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« DPE : quel impact sur la rénovation d’un patrimoine ? »


Par Sébastien HERY, architecte de la FNAIM du Grand Paris Tribune. Nous devons aujourd’hui, en tant qu’intervenants actifs dans le monde de l’architecture et de la construction en France, nous confronter à de nombreux enjeux. En réhabilitation, l’adaptation aux problèmes climatiques demande une attention et une sensibilité bien particulières, afin...

Entreprendre - « DPE : quel impact sur la rénovation d’un patrimoine ? »

Par Sébastien HERY, architecte de la FNAIM du Grand Paris

Tribune. Nous devons aujourd’hui, en tant qu’intervenants actifs dans le monde de l’architecture et de la construction en France, nous confronter à de nombreux enjeux. En réhabilitation, l’adaptation aux problèmes climatiques demande une attention et une sensibilité bien particulières, afin d’aboutir à des bâtiments de plus en plus « passifs », sans que la qualité architecturale en soit atteinte. L’utilisation de nouvelles technologies de plus en plus performantes se retrouve alors au cœur de l’approche architecturale des Architectes.

Sébastien Hery

L’intégration des objectifs inhérents aux Diagnostics de Performance Énergétique (DPE) dans une démarche globale de réhabilitation et de rénovation du patrimoine architectural nous oblige, en tant qu’Architecte, à appréhender différemment les travaux dans l’existant. Les enjeux d’amélioration des performances énergétiques à satisfaire dans le cadre de la rénovation du patrimoine existant s’étendent à plusieurs domaines d’intervention, parmi lesquels on trouve notamment l’isolation de toute l’enveloppe de l’édifice (murs extérieurs, combles, etc.), la mise en œuvre d’un système de ventilation adéquat, le remplacement des menuiseries extérieures existantes ou encore la mise en place d’un système de chauffage adapté.

L’isolation des parois de tout un bâtiment relevant d’un patrimoine remarquable, dont les façades présentent des caractéristiques architecturales à conserver, soulève des enjeux particuliers : en effet, l’isolation par l’extérieur d’un immeuble haussmannien en pierre de taille, d’un immeuble faubourien (en brique ou meulière, etc.) ou encore d’un immeuble en colombage ne se prête pas aux enjeux de sauvegarde du patrimoine. Dans ce contexte, la solution à favoriser est celle de l’isolation par l’intérieur des parois verticales. Or, dans le cadre de travaux dans un édifice haussmannien, cette intervention présente des risques sur la conservation des décors intérieurs.

Tout d’abord, l’isolation intérieur d’un appartement ou d’un plateau de bureaux induit par défaut la mise en œuvre d’un doublage le long des murs de façade et des murs mitoyens existants. Outre le fait que la réalisation de ce doublage occasionne une perte de surface habitable, elle engendre également parfois une perte du caractère architectural propre au style haussmannien : corniches, moulures ou encore peintures murales se retrouvent ainsi dissimulées. La reproduction de ces décors est néanmoins possible, notamment grâce au savoir-faire de corps de métier qualifié tel que des artisans staffeurs, des menuisiers ébéniste, des marbriers ou des décorateurs.

Ces travaux, réalisés par des artisans spécialisés, présentent toutefois un coût financier à ne pas négliger qu’un particulier ou un bailleur pourraient avoir des difficultés à assumer. Par ailleurs, le doublage des parois induit également des reprises techniques. En effet, les éléments tels que les radiateurs, les façades des interrupteurs ou des prises électriques devront être déplacés. Que ce soit dans les pièces sèches ou encore dans les pièces humides, une nouvelle finition murale (peinture, carrelage etc.) sera également à prévoir au budget alloué à ces travaux.

En complément, l’une des interventions à ne pas omettre est la pose de nouveaux châssis dont les performances devront être en harmonie avec les prérogatives du DPE. Le changement de menuiseries existantes occasionne très souvent l’objet d’une demande administrative. En effet, le dépôt d’une Déclaration Préalable (DP) en mairie est obligatoire pour tous travaux modifiant l’aspect extérieur d’un bâtiment. Cette démarche doit le plus souvent faire l’objet d’une consultation d’un professionnel du bâtiment : après avoir rassemblé l’ensemble des documents nécessaires, celui-ci réalisera le dossier propre à la demande. Il y fera notamment figurer l’état existant des châssis à remplacer ainsi que les spécificités esthétiques et techniques des nouveaux châssis à poser. Dans certains cas, la Mairie aura des demandes spécifiques en ce qui concerne la typologie de fenêtre à mettre en œuvre ou encore sur le choix de la teinte des boiseries.

Le remplacement des châssis existants par des nouveaux châssis plus performants, est une intervention à accompagner par la mise en œuvre d’un système de ventilation. En effet, le renouvellement d’air d’un logement ou encore d’un bureau contribue à assainir les espaces. Plusieurs solutions existent aujourd’hui, parmi lesquelles on trouve notamment les Ventilations Mécaniques Centralisées (VMC) simple flux ou encore double flux. Dans le cadre d’ouvrages dans un bâtiment existant, la mise en œuvre d’un système tel qu’une VMC simple flux peut s’avérer être le moins incommodant. Des études préliminaires seront à réaliser dans un premier temps afin de déterminer s’il est envisageable de rejeter l’air en toiture. Lors de travaux dans l’haussmannien, l’utilisation d’un ancien conduit de cheminée peut être une solution à envisager pour rejeter l’air en toiture. Des sondages préalables seront à réaliser en amont dans le but de déterminer si le conduit est déjà utilisé.

Ces travaux peuvent avoir un impact budgétaire conséquent pour un propriétaire de bien immobilier. Le recours à un Architecte se révèle indispensable lors de la définition de ces travaux. Ce dernier délimitera, dans un premier temps, avec le propriétaire les champs des actions à réaliser en fonction, d’une part, des performances énergétiques que celui-ci souhaite atteindre et, d’autre part, du budget qu’il souhaite allouer à ces travaux. L’Architecte réalisera alors une liste d’interventions à mettre en œuvre, tout en respectant le caractère remarquable des lieux.

Malgré leurs complexités, toutes ces adaptations, qui participent à réduire l’impact de l’homme sur le climat, peuvent être traitées en garantissant la préservation de l’Architecture.

En effet, notre expérience professionnelle nous a permis de réhabiliter des bâtiments à haute valeur architecturale, pour lesquels l’évolution du bâti vers une utilisation plus contemporaine associée à des enjeux environnementaux a exigé un travail à la fois innovant et respectueux des éléments architecturaux existants. Nous avons acquis en ce domaine une expérience solide, enrichie de la collaboration avec des professionnels spécialisés, et consolidée par de nombreuses opérations achevées. L’ensemble de ces prérogatives doit faire partie d’un bagage de savoir-faire précieux qui caractérise l’approche architecturale.

Les Architectes, toujours soucieux d’atteindre un rapport d’équilibre entre patrimoine existant et intervention contemporaine, doivent accorder une attention particulière aux spécificités qui déterminent l’âme des immeubles. Au sein de l’Agence, nous étudions des solutions sur mesure, en étroite collaboration avec des professionnels de la construction afin de mettre au point des détails de construction qui pérennisent l’ouvrage pour le bien-être de ses occupants et de la planète.

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