Entrepreneur discret et efficace, Emery Jacquillat a démarré il y a plus de 20 ans en commercialisant des matelas. Il est aujourd’hui à la tête de la Camif qu’il a remis sur les rails.
En 1995, à seulement 24 ans, son diplôme de HEC et 60.000 francs en poche, Emery Jacquillat lance Matelsom. De retour d’un stage à New York chez Orangina, il a l’idée de transposer en France le concept de Dial-A-Mattress, compagnie de vente de matelas par téléphone qui fait un carton outre-Atlantique.
Dans la même pépinière que lui, à Suresnes, Corinne Delaporte (Copains d’avant, le Journal du Net, L’Internaute), lui conseille de miser sur Internet plutôt que le Minitel. «C’est ainsi que Matelsom.com est né, avant Google !», se félicite Emery Jacquillat. «J’étais plein d’envie, d’enthousiasme et d’énergie. Mais je me suis vite heurté à ma première crise d’entrepreneur».
Il reprend la Camif en 2009
Fin 1995, il prend les grèves de plein fouet. Le pays est paralysé, ses matelas restent à l’entrepôt et il épuise toutes ses économies. «Dans mon malheur, j’ai eu la chance d’acheter 1.000 emplacements publicitaires dans le métro, à prix cassés. Et lorsque les trains sont repartis, mes ventes ont explosé !»
En 2009, 14 ans plus tard, l’entrepreneur se lance un nouveau défi : reprendre la Camif, ex-fleuron de la VPC française en liquidation judiciaire. «C’était comme recommencer à zéro, avec une page blanche et un vrai risque», commente Emery Jacquillat qui embarque femme et enfants à Niort où se situent le siège et les équipes.
Consommation responsable et collaborative
«Cette fois, j’ai mis à profit mon expérience et ma maturité pour donner une direction à l’entreprise». Actionnaire avec sa famille à 55%, il est rejoint par deux fonds, Finalp 25% et Citizen Capital 14% pour relancer le site de e-commerce, innover et miser sur le made in France. «Notre objectif est de détrôner IKEA d’ici 25 ans. On me prend pour un fou mais j’y crois ! Quand on est entrepreneur, il faut avoir une ambition démesurée tout en restant humble», explique-t-il.
Ce qui le rend si confiant ? «Nous nous inscrivons dans un mouvement de fond, celui de la consommation responsable et collaborative», martèle le dirigeant à la tête d’une entreprise durable, transparente, où collaborateurs, clients et fournisseurs peuvent échanger, «et nous sommes les seuls à faire ça !». Son concept fonctionne puisque La Camif emploie 60 personnes en direct, fait travailler 110 à 180 artisans français… et est rentable depuis 3 ans avec 40 M€ de CA.