une notion plus vaste que celle...

Entreprendre - Comment mieux promouvoir la prééminence de la culture française ?

La chronique économique hebdomadaire de Bernard CHAUSSEGROS

La question est-elle uniquement contenue dans cette affirmation : faudrait-il désormais rattacher la culture de l’image au ministère du Numérique plutôt qu’au seul ministère de la Culture ? Sans doute pas seulement ! Outre que la notion de culture est une notion plus vaste que celle de la simple « image » qui semble pourtant vouloir mener le monde d’aujourd’hui, le problème ma paraît plus large car il touche avant tout à la question de la défense de la Nation.

Il faut donc pouvoir l’envisager sur plusieurs niveaux. Des réponses différentes sont nécessaires, la prise de conscience de l’importance de la proactivité économique, l’affirmation de la prééminence politique de la France, mais aussi, comme nous l’avons déjà dit, le soutien et le développement de l’espace culturel français par la mise en oeuvre essentielle de la Francophonie.

Avec plus de 300 millions de locuteurs, le français est la 5ème langue mondiale. En Europe, outre la France métropolitaine, des communautés francophones sont présentes en Belgique, en Suisse et en Italie, mais aussi en Andorre. Le français y est même parfois reconnu comme seule langue officielle dans les relations administratives avec les citoyens. Qui plus est, même si c’est parfois après l’anglais, le français est enseigné en tant que première langue vivante chez nos plus proches voisins.

Mais il est vrai que plus de 50 % des Francophones vivent hors des limites du continent européen, que ce soit dans les départements, les régions et les territoires ultramarins français, mais aussi au Canada qui est la cinquième plus grande communauté francophone extérieure à l’Europe avec 9 millions de locuteurs. A ces pays se rajoutent de nombreux autres, essentiellement parmi les anciennes colonies françaises d’Afrique ou d’Asie.

Le déclin de la diplomatie historique

Plus que d’autres langues, le français a été, durant des siècles, un lien essentiel pour le développement des relations internationales. Ne disait-on pas que le français était la langue de la diplomatie. Historiquement, le français avait progressivement remplacé le latin dans la rédaction des traités. En 1714, la guerre de succession d’Espagne a pris fin par la signature en français du traité de Rastatt, et qui marquait la reconnaissance du rayonnement culturel de la langue française. Comme on le sait, on parlait le français dans toutes les cours d’Europe, et dans toutes les chancelleries au moins jusqu’à la seconde guerre mondiale. Au XIXème siècle, le chancelier autrichien Metternich qualifiait le français de lingua franca pour la diplomatie et au XXème siècle, le diplomate britannique Nicholson faisait l’éloge du caractère logique et de la « précision géométrique » de la langue française. A l’opposé, on peut affirmer que la langue anglaise, beaucoup moins précise, ouvre la porte à toutes les interprétations.

Le déclin du français comme langue diplomatique est venu progressivement, dès la fin de la première guerre mondiale, mais surtout après la seconde, du fait de l’emprise anglo-américaine sur l’économie de reconstruction de l’Europe et de l’opposition Est/Ouest. Le français demeure une des langues officielles à l’ONU, mais il perd du terrain.

La constitution de l’Europe pouvait redonner une vraie place à la langue et à la culture française. La Communauté économique européenne (CEE) est née par la signature du traité de Rome, le 25 mars 1957 entre les six pays qui en sont de facto les pères fondateurs, l’Allemagne, la Belgique, la France, l’Italie, le Luxembourg et les Pays-Bas, pays qui adopteront d’ailleurs également le traité Euratom créant la Communauté européenne de l’énergie atomique.

Un « rêve » européen décevant et anglicisé

Comme chacun sait la CEE a servi de base première à la création des actuelles institutions de l’Union européenne. Il allait de soi, pour des raisons liées à l’histoire récente, éviter un nouveau Reich, que l’Allemagne ne pouvait pas devenir l’animateur de cette nouvelle entité que d’aucuns voyaient déjà comme une fédération de nations indépendantes dont le nombre ne pouvait qu’évoluer. La France, plus que l’Italie ou le Benelux, d’ailleurs en partie francophone, devait voir sa langue promue en tant que langue officielle de la Communauté.

