Maxime Haudebourg et Marc Vergnet peuvent être satisfaits du chemin parcouru, même si la destination reste encore lointaine. Le marché est présent, il est énorme avec des études prévoyant que près de 4 milliards de terriens souffriront de pénurie d’eau avant 2050.
Cela fait dix ans que Mascara NT (désormais dénommée Osmosun depuis mai dernier) a été portée sur les fonts baptismaux près de Chartres pour développer une technologie brevetée permettant de dessaler l’eau par osmose inverse en choisissant une énergie propre pour alimenter l’activité, le photovoltaïque. Le tout à moindre coût. Les deux fondateurs, Marc Vergnet et Maxime Haudebourg ont travaillé sur la technologie dénommée Osmosun qui propose à ce jour des unités de dessalement permettant de fournir la consommation journalière de 250 000 habitants au maximum.
En autonomie complète
Ces petites et moyennes unités peuvent fonctionner en autonomie complète si nécessaire, ou en hybride, ou encore en raccordement à un réseau électrique en fonction des cas. Cette adaptabilité élargit le champ des clientèles possibles. Autant dire que l’offre d’Osmosun répond à toutes les demandes contemporaines de durabilité sur un marché stratégique en croissance, celui de l’eau potable. Les deux ingénieurs se sont rencontrés en 2012, leur ambition est de parvenir à proposer le dessalement aux pays en développement qui n’ont pas accès à ces technologies, faute d’énergie électrique disponible.
Marc Vergnet a passé la plus grande partie de sa vie en Afrique (il est né en Algérie) et Maxime Haudebourg a travaillé en Inde, des expériences particulièrement importantes pour Osmosun. Lorsqu’ils se lancent, le dessalement de l’eau de mer existe bien entendu, mais il reste coûteux et gourmand en énergie, clairement non écologique. Leur solution, simple à mettre en oeuvre, est la réponse adaptée pour de nombreuses structures.
Première mondiale
Les deux entrepreneurs se sont voués pendant cinq ans à la mise en oeuvre de l’idée qu’ils avaient en tête. Impossible de ne pas être séduit par la passion de ces deux hommes qui ont eu pour objectif une véritable révolution, soit la première technologie de dessalement solaire photovoltaïque sans batterie, une première au monde. La technologie mise au point a été mise sur le marché en 2017.
Pour ceux qui pensent que les startups sont réservées aux jeunes loups, Marc Vergnet prouve que lancer une entreprise innovante avec succès est possible, y compris pour un soixante-huitard qui avait 72 ans lors de la création de Mascara. Avec des ventes dans une trentaine de pays à travers le monde, le mouvement est lancé et l’entrée en bourse intervenue cette année a pour but d’aller plus rapidement dans la croissance.
Un immense marché
L’objectif des dirigeants est écrit noir sur blanc, il s’agit de multiplier par dix la taille d’Osmosun en l’espace de cinq ans, ce qui en ferait l’un des grands acteurs du secteur. La croissance externe via le rachat d’autres structures est également une option pour accélérer le rythme de développement. Les augures se présentent bien pour ceux qui ont oeuvré depuis bientôt dix ans à la mise en oeuvre de ces solutions innovantes.
Déjà installés en Afrique de l’Ouest, Afrique du Nord et Moyen-Orient, l’exploration de l’Asie du Sud-Est et de la zone Pacifique a commencé. L’Europe reste un territoire à conquérir. Les cibles clientèles se partagent entre collectivités et structures privées (industries et hôtellerie principalement).
Une nouvelle période débute
Quentin Ragetly, le président d’Osmosun by Mascara est ingénieur, il a travaillé 11 années chez Engie après BP et le CEA et est arrivé à ce poste en 2019. Il connaît bien le développement d’entreprises et les filières d’énergies propres. Il a toutes les raisons de se réjouir des défis à venir. Car si Osmosun est accompagné dans ses investissements par l’écosystème français qui soutient financièrement l’entreprise depuis ses débuts, une nouvelle période débute. Dans la foulée de l’installation de nouveaux locaux inaugurés en juin 2022, le dirigeant a d’ailleurs évoqué « l’étape clé » qui se profile.
La Bourse pour accélérer
L’entrée en bourse sur Euronext Growth s’est clôturée le 5 juillet dernier, elle a permis de lever 10 millions d’euros, soit une capacité de financement importante pour une entreprise qui réalisait 4,6 millions d’euros de chiffre d’affaires fin 2022, prévoit 20 millions en 2025 et envisage d’atteindre les 50 millions dans cinq ans. Elle a aussi signifié l’entrée au capital de OKwind, groupe breton qui produit des ombrières mobiles, à moins de 5%.
Il est temps de passer à la vitesse supérieure car la concurrence se met également en ordre de marche, le marché reste extrêmement porteur vu les tensions ressenties sur le marché de l’eau. Les canicules de cet été obligent à regarder la situation en face, il est plus que probable que les situations de stress hydrique deviennent de plus en plus fréquentes partout sur la planète. Autant dire que les besoins du marché croissent sans même que les entreprises n’aient à intervenir. Une chance qui nécessite une réactivité hors normes pour faire partie des grands acteurs de demain.
Anne Florin