L’ancien champion olympique de ski acrobatique a bâti sa reconversion professionnelle autour de la motivation et a investi dans un cabinet de conseils RH. Il nous explique pourquoi l’ambition est un moteur important pour se transcender.
Edgar Grospiron, 46 ans, a été le premier champion olympique de ski acrobatique dans l’épreuve des bosses, à Albertville, en 1992. Deux ans plus tard à Lilllehamer, il décroche le bronze olympique. Il a également remporté 3 titres de champion du monde dans sa discipline.
«Quand j’ai arrêté, mes sponsors ont continué à me soutenir pendant 5 ans. En côtoyant le monde de l’entreprise, j’ai réalisé qu’aucun métier ne me convenait. Alors j’ai inventé le mien», confie le skieur.
Aujourd’hui, Edgar Grospiron donne près d’une centaine de conférences par an sur le sujet de la motivation et a investi dans Anthea, un cabinet de conseils RH, et dans Wikane, un réseau de consultants spécialisé dans la stratégie de la croissance.
Que représente l’ambition pour un sportif ?
Edgar Grospiron :
Il n’y a pas qu’une seule ambition pour un sportif ! On peut vouloir gagner ou remporter une médaille. Dans ce cas, l’ambition est concrète, à l’image de ma médaille olympique. Mais l’ambition peut aussi être intangible comme simplement dépasser ses limites, briller dans le regard des autres… On peut alors avoir l’impression d’exister. Et même sans jamais remporter quoi que ce soit, cette estime de soi à travers les yeux des autres peut être une très belle victoire.
L’ambition peut-elle se révéler négative ou inhibante ?
L’ambition n’est jamais trop grande. La mauvaise ambition, qui consiste à s’imposer des défis inaccessibles, n’existe pas. Cela signifie simplement que l’ambition est mal orientée et que nous sommes mal préparés. Car il ne faut jamais avoir peur d’être ambitieux. L’ambition, c’est quelque chose d’intime et de très personnel. On ne peut donc pas se faire de mal. Surtout, ce n’est pas parce qu’on n’a jamais réussi à remporter une course ou à battre un record qu’on a eu tort d’essayer !
Comment l’ambition et la motivation d’un sportif de haut niveau peuvent-elles servir d’exemple dans l’entreprise ?
Je ne vais pas être original, mon ambition a toujours été que l’on m’accroche au cou l’or olympique. C’était ce qui m’a permis de briller, d’exister. Mais je n’ai pas cherché à battre les autres, j’ai d’abord voulu me sublimer. Je le répète, l’ambition, ce n’est pas d’être meilleur que d’autres, c’est sortir le meilleur de soi.
Aucun homme ne naît avec une médaille autour du cou, chaque champion a dû se construire jour après jour et donner du sens à l’effort, au sacrifice et à la contrainte. Je pense évidemment que les mécanismes de réussite du sport de haut niveau peuvent se transposer à l’échelle de l’individu et de l’entreprise.
Après tout, le sport et l’entreprise sont tous deux une aventure humaine. Par exemple, le sport m’a appris qu’il faut travailler en équipe pour atteindre le portillon de départ et gagner, et savoir communiquer, surtout dans une logique de performance. Sur les pistes comme dans une entreprise, il faut pour entretenir «la gagne», développer le leadership et préserver la motivation. L’ambition, c’est savoir créer les conditions de la réussite. Et nous avons tous le pouvoir de transcender les obstacles pour écrire notre propre destinée.