Malgré l’opposition de toutes les parties, la Commission européenne a décidé de mettre en place des droits compensateurs définitifs sur les importations de véhicules électriques à batterie (VEB) originaires de Chine pour une période de cinq ans.
Plus précisément, BYD, Geely et SAIC seront soumis aux droits compensateurs à hauteur de 17%, 18,8% et 35,3% respectivement. Les autres sociétés ayant coopéré, sauf Tesla, seront soumises à un droit de douane de 20,7 %. Toutes les autres compagnies n’ayant pas coopéré seront soumises à un droit de douane de 35,3 %.
Une décision désapprouvée par la Chine. Les diverses pratiques de la partie européenne étant déraisonnables et comportant de nombreux problèmes de non-conformité. Il s’agit d’une « concurrence déloyale » sous couvert de « concurrence loyale ». Cette approche protectionniste n’endommagera pas seulement la coopération sino-européenne en matière de chaînes industrielles et d’approvisionnement, mais alourdira également le fardeau des consommateurs européens, nuira à l’environnement d’investissement de l’Union européenne et freinera son propre processus de transition verte.
D’un point de vue économique, cette décision sapera tout d’abord la stabilité des chaînes industrielles et d’approvisionnement du secteur automobile, ainsi que les intérêts des constructeurs automobiles et des consommateurs européens. Le groupe de réflexion américain Rhodium Group a pris note de l’ajustement de la chaîne d’approvisionnement automobile mondiale pour s’adapter aux nouvelles technologies. À l’en croire, en restreignant l’entrée des VEB en provenance de Chine sur son marché, l’Europe risquerait de manquer une opportunité majeure, ce qui pourrait entraver son développement technologique. Le constructeur automobile allemand BMW a déclaré dans un communiqué que l’approche de l’UE ne renforcerait pas la compétitivité des constructeurs automobiles européens, mais nuirait plutôt aux entreprises qui opèrent à l’échelle mondiale. Hildegard Müller, présidente de l’Association de l’industrie automobile allemande, a quant à elle qualifié l’approche de l’UE d’ « un pas en arrière pour le libre-échange mondial ». Côté consommateurs européens, ils devront faire face à une augmentation des prix et à un manque de choix sur le marché.
Dans le même temps, cette mesure suscitera des inquiétudes quant à l’environnement commercial en Europe. L’un des principaux objectifs de l’UE en augmentant les taxes sur les VEB en provenance de Chine est de forcer davantage d’entreprises automobiles chinoises à investir et à construire des usines en Europe. Toutefois, seul un environnement de marché ouvert et équitable peut réellement attirer les investissements. Le recours délibéré par l’UE aux outils d’examen apportera des risques et des incertitudes considérables aux entreprises prêtes à investir en Europe. De toute évidence, cette approche ne fera que décourager plus d’investisseurs potentiels.
En outre, l’approche de l’UE peut nuire à sa propre transition verte et aux efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique. Actuellement, l’UE a fixé un objectif de réduction de 55 % des émissions de carbone d’ici à 2030 et de zéro émission nette d’ici à 2050 pour ses 27 États membres. Toutefois, le processus de transition verte de l’UE est entravé par un manque d’innovation et des coûts élevés. D’après les professionnels, un « découplage » de l’UE avec la Chine dans le domaine des véhicules électriques ne fera qu’aggraver la situation, étant donné que la Chine dispose de technologies innovantes liées au développement vert.
Plus profondément, cette approche de l’UE exacerberait les divisions internes. À l’heure actuelle, le développement économique inégal, la sécurité énergétique et d’autres questions s’entremêlent en Europe, à cela s’ajoute la montée des forces de droite. La surtaxe sur les VEB en provenance de Chine suscite des divergences au sein de l’UE. Le Premier ministre hongrois Orban et le chancelier allemand Scholz ont répété à plusieurs reprises que cette approche nuirait à la compétitivité de l’UE. Selon des analystes, l’économie et le commerce étaient le domaine où il était le plus facile de former un consensus au sein de l’UE, mais il y a maintenant des différences majeures, ce qui exacerbe les divisions en Europe et affecte également le développement futur de l’UE.
Il convient de noter que la Commission européenne s’est dite disposée à négocier des engagements de prix avec la partie chinoise. La Chine a toujours préconisé la résolution des différends commerciaux par le dialogue et la consultation, et espère que la partie européenne ira dans la même direction et tiendra compte des préoccupations essentielles respectives, afin de parvenir à une solution mutuellement acceptable dans les meilleurs délais. La partie européenne devrait prendre en compte la voix de la raison au sein du bloc et les demandes réelles des entreprises : « Nous n’avons pas besoin de droits de douane, mais de règles commerciales équitables ».