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Dylan Letierce (Knap) : « Notre chariot connecté peut convaincre l’ensemble de la distribution dans le monde »


La jeune entreprise Knap a conçu un système de chariot connecté qui décentralise en quelque sorte la caisse aux mains des clients de la grande distribution.

Entreprendre - Dylan Letierce (Knap) : « Notre chariot connecté peut convaincre l’ensemble de la distribution dans le monde »

Quand vous êtes-vous lancé ?

Dylan Letierce : Jonathan (Malgogne, le président) et moi étions étudiants en École de commerce, mais nous avons décidé d’arrêter à la fin de la première année pour nous lancer dans la création d’entreprise. Nous aimons le terrain, le concret, l’école est utile bien entendu, pour le réseautage notamment, mais nous voulions devenir entrepreneurs. Nous avons réfléchi à un problème qui concerne tout le monde, nous faisions nos courses, et les attentes en caisse étaient un problème du quotidien. Nous avons donc commencé à aller voir les directeurs de magasin pour creuser le sujet, de là est née l’idée du chariot connecté.

Quelles ont été les difficultés ?

Nous avons rencontré beaucoup de résistances dans le milieu de la grande distribution, des investisseurs et des startups elles-mêmes. À ce moment-là, Amazon Go venait de sortir et tout le monde nous disait que notre projet n’était pas vraiment intéressant, les startups travaillaient toutes sur le concept Amazon. Pourtant, nous étions convaincus qu’il fallait une solution plus terre à terre. Aujourd’hui, le marché nous donne raison. Nous sommes une douzaine chez Knap, Jonathan travaille surtout sur l’électronique, la mécanique, nous avons recruté des ingénieurs pour la partie logiciel et l’IA.

Quid des financements ?

Heureusement, nous avons pu lever des fonds auprès de personnes issues de la distribution qui ont compris que notre solution était probablement la bonne. Cela nous a permis de créer nos pilotes pour des tests terrain à grande échelle afin de trouver une solution d’automatisation intelligente de l’encaissement sous une contrainte de rentabilité pour le point de vente. Nous sommes à présent dans une étape charnière auprès d’enseignes indépendantes comme Leclerc, Intermarché, U, ou intégrées comme Carrefour. Certaines ont quasiment terminé les tests, d’autres débutent. Les retours terrain ont été absolument essentiels, notre objectif n’est pas de remplacer à ce jour les parcs de chariots existants, mais remplacer les scanettes pour proposer une meilleure solution à nos clients. Les chariots sont assemblés ici-même, à Villeneuve-Loubet, trois étages en-dessous de nos bureaux.

En tant qu’entrepreneur, quel est l’élément qui vous a le plus surpris depuis vos débuts ?

Probablement, la forte résilience qu’il faut pour parvenir à avoir accès à un marché difficile. Il faut vraiment puiser dans ses ressources d’énergie pour gérer en parallèle le développement technologique, les tests, l’IA, et les barrières d’accès aux clients, c’est un processus long et complexe. Aujourd’hui, cela se passe bien, mais dans les débuts, il a fallu prendre beaucoup de temps pour convaincre des enseignes réticentes. J’avais 19 ans, aucun réseau, mais peut-être que le fait d’être si jeune a permis de poursuivre sans se poser trop de questions. Courant 2024, nous espérons être référencés chez quelques enseignes, nous nous concentrons sur la partie commerciale pour qu’une ou deux minimum valident notre solution pour un plan de déploiement en France, en priorité.

Qui sont vos concurrents ?

En France, il n’y en a pas sur notre créneau. À l’international si, Shopic en Israël, Trollee en Chine, mais le plus proche de nous technologiquement est l’américain Caper A.I. Il a eu les mêmes difficultés de financement au départ. Mais le marché lui a donné raison, il a été racheté il y a trois ans par Instacart pour 350 millions de dollars. Nous pensons donc être sur la bonne voie. Nous avons 26 ans et construisons l’avenir de Knap, c’est une solution 100 % made in France. 

Anne Florin

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