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De la carte à puce à la blockchain : la trajectoire hors norme de Ryad Boulanouar


Avec Nickel, Ryad Boulanouar a secoué le secteur bancaire. Avec son nouveau projet, Mon ami poto, il veut rendre les dons aux associations plus transparents. Des cartes à puce au marché de la solidarité en passant par le compte bancaire pour tous, itinéraire d’un entrepreneur qui a toujours suivi son instinct.

Entreprendre - De la carte à puce à la blockchain : la trajectoire hors norme de Ryad Boulanouar

« Je n’étais pas mauvais à l’école, mais comme me le disaient mes profs : “Vous choisissez vos matières”. » Le jeune Ryad Boulanouar a un faible pour les maths, la physique et la technologie. Si bien qu’à 10 ans, son avenir est déjà tracé. « J’ai toujours su ce que je voulais faire », confirme celui qui est né à Lyon en 1973 et a grandi dans un pavillon d’Alfortville. Après ses études d’ingénieur, il se lance dans le paiement électronique et les cartes à puce. Dans les années 90, il participe à la mise en place du Pass Navigo. « En 1995, je bossais déjà sur la technologie sans contact. C’était avant-gardiste. On voulait dématérialiser le paiement. On a ouvert une brèche. »

« J’ai fait tapis »

Au début des années 2000, celui qui est devenu entrepreneur vend sa société spécialisée dans les cartes à puce et empoche quatre millions d’euros. Il réinvestit l’intégralité de cette somme dans son nouveau projet : Nickel. « J’ai fait tapis », résume-t-il. Nickel est lancé en 2014 sur une idée simple : un compte bancaire sans découvert et sans conditions de revenus qui s’ouvre en cinq minutes auprès d’un buraliste.

« Pendant trois ans, Nickel m’a volé mes rêves »

« Pendant trois ans, Nickel m’a volé mes rêves, se souvient Ryad Boulanouar. Je ne rêvais plus la nuit, je travaillais en dormant. » Entre l’obtention de l’agrément, les contraintes réglementaires et un système bancaire qui freine des quatre fers, ce projet « qui devait durer trois mois » mettra trois ans à voir le jour. Mais la patience finit par payer. Entre 2014 et 2017, 500 000 clients se rendent chez leur buraliste pour ouvrir un compte. Un succès qui attire l’attention de BNP Paribas. En 2017, la banque parisienne rachète Nickel pour 200 millions d’euros. Ironie de l’histoire, c’est cette même banque qui avait interdit bancaire Ryad Boulanouar quelques années plus tôt…

Capter 2% du marché

Après une période de « grand vide » suite à la vente, durant laquelle il n’a pas flambé – « les Ferrari, ce n’est pas mon truc » –, Ryad Boulanouar s’intéresse au marché du don. Il identifie plusieurs problèmes : la passivité des donateurs, le manque de transparence dans l’utilisation de l’argent, une compétition nocive entre associations, des bénéficiaires perdus et des donateurs insuffisamment valorisés.

Pour y remédier, il a lancé en novembre dernier Mon ami poto, une plateforme permettant d’effectuer des dons de façon transparente. Ce projet est adossé à une monnaie numérique : le poto. Chaque euro donné sur le site Mespotos.fr est transformé en un poto traçable grâce à la blockchain. De leur côté, les associations reçoivent des potos qu’elles peuvent convertir en euros. « Une fois que tu sais que les dons sont traçables, note Ryad Boulanouar, tu réfléchis avant de dépenser. »

Pour être rentable, Mon ami poto devra capter 2% du marché du don – évalué à 5,4 milliards par an –, soit 100 millions d’euros de dons. Le chiffre d’affaires de l’entreprise, qui se rémunère en prélevant 4% à 5% de frais sur chaque don, sera consultable sur la blockchain. « Je ne peux pas prôner la transparence et prendre mes commissions en euros en douce, reconnaît Ryad Boulanouar. Et puis, personne ne pourra dire que je m’enrichis sur ce projet. »

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