Durant la 2ème moitié du XXème siècle, pour des raisons souvent affichées fallacieusement comme humanistes, mais essentiellement fondées sur les intérêts commerciaux et financiers, l’UE est devenue une association de nations disparates portées par l’appât des marchés, des gains et des profits. Qui plus est, il a été difficile, voire impossible, de définir des enjeux communs structurants pour tirer l’Europe vers le haut. Et ce sont donc des textes sans envergure, des politiques simplistes et des mesures a minima qui ont fait l’Europe d’aujourd’hui, loin de la Fédération rêvée par des Schumann ou des Delors. Où est donc la politique étrangère de l’Europe ? Où en est-on de la définition d’une politique de défense européenne ? Qu’en est-il de l’harmonisation du coût du travail ou de la fiscalité au sein de l’UE ?

Ne reste qu’une association artificielle de pays aux niveaux et aux besoins disparates qui se livrent, au détriment des pays fondateurs, une concurrence inacceptable sur les différents marchés en abusant des avantages liés à des coûts sociaux moindres et à une fiscalité des entreprises déséquilibrée. Il y a trop de différence entre les pays fondateurs de la CEE et les pays les plus récemment intégrés à l’UE.

C’est ainsi que, parmi les plus membres récents, on observe de réelles disparités : des histoires et des cultures aux niveaux inégaux, des systèmes politiques peu compatibles, des organisations administratives qui ne peuvent pas communiquer, des relations à la valeur travail inadaptées, des systèmes fiscaux disparates et surtout des intérêts divergents. La première des incohérences réside dans la difficulté de communication linguistique. Il fallait trouver une langue commune à adopter, et le choix s’est porté naturellement sur l’anglais, et ce pour trois raisons principales.

La première, c’est que, dans l’ensemble des pays de l’UE, l’enseignement de l’anglais est choisi comme première langue étrangère par les lycéens européens. 97 % des élèves du secondaire apprennent l’anglais au collège et lycée.

La seconde raison est que le français est une langue trop précise, ce qui fait qu’elle est plus difficile à appréhender, et donc souvent rejetée au profit de l’anglais qui est une langue plus adaptable.

La troisième raison tient à l’incommensurable investissement économique entrepris par les anglo-américains (essentiellement les USA) dans l’après-guerre, qui a contribué à faire déferler sur le continent européen toute une sous-culture anglo-saxonne qui a donné naissance à la société de consommation mondialisée dont on aimerait aujourd’hui se défaire quelque peu.

Parallèlement, la langue, dans ses formes les plus simples s’est répandue partout en Europe (comme partout dans le monde) par l’intermédiation des objets culturels de la grande distribution ludique (cinéma et musique) ou alimentaire (boissons sucrées et fast-food). Dès les années soixante, on parlait déjà « franglais » dans les cours des collèges. Snobisme et markéting ont fait le reste.

C’est ainsi que pour des raisons parfois justifiées, mais souvent discutables, l’Europe est devenue ce que l’on connaît aujourd’hui, une Union essentiellement économique, constituée de 27 membres. Passée en 2013 à 28 membres avec l’entrée de la Croatie, elle est à nouveau composée de 27 pays à la suite du référendum britannique de 2016, qui a vu le Royaume-Uni sortir officiellement de l’UE en 2020 à la suite d’une procédure longue et passablement ridicule de négociations, connue sous le sobriquet de « Brexit ».

Les institutions européennes disposent de 24 langues officielles. Trois d’entre elles sont considérées comme des langues de travail, le français, l’anglais et l’allemand, mais elles sont parfois utilisées de manière indifférenciée comme c’est le cas pour le Conseil européen ou pour la Commission européenne. En revanche, l’anglais est la seule langue utilisée par la Banque Centrale Européenne (BCE), comme le français l’est par la Cour des comptes européenne.

En dehors de ces cas, il est clairement établi, tout le monde le sait, que les documents finaux sont rédigés dans l’ensemble des 24 langues officielles. Mais ce que l’on sait moins, c’est que les innombrables documents de travail qui sont transmis aux députés européens ou aux fonctionnaires chargés de la mise en œuvre administrative, le sont exclusivement en anglais, ce qui rend souvent impossible, et à tout le moins illusoire, le travail de ces derniers. 70 % des documents du Conseil, du Parlement et de la Commission sont produits uniquement en anglais. Et pour couronner le tout, il faut savoir que tous les documents édités par l’Union sont d’abord disponibles en anglais, avant seulement de l’être en allemand et français.

