Didier Pineau-Valencienne, 84 ans, dit «DPV», est l’un des entrepreneurs français les plus en vue des Eighties. Après avoir fréquenté les plus grandes écoles, dont la Harvard Business School, le Vendéen intègre la maison d’édition Gallimard, puis entre chez l’industriel belge Empain, avant de prendre la présidence du groupe Schneider Electric en 1980.
Les difficultés importantes du groupe, avec les effets des chocs pétroliers, et la crise économique conduisent à redéfinir profondément la structure de l’entreprise. Après plusieurs mois de négociations infructueuses avec le gouvernement de Pierre Mauroy, et l’échec de l’intervention de l’État dans le groupe Creusot-Loire, Didier Pineau-Valencienne est contraint à la liquidation en 1984. Une faillite retentissante.
Cet échec, que Didier Pineau-Valencienne analyse comme étant la conséquence d’une trop grande politisation du dossier, conduit à une forte restructuration du groupe Schneider, qui perd une grande partie de ses activités.
«Nous avons tout remis en question, notamment la pertinence de notre stratégie… au point de nous focaliser uniquement sur le matériel électrique. Ce fut un choix difficile, mais nous l’avons assumé envers et contre tout. Résultat : nous sommes les premiers à être allés conquérir le marché chinois et sommes devenus un des leaders mondiaux du secteur !», se félicite celui que l’on a tant décrié.
Pour lui, l’échec s’est transformé en opportunité pour un rebond spectaculaire, malgré les pressions politiques.
«Les échecs nous donnent des leçons qu’il faut méditer. En France, lorsque l’on se trompe, on est marqué au fer rouge. Notre culture n’est guère favorable à l’exploitation de l’échec. Chez Schneider, quelqu’un avait la charge de lister toutes mes bêtises. Les hommes politiques feraient bien de faire la même chose car, aujourd’hui comme hier, ils tuent la prise de risques en France et empêchent les gens d’entreprendre, notamment avec cette fiscalité absolument folle. Eux ne tirent que très peu de leçons de leurs échecs».