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Député à l’APN : les compétences et le talent sont indispensables pour réaliser un développement de qualité


Le radiotélescope « FAST », le programme d’exploitation lunaire Chang’e, ou le système de navigation satellite Beidou… tous ces projets phares incarnent la puissance du « Fabriqué en Chine » et la capacité de recherche et de développement du pays. Du plan initial, aux produits fabriqués, qui sont les maîtres-artisans assurant la réalisation...

Entreprendre - Député à l’APN : les compétences et le talent sont indispensables pour réaliser un développement de qualité

Le radiotélescope « FAST », le programme d’exploitation lunaire Chang’e, ou le système de navigation satellite Beidou… tous ces projets phares incarnent la puissance du « Fabriqué en Chine » et la capacité de recherche et de développement du pays.

Du plan initial, aux produits fabriqués, qui sont les maîtres-artisans assurant la réalisation de ces grandes conceptions scientifiques et technologiques ? Xia Li, ajusteur à China Electronic Technology Group Corporation (CETC), est l’un d’entre eux. Il a assumé l’assemblage et l’ajustage des antennes satellites pour les grands projets énumérés précédemment.

Distincts d’une production standardisée, les travaux que Xia Li et ses collègues doivent accomplir, sont des projets extrêmement exigeants quant à la précision des pièces détachées. Chaque assemblage constitue donc un nouveau défi pour eux.

« Je dis souvent à mes apprentis, qu’il nous faut réfléchir en position de concepteur, pour qu’on puisse mieux comprendre le dessin et les structures du produit, et mener à bien l’assemblage et l’ajustage des antennes satellites », affirme Xia Li, qui se consacre à l’ajustage depuis plus de 30 ans et qui garde toujours un respect solennel envers la mise en application des compétences professionnelles.

La sonde lunaire Chang’e-4 a été lancée avec succès en décembre 2018. Sans la précision du télescope, la sonde ne serait pas capable d’accomplir le premier alunissage en douceur jamais réalisé sur la face cachée de la Lune. « 0,004 mm, c’est la précision pour l’assemblage des télescopes. Si l’on le fait à 0,005 mm, il semble qu’il s’agit d’une nuance négligeable, mais on ne peut plus pratiquer l’observation », explique Xia Li.

Alors, comment faire pour être apte à réaliser de telles tâches ? La réponse de Xia Li consiste à faire des exercices autant que possible. Un attachement persistant à la qualité marque son attitude au travail. « Un ensemble d’équipements se compose souvent de plusieurs milliers d’accessoires et le détachement d’une simple petite vis provoquerait un accident gravissime. On n’a pas d’autres moyens qu’aller feuilleter les documents pour perfectionner nos compétences ».

Mais Xia Li accorde aussi beaucoup d’enthousiasme à son travail. « Nos produits ne sont pas des métaux froids, ils sont aussi des œuvres d’art », explique-t-il avec beaucoup d’émotion. « Chaque fois que je finis l’ajustage, le produit devient comme mon propre enfant, alors que c’est moi qui lui donne vie. Une fois livré au client, il acquiert son propre univers. »

Aujourd’hui, la Chine aspire à un développement axé sur la qualité des plans économiques et sociaux. Selon Xia Li, dans ce processus, il fallait que le pays se munisse d’une équipe d’ouvriers et de gens compétents qualifiés. « Si les compétences des ouvriers ne sont pas à la hauteur de la recherche et du développement (R&D), une fois que le produit sera mis en service, sans l’assurance d’ouvriers qualifiés, la performance du produit ne répondra pas aux exigences. »

En tant que député à la 14e Assemblée populaire nationale, Xia Li vient de soumettre, en mars, une proposition évoquant le renforcement de la formation des compétences et des talents en Chine. Selon lui, il fallait tout d’abord établir, au niveau gouvernemental, un concept bien ciblé pour ensuite élaborer des politiques en faveur de la formation professionnelle. « Les écoles, elles aussi, devraient renforcer les échanges avec les entreprises et les usines, pour mieux savoir de quelles technologies et de quelles sortes de talents ils ont besoin dans la pratique et ainsi lancer une coopération plus efficace avec les entreprises ; il ne faut non plus oublier la formation dirigée par le concepteur au sein de l’entreprise, cela est, à mon avis, la formation la plus économique, parce qu’elle est orientée directement vers la production », souligne-t-il.

Face à l’essor de l’intelligence artificielle, Xia Li avoue un sentiment de crise, mais il affirme le rôle toujours indispensable des ouvriers qualifiés dans l’assemblage des équipements de précision.

« Nous devons certainement nous adapter à l’évolution de l’époque, au lieu d’y être réfractaires. » Il souhaite apprendre de nouvelles connaissances auprès des jeunes ouvriers au temps de la révolution industrielle, tout en s’efforçant de leur transmettre ses compétences traditionnelles.

« Les jeunes ouvriers sont bien intelligents et ils grandissent beaucoup plus vite que ma génération. En général, au bout de trois à cinq ans, ils sont capables de réaliser un projet, et après une dizaine d’années, ils dirigent déjà une équipe capable d’accomplir des projets assez importants. Ma tâche est de faire rayonner les compétences et de ne pas les laisser disparaître », pointe Xia Li.

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