On ne peut que s’étonner de constater que les effets du Brexit n’ont pas induit pour autant la disparition de l’anglais en tant que langue officielle de l’Union, même si, désormais, seuls deux autres petits pays, l’Irlande et Malte, l’ont comme seconde langue officielle aux côtés respectivement de l’irlandais et du maltais.

Il paraitrait donc opportun que la France, qui vient de prendre la présidence de l’UE pour les six prochains mois, revendique pour une fois clairement par la voix de son président de la République, que l’anglais soit remplacé par le français pour devenir la langue officielle de l’Union européenne. C’est une question de cohérence. Cela doit même être un objectif essentiel pour la défense de la culture française. C’est enfin une nécessité vitale pour la défense de l’avenir de l’UE !

La langue anglaise peut, en effet, être vue comme une sorte de « cheval de Troie » destiné à détruire l’Europe. Les USA, encore plus que les britanniques, y ont intérêt. D’autres encore de l’autre côté du globe, comme la Chine qui ne le cache pas ! Plus on affaiblit l’Union européenne en minant les relations entre pays membres, plus on peut transformer ces derniers des esclaves, et comme on se trouve dans un monde de concurrence économique, en faire des « succursales », voire de petits agents économiques rabaissés au rang de simples consommateurs.

L’appauvrissement progressif des échanges par l’appauvrissement de la langue

Il ne s’agit pas de nier l’existence d’une réelle culture britannique, l’histoire du Royaume Uni est d’ailleurs riche de ses origines Normandes et Françaises. Tant par sa littérature que par ses apports dans toutes les formes artistiques, les différents pays qui composent le Royaume Uni ont largement contribué à la culture européenne et mondiale. L’idée même de la démocratie, ce contrat social souvent évoqué est né des travaux de philosophes de la pensée politique comme Locke et Hobbes.

Mais lorsqu’on évoque l’idée de remplacer l’anglais par le français comme langue porteuse de culture et de valeurs, on s’aperçoit que la situation est encore bien pire. Car en fait, dans l’ensemble de ces pays, la pratique de l’anglais est devenue en réalité la pratique du Globish, cet anglais simplifié qui tient d’un peu toutes les langues des 24, et qui s’en remet à des prononciations et des pratiques grammaticales approximatives. Nouveau nivellement par le bas de toute culture. Il y a vraiment lieu de se demander si, dans les couloirs feutrés du Parlement Européen, dans les bureaux discrets de la Commission européenne, le globish n’est-il appelé à remplacer progressivement l’anglais ?

Je parle là et j’affirme le propos, il s’agit bien d’un nivellement par le bas ! Le Globish est une forme d’anglais simplifié qui est composé d’environ 1.500 mots et applique une grammaire minimaliste. Il s’agit simplement d’une « novlangue » destinée à tous ces étrangers qui se croisent dans les enceintes européennes et qui ont besoin d’échanger de façon utilitaire et pragmatique, donc simpliste. Les partisans de ce Globish le verraient bien remplacer l’anglais et surtout éviter le retour du français comme lingua franca ! Ils y voient à coup sûr un moyen extraordinaire de gagner beaucoup de temps et d’argent en focalisant les conversations sur les contenus business essentiels.

Il existe d’ailleurs un anglais technique simplifié (Simplified Technical English ou STE) qui est une langue normalisée, dérivée du langage simplifié mis au point, en 1980, par l’Association européenne des constructeurs de matériel aérospatial ou AECMA pour les besoins documentaires de cette industrie. Le STE est d’ailleurs maintenant utilisé par d’autres industries pour la présentation de leurs documentations techniques. Ce STE, comme le Globish, dispose d’un petit lexique limité à des termes agréés.

Ces différents exemples, en lien avec le développement des institutions européennes supranationales montrent combien une idée pacifique née sur les ruines des pays européens, sur les cadavres de millions de morts des deux guerres mondiales dont, pour beaucoup, des victimes de crimes contre l’humanité, peut déboucher sur des résultats à la fois limités, révélateurs et inquiétants.

Ils sont surtout le signe que la France, plus que toute autre culture et que toute autre nation, est, pour certains, un objectif à détruire, une culture à réduire à néant. Parce qu’elle est porteuse de valeurs aussi indispensables que la tolérance et le respect d’autrui ! Ces valeurs, pour certains, sont parfaitement intolérables. La France, cette belle Nation, doit affirmer son identité !

