L’école fondée Xavier Niel forme les petits génies du Web sans condition de diplôme. Et, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle révolutionne les codes classiques de la pédagogie.
Sur la page d’accueil de son site, elle annonce la couleur : « sa pédagogie, c’est le peer-to-peer learning, un fonctionnement participatif qui permet aux étudiants de libérer leur créativité grâce à l’apprentissage par projets. » Fondée en 2013 par Florian Bucher, Xavier Niel, Nicolas Sadirac et Kwame Yamgnane, elle a vocation à former les développeurs qui inventeront les nouveaux produits et applications demain.
« Les domaines d’intervention des étudiants sont larges et peuvent concerner le Web, mais aussi le traitement de données, l’intelligence artificielle, les objets connectés, la réalité augmentée… » précise Nicolas Sadirac, le directeur de l’École 42. Ici, pas de cours théoriques ni même de professeurs. « Les étudiants fonctionnent à 100% en mode projet et apprennent ensemble car ils ont vocation à inventer, par exemple la création d’un site ou la construction d’un robot. »
Concrètement, le cursus est totalement libre et les modules sont constitués de projets selon un protocole précis et pré-établi. « Il n’y a pas besoin de professeurs, ce sont les autres groupes d’étudiants qui jugent de la réussite d’un projet sur la base du protocole. C’est un système volontairement décalé de la pédagogie classique pour libérer la créativité des élèves », renchérit Nicolas Sadirac.
Pour le directeur de l’École 42, les métiers de l’informatique sont à mi-chemin entre l’artistique et le technique. « Chaque étudiant va à sa vitesse, il n’y a pas de promotions. L’un aura fini le cursus en 3 ans, un autre en 5 ans. Aucune norme n’est imposée. » Cette école hors normes compte 3.500 élèves.
Le processus de sélection est, lui aussi, révolutionnaire. « 40% des élèves n’ont pas le baccalauréat puisqu’aucun diplôme n’est demandé, mis à part pouvoir se servir d’un clavier et d’une souris d’ordinateur. » En moyenne, ils sont 70.000 chaque année à vouloir entrer dans l’école. Après des tests en ligne, les 3.000 meilleurs sont convoqués à un stage intensif, appelé « la piscine », durant lequel les candidats sont soumis à des épreuves de programmation, de tests en ligne, de jeux cognitifs… pendant un mois.
« Cette session est assimilée à un camp de vie. Certains dorment même sur place. C’est un moment de vie en communauté. » En seulement 3 ans, 500 étudiants sont déjà sortis diplômés. « 70% d’entre eux sont développeurs ou architectes de réseaux, et travaillent dans le domaine de l’intelligence artificielle. Ils sont embauchés avant même la sortie de l’école. »