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Comment Pataugas veut se relancer


C’est une marque mythique. La chaussure de marche Pataugas a eu 70 ans l’an dernier. Star des années 60, 70 et 80, elle a failli disparaître. Son nouveau propriétaire depuis 2017, le groupe Hopps a bien l’intention de la faire avancer à grands pas !

Entreprendre - Comment Pataugas veut se relancer

C’est une marque mythique. La chaussure de marche Pataugas a eu 70 ans l’an dernier. Star des années 60, 70 et 80, elle a failli disparaître. Son nouveau propriétaire depuis 2017, le groupe Hopps, a bien l’intention de la faire avancer à grands pas.

A partir du pays basque, l’industriel René Elissabide créa une chaussure toilée dont la semelle avait une particularité : crantée, particulièrement épaisse, en caoutchouc, capable de patauger dans la neige et les flaques, la Pataugas n’attendait plus que son public. Succès immense auprès des randonneurs, pêcheurs, chasseurs, et militaires notamment en Algérie, pour cette chaussure on ne peut plus robuste qui verra ensuite arriver un autre grand succès de la gamme, la botte Texas.

L’entrepreneur aux 60 brevets

On l’aura oublié aujourd’hui, mais René Elissabide aurait pu faire l’objet d’un article d’Entreprendre si le magazine avait existé à l’époque. Ce Géo Trouvetou génial cumulait réussites et faillites. Il a déposé plus de 60 brevets tout en participant à la vie politique de sa région et en attirant de vraies stars dans sa ville, de Luis Mariano à Charlie Chaplin, en passant par l’actrice américaine Ginger Rogers. Il fit même sa pub originale : trois ouvriers de son usine partirent pour des raids à travers l’Europe suivis de caravanes publicitaires. Etcheverry, Etchegoyen et Etchebarne marchaient, cela ne s’invente pas.

30 ans de Vivarte avant Hopps

De 1987 à 2017, avec le grand groupe Vivarte, la marque passe dans un autre monde. Le groupe André à l’époque va faire entrer la chaussure dans la mondialisation en délocalisant la production, entraînant la fermeture de l’usine d’origine de Mauléon-Soule. Son nouveau propriétaire depuis 2017, Hopps group, est français contrairement à ce que son nom indique. Eric Paumier, Frédéric Pons et Guillaume Salabert (notre photo) sont à la tête d’un opérateur postal, Colis Privé, dont une partie du capital appartient à Amazon (livraison dernier kilomètre), sans oublier Dispeo (stockage et préparation de commandes) et Adrexo, spécialisé dans la distribution de publicités en grandes surfaces ( prospectus et imprimés publicitaires).

Une année 2020 à remous

Hopps a subi d’importantes difficultés financières début 2020 sur Adrexo ; il a fallu le soutien de Bercy pour mettre en place un plan de financement de quelques 30 millions d’euros. Un soutien basé sur le fait que le groupe emploie quelques 22 000 salariés dont quelques milliers de retraités à temps partiel : 18 000 chez Adrexo. Le plan prévoyait pour 2020 une réduction des pertes à 10 millions d’euros, soit une forte amélioration par rapport à l’année précédente pour un chiffre d’affaires de 600 millions d’euros, et un retour aux bénéfices dès cette année. La pandémie a changé la donne, Colis Privé et Dispeo ont explosé en croissance, tandis qu’Adrexo s’est trouvé à l’arrêt.

Pataugas en avant

L’entreprise Pataugas n’est pas oubliée pour autant. Ouverture de boutiques en propre, nouveau site de e-commerce depuis décembre, remise à plat des collections cette année sont au programme. Les ventes en ligne progressent et représentent déjà un quart des résultats, une belle perspective pour la marque qui réalisait un chiffre d’affaires de 11 millions d’euros en 2019. Enfin une révolution est en cours. Le modèle classique Pataugas va être à nouveau fabriqué en France à partir de toile bio, car jusqu’à aujourd’hui la production des gammes était réalisée en Espagne et au Portugal. L’objectif est de tripler le chiffre d’ici 2024, peut-être en élargissant la gamme au-delà des chaussures. Une aventure à suivre donc, à condition d’être bien chaussé !

V.D.

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