Pour qui connait l’histoire de l’Europe et des pays qui la composent, on ne retrouve pas en Allemagne, en Italie ou en Espagne et même en Grande Bretagne, une telle volonté de transformation fondamentale des valeurs fondamentales dune nation.

On parle souvent de l’exception culturelle française et de sa défense. Comme si la culture française était une exception ! Elle est le fruit de deux millénaires d’histoire et dévolutions, il n’y a pas lieu de la défendre comme un simple objet commercial en se référant à la protection d’un simple marché de la culture, même si cela a été fait depuis les débuts de la 5ème République.

Dans la réalité, la question est surtout de savoir comment la France peut réellement et efficacement conserver sa culture, ses traditions et ses coutumes, en résumé, son mode de vivre, c’est-à-dire tout ce qui en effet constitutif de la Nation qu’elle est ?

La réponse impose une réponse politique claire et absente de toutes les ambigüités habituelles, et elle tient en trois axes, le combat économique, relayé par une coopération entre le public et le privé, l’affirmation de principes moraux républicains intangibles comme la laïcité et la tolérance mutuelle, et pour le rayonnement international, le développement de la Francophonie.

La nécessité d’une volonté politique affirmée

La France a été dès 1958, l’un des premiers pays au monde à se doter d’un ministère de la culture. Sa création traduisait la volonté légitime du Général de Gaulle de protéger et de valoriser son exceptionnel patrimoine, mais aussi de continuer à entretenir la spécificité d’une sensibilité française capable de rayonner dans le monde. Si le ministère de la Culture s’est révélé, dès la nomination d’André Malraux, être un levier efficace de défense de la culture française, il souffre, près de 70 ans plus tard, d’un défaut de plus en plus préoccupant, la technostructure, elle que nous l’avons déjà évoqué dans ces pages. Ce Ministère rencontre de grandes difficultés à articuler la culture, les évolutions de la technologie et les logiques économiques. Les œuvres culturelles associées à l’image (films, séries, émissions diverses) pâtissent en particulier d’être confondues avec les autres modes d’expression culturelle. L’image appelle un traitement spécifique. L’économie de l’image « à la française » appelle une réaffirmation de la prééminence de notre langue par rapport au monde anglo-saxon, comme nous venons de l’exposer.

La plupart des œuvres culturelles souffrent d’une incapacité à exister dans un contexte de marché libre. L’existence d’externalités importantes (la valeur collective créée par les œuvres n’est pas suffisamment bien prise en compte par le marché) justifie l’intervention proactive de l’État, dans le cadre de participations public/privé. C’est par exemple par ce moyen qu’il deviendra possible, grâce aux recettes tirées de la contribution obligatoire qu’est l’impôt, de financer les beaux-arts, la musique, la littérature ou les musées. Il faut savoir que qu’aucune représentation ne pourrait avoir lieu à l’Opéra si le financement des productions n’était fondé que sur les seules ventes de billets.

Il convient de le dire. La division jacobine en ministères et directions indépendantes ne contribuent pas à l’efficacité des politiques, qu’elles soient d’ailleurs culturelles ou agricoles… C’est ainsi que le rattachement de l’audiovisuel à la compétence exclusive du Ministère de la culture pose problème, car au-delà de l’aspect artistique « intellectuel » de la production culturelle, on parle ici aussi (et surtout selon certains) d’une activité industrielle qui rencontre des contraintes et dispose d’opportunités spécifiques.

L’importance considérable des coûts de production, la dépendance technologique et son inscription dans un marché mondial font du secteur de l’image un domaine à part, dont on peut regretter qu’il soit aujourd’hui « maltraité » dans la mesure où il est trop aisément confondu avec d’autres secteurs culturels dont les écosystèmes sont tout autres. On peut aisément comprendre que cette confusion et une vision trop administrative du sujet sont les principales raisons du grave retard que connait la France en matière d’exportation de produits culturels. Il en est d’autres, évoqués supra, qui tiennent au positionnement défaillant de la France dans son combat linguistique face à l’anglais.

Nous devons assumer le caractère économique de l’industrie de l’image et la traiter comme un secteur marchand. L’image n’est plus un produit d’exception, elle devenue un produit de consommation courante dont la demande a considérablement explosé. Son poids économique est considérable et ne cesse de s’étendre.

Près d’un million d’emplois dépendent en France du secteur de la communication, pris au sens large, ce qui inclue notamment la téléphonie et l’audiovisuel.

