Constituant un réseau de savoir-faire artisanaux au service du «fabriqué en France», les EPV (Entreprise du Patrimoine Vivant) font rayonner la France à l’international.
Le point commun entre Hermès, Chanel, Christofle, Baccarat, Chaumet, Lenôtre… ? Comme 1.276 entreprises, ces prestigieuses maisons sont labellisées Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV).
Créée en 2005, cette marque de reconnaissance de l’État attribuée pour 5 ans distingue des entreprises françaises aux savoir-faire artisanaux et industriels d’excellence.
Ces maisons labellisées se caractérisent par une histoire et un patrimoine parfois séculaires, des capacités d’innovation et des savoir-faire rares qui ont contribué à asseoir leur notoriété dans le tissu entrepreneurial français. Les EPV couvrent 7 univers, notamment la décoration, les arts de la table, la mode, la gastronomie…
«Les métiers d’art constituent un secteur énergique, avec un grand nombre de très petites entreprises, environ 38.000, à très forte valeur ajoutée. Ils contribuent fortement au rayonnement de la France à l’étranger, depuis la rénovation de notre patrimoine historique, qui attire toujours plus de touristes, jusqu’au secteur de luxe et de la mode, l’un de nos principaux atouts à l’exportation», déclarait Manuel Valls lors de l’inauguration du Salon des métiers d’art et de la création qui s’est tenue du 10 au 13 septembre 2015 au Grand Palais à Paris.
Distinguer l’excellence
De la porcelaine de Limoges, au cristal soufflé à la bouche en passant par la coutellerie ou le cuir, «la maroquinerie affiche un solde positif de 2 Mds€», rappelait à juste titre le Premier ministre, le label EPV constitue un réseau d’excellence au service du «fabriqué en France».
Toutes les entreprises exerçant une activité de production, de transformation, de réparation ou de restauration sont éligibles, à condition qu’elles réunissent plusieurs conditions :
– détenir un patrimoine économique spécifique,
qui peut être constitué d’équipements ou de documentations techniques rares. Il peut comprendre également les droits de propriété intellectuelle de l’entreprise ou se traduire par un réseau de clientèle spécifique et par des marchés remarquables ;
– détenir un savoir-faire rare,
notoire et indiscutable, exclusif ou partagé avec un nombre très limité d’entreprises. Il peut s’agir d’un savoir-faire non accessible par les voies de formation normales et dispensé par l’entreprise elle-même, ou par la présence au sein de l’entreprise de salariés détenant un savoir-faire exigeant une formation très longue, d’employés difficiles à recruter ou à former ;
– être renommées pour la dimension culturelle
de leurs prestations ou de leur localisation. Leur notoriété peut provenir également de leur contribution à l’évolution technologique de leur activité et au maintien du métier en France.
La procédure d’attribution du label EPV est menée par des experts
L’appréciation et l’interprétation de ces critères d’obtention sont confiées à une Commission nationale indépendante constituée de professionnels qui œuvrent en faveur des pratiques garantissant l’excellence au sein de leur propre activité.
L’Institut supérieur des métiers (ISM) est en charge d’assurer le secrétariat de cette Commission nationale et de l’instruction des demandes d’attribution du label. Examen du dossier de candidature par l’ISM, demande d’avis aux services de l’État en région et aux établissements consulaires compétents, rédaction d’un rapport d’instruction, visites in situ par des experts, examen par la Commission nationale et décision finale des ministres, le processus de sélection des EPV est une garantie de leur excellence.
«Une référence pour les consommateurs, clients et prescripteurs recherchant des entreprises aux savoir-faire d’exception», insiste l’Association nationale des EPV. Fondeur de cloches ou couturière d’une maison renommée, facteur d’orgues, mécanicien de précision ou traiteur, les professionnels de ces entreprises se doivent de transmettre leurs savoir-faire.
Quels avantages pour les entreprises ?
Les avantages pour les entreprises labellisées portent sur la reconnaissance, la fiscalité, la communication et le développement commercial. Les EPV disposent ainsi d’un crédit d’impôt de 15% des dépenses de création et d’un crédit d’impôt apprentissage de 2.200 € par apprenti et par an.
Le label leur permet également d’être présentes sur des salons emblématiques. Le pavillon français de l’Exposition universelle de Milan, qui s’est terminée le 31 octobre dernier, a accordé une place de choix à une vingtaine d’EPV, notamment le porcelainier Haviland, le cristallier Daum, la coutellerie Claude Dozorme, le tailleur de pierres Gomet Granit, le fabricant de pain d’épices Mulot & Petitjean, le cognac Frapin…
Sous certaines conditions, elles peuvent également obtenir une aide au financement par la SIAGI et Bpifrance, et des appuis individualisés en lien avec les organismes consulaires et professionnels. Enfin, le label fournit des outils de communication pour mettre en valeur leurs différences.
«Ce signe de qualité, c’est aux entreprises qui en bénéficient de s’en saisir», affirme Martin Pietri, cofondateur d’EMBLEM qui vient de racheter la maison Taillardat, même si l’implication de l’État a décru au rythme des économies budgétaires des différents gouvernements.
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