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Défaillances d’entreprises : pourquoi la France ne s’en sort pas


Les défaillances d'entreprises continuent de grimper en France, avec 13 400 cas recensés au troisième trimestre 2024, soit une hausse de 20 % par rapport à l'an dernier. Tour d’horizon des tendances, des causes et des conséquences pour l'économie et l'emploi.

Entreprendre - Défaillances d’entreprises : pourquoi la France ne s’en sort pas

Les petites et moyennes entreprises (PME) de plus de 50 salariés sont en première ligne. Leurs faillites ont bondi de 47 %, mettant en péril 52 000 emplois. Ces entreprises, souvent vulnérables, subissent de plein fouet la hausse des coûts et des marges réduites. Comme des digues fragiles face à une marée montante, elles peinent à résister aux chocs économiques successifs. Dans les secteurs B2B, les transports, le commerce de gros et la construction restent parmi les plus exposés.

Tous les secteurs ne sont pas logés à la même enseigne. Alors que le commerce alimentaire de détail voit ses faillites baisser de 7 %, la parfumerie et l’optique affichent, elles aussi, des signes de reprise, avec des reculs respectifs de 12 % et 9 %. À l’inverse, des secteurs comme l’agriculture (+34 %), la construction (+26 %) et les services informatiques (+60 %) continuent de souffrir. Pourquoi une telle diversité ? Les facteurs de fragilité varient, et certains secteurs peinent plus que d’autres à absorber les hausses de coûts.

Les régions en difficulté et celles qui tiennent bon

L’analyse régionale montre des différences nettes. En tête des zones les plus touchées, on retrouve la Bretagne (+38,3 %), la Normandie (+32,1 %) et l’Île-de-France (+30,9 %). Ces chiffres traduisent une fragilité accrue, sans doute liée à la composition de leur tissu économique, avec des industries plus exposées aux fluctuations des coûts.

D’autres régions s’en sortent mieux. En Corse, par exemple, les défaillances ont baissé de 9 %. Le Centre-Val de Loire n’a enregistré qu’une légère hausse de 1 %, et les territoires d’outre-mer montrent des signes de stabilisation après des mois compliqués. Ces différences régionales rappellent que la crise des entreprises n’est pas uniforme, et que certaines zones ont mieux su se préparer aux défis économiques actuels.

Des emplois en danger

La hausse des défaillances met directement en péril l’emploi, avec 13 300 postes supplémentaires menacés par rapport à l’été 2023. Les PME et les entreprises de taille intermédiaire (ETI) sont les plus touchées, et leurs difficultés créent un effet domino sur les fournisseurs et l’économie locale. Quand une entreprise de transport met la clé sous la porte, c’est toute une chaîne de fournisseurs et de sous-traitants qui vacille, menaçant l’équilibre économique de régions entières.

Plusieurs raisons expliquent ces défaillances. L’inflation continue de peser sur le pouvoir d’achat des consommateurs et augmente les coûts pour les entreprises, notamment celles qui utilisent beaucoup de matières premières. Par ailleurs, la reprise des recouvrements forcés par des organismes comme l’Urssaf ajoute de la pression sur des structures déjà fragiles, précipitant certaines faillites. Enfin, l’ombre de la pandémie plane toujours : certaines entreprises n’ont pas encore retrouvé leur niveau d’activité d’avant-crise, et la conjoncture actuelle ne les aide pas.

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