Directeur chez Atlays, qui conseille les futurs entrepreneurs dans le choix de leurs associés, Frédéric Rensonnet livre les questions essentielles à se poser.
Est-ce que je m’associe avec la bonne personne ?
Frédéric Rensonnet :
Être ami(s), collègue(s) ou conjoint(s) ne suffit pas. La première des choses à faire est de se renseigner sur le parcours professionnel du «candidat». Il faut privilégier les personnes ayant la fibre entrepreneuriale, avec le goût du risque et capables de s’impliquer fortement dans l’entreprise avec une volonté de «se dépasser».
On peut se poser les questions suivantes : Sera-t-il/elle suiveur/suiveuse ou capable d’initiatives ? Saura-t-il/elle prendre des décisions seul(e) concernant les sujets de la vie quotidienne de l’entreprise chaque fois que la situation l’exigera ? Mais saura-t-il/elle aussi partager avec moi les faits et éléments de décision importants impactant la stratégie de l’entreprise ?
Il convient également de vérifier que le nouvel associé a un profil complémentaire, de sorte que l’un des associés traite des questions sur lesquelles il est dans sa zone de confort, tandis que l’autre prend en charge ses sujets de prédilection ou ceux sur lesquels il peut exprimer tout son talent ou toute sa compétence. Il est aussi nécessaire de se renseigner sur le passé de son/sa potentiel(le) associé(e), tant en termes financiers que juridiques et judiciaires.
A-t-on une vision commune de l’entreprise ?
Un point primordial : il faut que les associés aient les mêmes objectifs. Il faut bien entendu vérifier que la vision du projet est la même, en termes de stratégie de développement, de qualité du produit ou du service et d’investissements financiers à engager, mais aussi que le niveau de motivation est équivalent.
Il convient aussi de valider que les associés ont la même conception de la gestion d’une entreprise et partagent des valeurs communes en terme de management. Le moment de l’association est aussi très important. Si on s’associe lors de la création de l’entreprise, on est assez souvent sur un pied d’égalité. En cours de vie de l’entreprise, l’association peut correspondre à un besoin d’apport de fonds ou de ressources humaines voire techniques.
Dans ce cas, le rapport de force peut être déséquilibré entre les fondateurs et le nouvel arrivant. Dans les deux cas de figure, la vision de ce que doit être puis devenir l’entreprise peut varier assez significativement d’un associé à l’autre. Or, il est indispensable d’arrêter une position commune pour pouvoir avancer ensemble.
A-t-on pris les précautions nécessaires pour pérenniser l’association ?
Les associés doivent prévoir les modalités de fonctionnement de leur association via la mise en place d’un pacte d’actionnaires pour les SA ou d’associés pour les SARL.
Ce document lie entre eux les associés. Rédigé le plus souvent par un avocat, il précise les termes de la collaboration future, notamment : le partage des pouvoirs et les moyens de contrôle des associés non dirigeants ; la mutualisation des moyens et, le cas échéant, les règles de répartition des résultats de l’entreprise ; les modalités de règlement des litiges, les conditions de cession des parts en cas de sortie et les clauses de non-concurrence.
Une association réussie est un atout décisif pour l’entreprise. Elle permet de démultiplier son potentiel de développement mais aussi de mieux porter la charge des responsabilités et les conséquences des décisions stratégiques et managériales. C’est pourquoi cet engagement dans la durée doit s’inscrire dans une démarche raisonnée où la dimension humaine, même si elle tient une place essentielle, ne doit pas être le moteur exclusif dans le choix de son (ses) partenaire(s).