Notre champion national n’est pas devenu conférencier auprès des entreprises par hasard. Coach certifié, entrepreneur et business angel, Edgar Grospiron nous livre les clés de motivation et de performance en entreprise.
Vous êtes l’exemple parfait d’une reconversion réussie. Comment êtes- vous passé de sportif de haut niveau à entrepreneur ?
Edgar Grospiron : Pour moi, la réussite, c’est avant tout faire quelque chose que l’on aime. Pour les sportifs de haut niveau en général, ce n’est pas toujours évident de trouver dans une reconversion la même passion, la même envie, la même énergie, mais aussi de pouvoir en vivre et de préparer sereinement leur avenir. Donc, une reconversion réussie, c’est celle qui répond à tous ces enjeux-là. L’entrepreneuriat était logique dans mon parcours, car c’est dans notre culture et notre ADN familial. J’ai des parents qui étaient commerçants, puis au départ hôteliers-restaurateurs, puis à la tête de magasins de sport et distributeurs de marques italiennes sur le marché français.
Je trouvais que mes 15 ans de carrière au plus haut niveau sportif mondial, c’était une belle expérience et j’avais envie de l’exploiter dans ma reconversion. Je n’ai pas de diplômes mais des médailles, donc ma plus-value était là. Les choses se sont faites assez naturellement, car j’avais envie de transmettre aux autres ce que le sport m’avait appris et apporté, et en même temps, j’avais pas mal de demandes de sponsors et d’entreprises m’invitant à raconter mon expérience devant leurs collaborateurs et clients.
Quand avez-vous lancé votre activité de conférencier en entreprises ?
E.G. : Je me suis lancé en 2001, six ans après avoir arrêté ma carrière sportive, dans le consulting, et plus particulièrement dans le conseil en management de la performance. Je l’ai fait avec des gens dont c’était le métier et qui m’ont formé. Ils m’ont ouvert l’esprit sur l’importance de la motivation dans la performance. Je savais déjà que l’environnement, l’entourage, la chance, le travail, le talent étaient autant dans le monde de l’entreprise.
C’est ainsi que j’ai pu mettre sur pied mes différentes formations et conférences pour apporter aux entreprises des réponses et des clés pour motiver leurs équipes, partir en conquête, rebondir et pérenniser leurs performances, que j’ai complétées depuis la pandémie par des masterclass grand public en ligne (grospiron.net) pour coacher les créateurs et accompagner les entrepreneurs à rebondir en temps de crise, mais aussi à réussir leu équilibre de vie.
Quelles sont les demandes des entreprises qui font appel à vous aujourd’hui ?
E.G. : Vous savez, entreprendre, c’est du sport ! Cela demande une motivation de chaque jour. Pour moi, la motivation, c’est un muscle qu’il faut travailler. Je leur apporte donc de l’énergie positive pour faire bouger les lignes. Et même si je n’ai pas du tout envie de paraître prétentieux, je crois sincèrement, si j’écoute tous leurs retours, que j’apporte du bonheur aux gens, aux dirigeants, cadres et collaborateurs des entreprises qui font appel à moi. J’ai choisi au départ un appel à moi. J’ai choisi au départ un sport-spectale, le ski de bosses, parce que c’était pour moi un moyen génial de donner du bonheur autour de moi.
C’est la même chose dans mes formations et mes conférences. Les gens me disent « tu nous as donné de l’énergie et l’envie d’y aller à fond ». Je trouve que c’est une chance incroyable, un pouvoir merveilleux qui m’est offert de continuer depuis vingt ans à donner du bonheur comme coach et conférencier !
Dans l’entreprise, quelles sont les grandes clés que l’on peut utiliser pour booster la motivation de ses équipes et les performances de sa boîte ?
E. G. : Pour moi, la motivation, ça repose ou ça s’appuie sur 5 piliers. Premier pilier, c’est l’ambition de servir, c’est-à-dire l’objectif et le sens que l’on se fixe, car ça permet d’appuyer sa motivation sur quelque chose de tangible, quelle que soit la conjoncture. C’est savoir apporter une contribution positive au monde dans lequel on évolue et en tenir le cap. Le 2è pilier, c’est le plaisir. Prendre plaisir à ce que l’on fait au quotidien, même si c’est parfois difficile en raison des circonstances et du niveau d’exigence que l’on met dans sa tâche.
Ce que m’a appris le sport, c’est que je prenais plus de plaisir malgré les exigences de performance, quand je passais plus de temps à travailler sur mes qualités et mes forces que sur mes faiblesses. Et ça, on peut le transposer très facilement au monde de l’entreprise. 3ème pilier, les petits progrès font les grands succès, ce qui veut dire se remettre en question, s’attacher chaque jour à être un petit peu meilleur, et ne jamais s’arrêter de progresser. En fait, on n’est jamais au sommet de son Art, on peut toujours progresser et faire mieux. Les limites sont rarement atteintes, car il y a toujours quelqu’un d’autre pour les repousser.
Et les deux autres piliers ?
E. G. : 4è pilier, pour être motivé à performer dans la durée, la victoire seule ne suffit pas. On tire une certaine satisfaction d’une victoire ou d’une performance, mais la manière dont on a gagné est beaucoup plus importante à mes yeux. C’est l’éthique, la façon dont on a respecté les règles du jeu, c’est-à-dire être en phase avec ses propres valeurs, en cohérence avec le sens de sa philosophie d’entreprise. C’est cela qui crée de la cohésion d’équipe et donc de la motivation, faire sens ensemble !
Enfin, 5e et dernier pilier, pour qu’un boulot soit motivant, il faut qu’il soit fait à la fois de temps forts (compétitions), de temps faibles (entraînements) et de temps de célébrations (la fête qu’on fait après). Si on le transpose au monde de l’entreprise, les temps forts ce sont les rendez-vous de conquête, les temps faibles ce sont les préparations des dossiers et les temps de célébrations, ce sont les séminaires et les moments festifs où l’on peut se retrouver. D’où l’intérêt de ne pas forcer ses équipes à être en temps forts permanents, parce que sinon ça les use.
Il faut donc trouver avec ses collaborateurs des moments festifs pour « recompenser » toute l’énergie qu’ils puisent au quotidien pour préparer les dossiers et les mettre en œuvre. Célébrer, ce n’est pas un acte de reconnaissance, c’est avant tout du management : créer un espace de motivation et de cohésion, qui réunit et qui redonne soif en de nouvelles victoires. Vous l’aurez compris, le 5è pilier, c’est donc la dynamique et l’esprit d’équipe.
C’est ce qui permet de performer dans la durée ?
E.G. : Oui, car entreprendre, comme pour un champion, ce n’est pas qu’une question de résultats, c’est avant tout un état d’esprit, qui quand on arrive à le cultiver individuellement et collectivement dans la durée, apporte toujours de merveilleux résultats et de grands succès.
Propos recueillis par Valérie Loctin