Florence de Maupeou, coordinatrice chez Finance Participative, souligne l’importance prise par le financement participatif en France et à ses causes.
Quelle est la situation du financement participatif en France ?
Florence de Maupeou : Les différents modes de contribution ne sont plus marginaux en France, représentant plus de 300 M€. Le don, porté par des acteurs tels que KissKissBankBank ou Ulule, représente 50 M€. Le prêt, qui regroupe celui aux particuliers – 137,5 M€, notamment grâce à des organismes tels que Younited Credit – et celui aux entreprises – 66,3 M€ –, s’élève à près de 200 M€. Enfin le crowdequity est estimé à plus de 50 M€ investis en capital ou en royalties.
Qu’est ce qui explique sa croissance à deux chiffres ?
FdM : Un facteur de taille, l’assouplissement du cadre réglementaire. Avant le 1er octobre 2014, il fallait avoir un agrément bancaire pour faire un prêt rémunéré aux entreprises. Aujourd’hui, une inscription auprès de l’ORIAS ( pour avoir le statut d’Intermédiaire en financement participatif) suffit.
En 2016, le prêt de particulier autorisé pour un projet passe de 1.000 à 2.000 € et sur les plates-formes ayant le statut de Conseiller en Investissements Participatifs, les levées de fonds en capital, en obligations ou en minibons passent de 1 M€ à 2,5 M€ par projet.
Comment expliquer le différentiel entre la France et le Royaume-Uni ?
FdM : Aux États-Unis et au Royaume-Uni, il n’y a jamais eu de contre-indication au financement alternatif. Le crowdfunding s’est développé de façon beaucoup plus précoce. Dans les pays anglo-saxons, la législation est beaucoup plus souple. Au Royaume-Uni, le montant que peut prêter un particulier n’est pas limité.
Il peut prêter autant qu’il veut du moment qu’il n’excède pas 10% de son capital. De même, on peut lever jusqu’à 5 M€ en crowdequity contre 2,5 M€ dans l’Hexagone. Et, côté fiscalité, il n’existe aucun dispositif incitatif en France qui viendrait «récompenser » le risque pris par les internautes qui investissent dans des entreprises non cotées.