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Comment piloter la transformation de l’IA en entreprise ?


Qui n’a jamais utilisé ChatGPT et autre Copilot pour se donner un coup de pouce sur certaines tâches ? À cette question, déjà 22 % des « cols blancs » répondent par la positive selon un sondage Ifop pour Learnthings. Si, au vu du tapage médiatique, cela peut sembler peu à première vue ils n’étaient en fait que 14 % il y a seulement 5 ans.

Entreprendre - Comment piloter la transformation de l’IA en entreprise ?

Pourtant, la montée en puissance des outils d’IA générative dans les entreprises françaises souligne le potentiel énorme que ces outils peuvent apporter aux entreprises. Suppression de tâches répétitives, stimulation de la créativité, les bénéfices sont nombreux pour les salariés comme les dirigeants.

Toutefois, au-delà de l’ajout d’un nouvel outil, la Gen AI pousse les entreprises à mener une réflexion plus approfondie sur leurs pratiques organisationnelles soulevant des préoccupations légitimes sur l’emploi et les interactions humaines. La direction, ainsi que le management, se savent attendus sur cette question et le positionnement des managers est important pour porter ces changements. 

Réduire le fossé entre les perceptions des employés et des managers sur l’utilisation de l’IA générative

Entre crainte, curiosité et recherche d’efficacité, les salariés ayant déjà expérimenté l’intelligence artificielle au travail observent à 81% une amélioration de leur productivité[1] selon l‘étude « Workforce Index » de Slack. Toutefois, 50 % le font encore dans le dos de leur hiérarchie, selon l’étude Ifop citée précédemment. Pourtant, les managers se tournent également vers l’utilisation de ces outils puisque près de quatre sur 10 (38 %) s’en servent toutes les semaines ou tous les jours selon une enquête de Flashs Selvitys pour Hostinger.

Et c’est bien là que le bât blesse. Comment assurer une intégration et une transformation en profondeur si les parties prenantes ne communiquent pas entre elles ? Et c’est d’autant plus difficile si le manager n’a pas développé un savoir-être numérique lui permettant d’être moteur dans cette transformation. Car l’IA ne se résume pas à l’IA générative, même si elle est devenue en à peine un an la partie émergée de l’iceberg. Cette technologie complexe a bien des choses à offrir aux entreprises, de la personnalisation des produits à l’analyse avancée des données pour de meilleures décisions en temps réel.

Les 5 qualités essentielles du manager pour cultiver une culture de l’IA solide

Pour réunir et rassurer les salariés sur cette technologie et ses impacts sur leur quotidien, le manager a besoin de disposer d’un certain nombre de soft skills dont celles d’être un bon communiquant et de posséder une intelligence émotionnelle. En effet, bien que cette technologie puisse analyser des données et produire des résultats impressionnants, elle ne peut pas comprendre ou partager les émotions humaines. Les managers doivent combler cette lacune en faisant preuve d’empathie, et en communiquant avec clarté sur la manière dont l’IA va améliorer les conditions de travail, renforcer l’efficacité et offrir de nouvelles opportunités de développement professionnel. Cette approche aide non seulement à apaiser les inquiétudes liées à l’utilisation de l’IA, mais aussi à renforcer la cohésion d’équipe en créant un environnement de travail inclusif et coopératif.

La priorité donnée à l’éthique est une autre qualité cruciale pour les managers dans le contexte de l’IA. En raison de sa complexité et de son potentiel impact sur la société, l’IA doit être utilisée de manière juste, transparente et responsable. Les managers doivent s’assurer que les systèmes d’IA respectent les principes éthiques, évitant les biais et discriminations, tout en protégeant la confidentialité des données. En outre, ils doivent rester informés sur les exigences réglementaires, telles que l’AI Act européen, et garantir la conformité. Cette vigilance permet de bâtir une réputation d’intégrité et de fiabilité pour l’entreprise, essentielle pour maintenir la confiance de son écosystème.

Enfin, croire en la formation et l’évolution des compétences est fondamental pour un leadership réussi en matière d’IA. Les managers doivent promouvoir une culture d’apprentissage continu, encourageant les salariés à se former et à monter en compétences. En investissant dans des programmes de formation, les employés peuvent non seulement acquérir de nouvelles compétences techniques et améliorer leur compréhension des enjeux éthiques et réglementaires associés à l’IA, mais aussi se former à l’utilisation de l’IA elle-même. Ce besoin est particulièrement fort chez les salariés utilisant déjà des outils d’IA générative qui requièrent des formations spécifiques pour optimiser leur utilisation. Cette montée en compétences est essentielle pour que les salariés puissent non seulement s’adapter aux changements technologiques, mais aussi contribuer activement et efficacement à la transformation de l’entreprise, assurant ainsi une intégration harmonieuse et responsable de cette technologie révolutionnaire.

L’intégration rapide de l’IA dans les modes de travail, souvent plus vite que prévu, nécessite des dirigeants compétents. Sans eux, les employés risquent de se sentir débordés, mal équipés et sceptiques quant aux opportunités et avantages que l’IA pourrait offrir. Pour surmonter ces défis, un manager doit exceller dans plusieurs domaines clés mixant un savoir-être et une affinité numérique avec des soft skills relationnelles et managériales. Mais plus largement, l’intégration de l’IA amène les managers à reconsidérer l’évolution de leur profession ainsi que celle de leurs équipes.

Fanny Doukhan, Country Manager France de Splunk


[1] https://www.lesechos.fr/idees-debats/leadership-management/malgre-des-reticences-lia-rend-les-salaries-plus-efficaces-mais-aussi-plus-satisfaits-2098717

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