Par Jean-Baptiste Clouard, co-fondateur de Flowlity
Tribune. Tous les États sont actuellement victimes d’une pénurie structurelle de vaccins contre le covid-19. Les capacités de production ne peuvent pas répondre à la demande et l’immense majorité des doses livrées en France et dans l’Union Européenne ont vocation à être utilisées très rapidement.
Depuis le 25 février, les médecins de ville ont la possibilité de vacciner leurs patients, mais une question se pose, les Français seront-ils au rendez-vous et comment bien l’exécuter ? Comment livrer à chaque pharmacie, hôpital, ou centre de vaccination le bon nombre de doses ?
Plus de transparence pour une meilleure prévision de la demande
La rapidité de réservation des plages de rendez-vous de vaccination varie selon les territoires. Globalement, l’Île-de-France est la région où la demande de vaccins est la plus forte par rapport aux doses disponibles. La grande périssabilité des vaccins, les nouvelles normes sanitaires et les disparités d’acceptation du traitement sur notre territoire complexifient d’autant plus un défi déjà hors normes. Si à Paris, nous sommes contraints à jeter des doses, en Meurthe et Moselle, il y a plus de candidats au vaccin que de places disponibles. Autre complication, alors que les médecins libéraux ont débuté la vaccination, tous ne sont pas allés chercher leurs doses (comme en Normandie par exemple). L’on estime que 200.000 doses du vaccin AstraZeneca dormiraient dans les frigos des pharmacies en France.
Comment est-ce possible ? Si le défi est principalement capacitaire, une meilleure collaboration entre les différents acteurs permettrait d’optimiser les ressources. En plein renouveau et bousculée par la crise du covid-19, la digitalisation de la Supply Chain pharmaceutique s’accélère. Les acteurs du secteur souffrent du manque de transparence et cherchent à réduire les incertitudes et répondre aux questions cruciales : où stocker, où livrer et en quelle quantité. Mais si les outils et les logiciels sont nécessaires, ils ne feront pas tout.
“Il faut encourager et développer les collaborations au sein du l’industrie pharmaceutique, comme celle annoncée entre Sanofi et BioNtech.” C’est en substance le message adressé par Ursula Von der Leyen à une industrie pharmaceutique qui peine à répondre à la demande mondiale. Cet appel à la collaboration est loin d’être anodin. Il est important qu’un changement s’amorce chez toutes les parties prenantes. Cette transformation numérique doit s’accompagner d’une meilleure visibilité et d’une circulation plus fluide de l’information entre les décideurs. Seule cette collaboration éclairée permettra un suivi de l’acheminement des produits pharmaceutiques plus efficient, d’anticiper les ruptures et d’identifier les imprévus ainsi que les détournements. Au regard des nombreuses contraintes, il est impératif de synchroniser chaque maillon de la chaîne.
Gérer le défi dans son ensemble
Aux doses de vaccins s’ajoutent également les seringues, les gants et le matériel paramédical. Autant de besoins qu’il faut savoir anticiper et prévoir. La production de seringues s’élève à 9,05 milliards d’unités par an et pourrait atteindre 12,03 milliards en 2021 alors que le besoin mondial est estimé à 17 milliards. Une distribution optimale des doses de vaccins est corollaire d’une bonne distribution du matériel de vaccination, d’une visibilité globale et d’une bonne prévision de la demande.
De nouvelles méthodes doivent être envisagées pour répondre à cet enjeu sans précédent : collaborons, mettons à disposition des outils intelligents pour ces acteurs afin d’optimiser des ressources plus que jamais rares et précieuses.