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Coup de rabot sur MaPrimerénov’ : quelles conséquences pour la rénovation énergétique des logements ?


La décision de réduire le budget alloué à MaPrimerénov' envoie un signal préoccupant quand les propriétaires et copropriétaires doivent se mobiliser pour atteindre les objectifs fixés par l'État. Cette coupe budgétaire aura des conséquences importantes non seulement sur l'économie, mais aussi sur l'emploi, le pouvoir d'achat et l'environnement.

Bruno Le Maire, ministre de l’Economie vient d’annuler 1 milliard d’euros du budget alloué à #MaPrimerénov' (Stephane Lemouton/Pool/ABACAPRESS.COM)

La France, bonne élève de la rénovation énergétique ?

La France se veut championne européenne des normes liées à l’environnement et à la rénovation énergétique. En matière de logement, les contraintes se sont multipliées pour les propriétaires, et le coût des travaux explose avec l’inflation. En appui, la loi budgétaire pour 2024 allouait 5 milliards d’euros d’aides à la rénovation énergétique (contre 3 ,6 milliards en 2023), sous la forme de MaPrimerenov’.  D’un trait de plume, le ministre de l’Economie vient d’annuler 1 milliard d’euros de ce budget. Cette situation est regrettable et décourageante pour les propriétaires.

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Quels avantages avec MaPrimeRenov’ ?

Le bureau d’études Geo Energie et Services estime les coûts de rénovation, pour passer de la note énergétique F à D, dans un immeuble haussmannien typique, à 470 euros par m2 ! Cet investissement n’est pas rentabilisable avant 8 à10 années. Ce n’est pas neutre. C’est pourquoi en 2024 MaPrimeRenov’ a connu une évolution significative avec un montant d’aide revalorisé et un financement pouvant atteindre jusqu’à 90 % pour les ménages aux revenus très modestes effectuant des travaux sur des logements très énergivores.

MaPrimeRénov’ est accessible aux propriétaires et copropriétaires, occupants ou bailleurs. La subvention couvre les travaux et équipements de chauffage, l’isolation et la ventilation. Elle est modulée selon les revenus du foyer et la nature des travaux.

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« Je salue le renforcement sans précédent des aides MaPrimeRenov’ aux rénovations d’ampleur qui bénéficiera en particulier à nos concitoyens vivant dans des passoires énergétiques. Le renforcement des dispositifs pour financer l’installation de pompes à chaleur est également crucial pour accélérer la décarbonation du chauffage dans les logements et ainsi diminuer notre consommation d’énergies fossiles, en cohérence avec nos objectifs climatiques et d’indépendance énergétique » déclaraitAgnès Pannier-Runacher, alors ministre de la Transition énergétique en novembre 2024.

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Raboter les aides, quelles conséquences ?

Raboter les aides aura donc des conséquences sur la réalisation de cet objectif. Et sur le carnet de commande des entreprises de rénovation répondant à des normes précises, notamment les normes « Reconnue Garant de l’Environnement » (RGE). C’est un secteur prometteur en termes de croissance, et donc d’emploi, qui risque de souffrir du ralentissement du marché consécutif au coup de rabot sur les aides.

La rénovation énergétique contribue aussi à l’amélioration du pouvoir d’achat des ménages et à la valorisation de leur habitat. Le but de la rénovation est de voir la facture énergétique diminuer, tout autant que de contribuer à la lutte contre le changement climatique. En réduisant les moyens alloués à cette transition écologique, l’État envoie un signal négatif quant à son engagement envers la préservation de l’environnement et la préservation du pouvoir d’achat lié au logement.

Le gouvernement n’a décidément pas de politique claire en matière de rénovation énergétique des logements. Ce coup de rabot d’un milliard d’euros correspond à environ 50.000 logements qui seront privés d’aide en 2024. La réduction du budget de #MaPrimerénov’ aura des conséquences dommageables sur la transition énergétique, l’économie, l’emploi, le pouvoir d’achat et l’environnement.

Stéphane Assuline
Institut Janus

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