Près de 60 % des bacheliers envisagent leur avenir dans cette branche. Pour parvenir à exporter, les producteurs devront atteindre une taille critique, faute de quoi ils disparaitront ou seront à brève échéance rachetés par des acteurs étrangers.

Une solution : la France doit favoriser l’émergence de deux ou trois champions nationaux de l’industrie de l’image capables de s’opposer aux redoutables majors américaines. La France dispose des talents, les formations dans ces métiers sont les plus talentueuses du monde.

Reste à les conserver dans des licornes françaises. Faute de disposer au sein des pouvoirs publics d’une structuration administrative adéquate et d’avoir une vision économique volontariste, rien ne pourra se faire ! Des incitations spécifiques aux efforts de R&D devront être définies par les autorités pour faire de la France un hub mondial de l’innovation dans les métiers de l’image. Parallèlement, les règlementations et la fiscalité devront être adaptées pour favoriser la flexibilité des entreprises de l’image et pour attirer les investissements étrangers.

Si le marché francophone est immense, il reste aujourd’hui mal exploité. Comme on l’a évoqué précédemment, il convient que la France dispose d’une réelle volonté politique !

Le soutien nécessaire de la Francophonie

La francophonie regroupe des territoires proches de la métropole et des territoires plus lointains aux antipodes de l’hexagone. Les États francophones et ceux qui avaient le français comme langue officielle ont signé à Hanoï une Charte de la Francophonie en 1997, révisée en 2005 à Antananarivo, la France étant, cela va de soi, le premier État francophone en nombre de locuteurs (66 millions).

La Francophonie s’exprime notamment par la voix de l’Agence internationale de la Francophonie, créée en 1970, devenue en 2005 l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) et dont le siège se trouve à Paris. Cette organisation, assez unique de par le monde, en dehors peut-être du Commonwealth qui a des objectifs plus politiques.

D’après ses statuts, l’OIF a quatre missions principales : « Promouvoir la langue française et la diversité culturelle et linguistique ; promouvoir la paix, la démocratie et les droits de l’Homme ; appuyer l’éducation, la formation, l’enseignement supérieur et la recherche ; développer la coopération au service du développement durable ». Le constat est édifiant : un large spectre d’actions s’offre à la Francophonie !

L’OIF dispose de 4 représentations diplomatiques permanentes : à Addis-Abeba, à Bruxelles, à New York et à Genève, ainsi que de relais régionaux en Afrique, en Asie, dans les Caraïbes, en Europe centrale, et à Madagascar.

Mais la Francophonie développe particulièrement son influence via le maillage de la fondation « Alliance française ». Ce réseau a été mis en place pour assurer la promotion de l’enseignement du français et de la culture française. Présente dans 132 pays, elle compte près d’un millier d’établissements qui regroupe des milliers d’enseignants spécialisés qui forment près d’un demi-million d’étudiants.

On peut mettre à part le réseau chinois, mais en pointant avec inquiétude son attitude hégémoniste, ce que ne cache pas d’ailleurs son représentant diplomatique en France dans des déclarations récentes. Depuis 2004, la Chine est parvenue en 15 ans à implanter plus de 500 Instituts Confucius dans 154 pays et forme près de 3 millions d’étudiants !

Sur un constat strictement européen, l’Alliance Française est assurément l’institution linguistique et culturelle la plus ancienne et celle qui est le plus en pointe à l’échelle mondiale. Créée en 1883, elle couvre 132 pays et forme environ un demi-million d’étudiants. Le British Council date de 1934. Présent dans 107 pays, il forme environ 400.000 étudiants. L’Institut Goethe (1951) pour l’Allemagne est présent dans 98 pays et forme moins de 300.000 étudiants et l’Institut Cervantès, plus récent (1991) forme moins de 200.000 étudiants dans moins de 100 pays.

Il est donc assez cohérent, compte tenu de notre centralisme jacobin et de son héritage colonialiste, que les institutions nationales jouent un rôle prédominant dans l’animation de la sphère francophone. Mais notre pays occupe également une place importante dans les organisations liées à la Francophonie. Elle est, par exemple, à l’initiative des Sommets de la Francophonie, qui se réunissent sous un mode de périodicité bisannuelle, par le biais duquel la France diffuse subtilement son influence face à la concurrence de l’anglais, et plus récemment du mandarin.

