Selon un audit financier lancé par la nouvelle municipalité, la cité phocéenne se trouve dans une situation financière extrêmement délicate. Accablée par une dette colossale, la ville est au bord du gouffre. Le nouveau maire, Benoît Payan, fustige la « gabegie financière » des années Gaudin.
Une ville à l’agonie. Telle est en substance le contenu de l’audit commandé par le conseil municipal. Cette étude menée par le cabinet Deloitte révèle l’état catastrophique des finances d’une ville « qui n’a pas ou mal été gérée pendant vingt-cinq ans. « C’est une gabegie financière », juge le maire, Benoît Payan, qui a pris les rênes de la ville en décembre suite à la démission de la maire écologiste Michèle Rubirola. En un mot, les caisses sont quasiment vides. « Si on était dans une entreprise privée, estime l’élu, les commissaires aux comptes ne certifieraient pas les comptes de la Ville de Marseille. » En filigrane de cette charge virulente, c’est la gestion de l’ancien maire, Jean-Claude Gaudin, dont le mandat a duré 25 ans (1995-2020), que cible Benoît Payan.
1,5 milliards d’euros de dette
Marseille traîne un fardeau : sa dette. Bien qu’en baisse depuis 2019, elle s’élève encore à 1,5 milliards d’euros, soit un montant de 1 812 euros par Marseillais… Chaque année, ce ne sont pas moins de 200 millions d’euros qui sont engloutis pour rembourser cette créance, dont plus de 45 millions d’euros d’intérêts. En fin de compte, une fois que la ville a réglé ses charges de fonctionnement, il ne reste plus que 13 millions d’euros dans les caisses, ce qui représente une quinzaine d’euros par habitant. Un chiffre qui place Marseille loin des standards hexagonaux : Rennes (135 euros), Paris (105 euros) ou Lille (99 euros). Autant dire qu’il reste peu de marge pour lancer de nouveaux investissements sans faire gonfler la dette.
Limousine, immeuble inoccupé…
Parmi les raisons invoquées pour expliquer cette situation cataclysmique figure le manque d’investissements, une masse salariale hors de contrôle, des dépenses controversées, un patrimoine délaissé… Benoît Payan qui affirme s’être lancé dans une « chasse au gaspillage au bling bling » a cité quelques exemples truculents de la dérive marseillaise sous le règne de Jean-Claude Gaudin : achat en 2016 d’une limousine (116 788 euros), participation annuelle au salon de l’immobilier commercial (3,2 millions d’euros en 18 ans), élection de Miss France en 2019 (195 000 euros), location d’un immeuble inoccupé (1,16 millions d’euros par an)…
« Banqueroute, faillite et tutelle »
Si rien n’est fait, Benoît Payan est formel : Marseille ira droit vers « la banqueroute, la faillite et la tutelle ». Pour réduire les dépenses de la ville, Benoît Payan envisage notamment de revoir à la baisse les investissements prévus dans le cadre des épreuves de voile des JO de 2024. La nouvelle municipalité souhaite également renégocier la dette. Face à cette situation, certains observateurs évoquent la mise sous tutelle financière de la ville. S’il reconnaît des « problèmes structurels importants dans les comptes de la ville », Benoît Payan repousse pour l’heure cette perspective.