C’est ainsi que notre pays cherche à orienter le développement de la culture française au sein de l’univers francophone, et proche, si possible, en misant sur les opportunités offertes par cette communauté linguistique à vocation internationale en termes de croissance économique. Le gouvernement français a d’ailleurs pu officiellement expliquer en 2017 que « l’ensemble des pays francophones et francophiles représente 16 % du PIB mondial, avec un taux de croissance moyen de 7 %, et près de 14 % des réserves mondiales de ressources minières et énergétiques, alors que les francophones ne représentent encore que 4 % de la population mondiale ».

Avec près de 500 millions de locuteurs français répartis dans le monde, on doit saisir l’occasion de développer et de soutenir enfin efficacement l’influence et la prééminence du français dans le monde, notamment en s’appuyant sur l’économie de l’image et sur la Francophonie.

Une vidéo-conférence se tiendra dans quelques jours sur le thème des relations commerciales entre l’Union européenne et l’Afrique. Cette rencontre internationale portera sur la refonte des partenariats entre les deux continents. Le président Macron a d’ores et déjà évoqué, dans une récente intervention, plusieurs sujets qui augurent de la nature des relations entre l’Afrique et l’Europe sous la présidence française de l’Union européenne. C’est ainsi qu’il a annoncé la tenue, à Bruxelles, les 17 et 18 février 2022, d’un sommet entre l’Union africaine et l’Union européenne. Ce sommet aurait pour objectif de « refonder en profondeur la relation un peu fatiguée entre les deux continents ».

Le chef de l’État français a évoqué la nécessité de « refonder un New Deal économique et financier avec l’Afrique, pour aller au bout de cette solidarité à l’égard des Africains ». Il a également annoncé que pour les années 2020 à 2025, qu’un budget prévisionnel de 300 milliards d’euros avait été prévu pour couvrir les besoins de financement des économies africaines éprouvées par la crise de la Covid-19.

Focus sur la création d’un Ministère de la Francophonie

Pour conclure sur les différents points évoqués dans notre article, ne serait-il pas opportun d’envisager enfin la création d’un véritable Ministère chargé de la Francophonie, un simple Secrétariat d’État ne semblant pas être une réponse suffisamment valorisante ! Alors que la France se débat souvent dans les inerties de la technostructure, avec la création tous azimuts de comités « Théodule » et de commissions ad hoc, dont les travaux se perdent de façon récurrente sous les plafonds dorés des Ministères, il serait enfin intelligent d’affirmer une volonté et de promouvoir des actions dans le « réel » en rassemblant les énergies du public et du privé, et ce au bénéfice conjoint de la Francophonie et de l’industrie de la Culture.

Pour animer un projet à la hauteur de telles ambitions, qui mieux qu’un député de la République engagé dans la Francophonie et spécialiste des médias, Bruno Fuchs, élu en juin 2017 dans la 6ème circonscription du Haut-Rhin ?

Originaire de Colmar et diplômé de l’Institut supérieur de gestion (ISG) de la Sorbonne, il est un ancien journaliste de télévision. Parmi ses multiples expériences, on peut noter qu’il a été correspondant à Bruxelles pour les questions européennes, pour le compte d’une chaîne nationale dont il sera également présentateur et rédacteur en chef du Journal de la nuit.

Chef d’entreprise, Bruno Fuchs a racheté en 2008 l’agence de communication « Image et stratégie ». En 2014, il fonde le think tank « L’Observatoire du long terme » qui est centré sur l’analyse d’enjeux politiques et économiques à long terme.

En Alsace, il a été remarqué pour sa lutte pour le déstockage des déchets toxiques sous la nappe phréatique d’Alsace et est l’auteur d’un rapport parlementaire sur le site de stockage souterrain de déchets StocaMine.

De par ses activités de député, il siège à plusieurs reprises à la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, ainsi qu’à la commission des affaires culturelles.

On connait son implication sur les sujets liés à la francophonie, notamment en devenant président délégué de la section française de l’Assemblée parlementaire de la francophonie (APF) et en présidant du groupe d’amitié « France-Guinée Équatoriale ». Il plaide ardemment pour une francophonie du multilatéralisme supervisée par l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) et estime que cette organisation doit jouer un rôle politique majeur.

Outre des engagements sur les projets en rapport avec la bioéthique, on peut relever qu’en 2019, il a corédigé un rapport parlementaire portant 31 recommandations pour promouvoir le français et le multilinguisme dans les institutions européennes.

Bernard Chaussegros

À voir aussi