Fondé il y a 10 ans, Airbnb a révolutionné le secteur. Directeur d’Airbnb pour la France, Emmanuel Marill lève un coin du voile sur les ambitions hexagonales du géant américain.
Quelle est l’ambition d’Airbnb ?
Airbnb a placé l’humain au coeur du voyage, en donnant à tout le monde la possibilité d’être acteur. Le voyage, c’est le logement, le transport et les activités sur place. Si on veut être un acteur à part entière, il faudra couvrir ces trois sujets, avec l’humain comme dénominateur commun.
Que représente la période estivale pour Airbnb ?
C’est une partie importante et en constante augmentation. Les séjours d’une à deux semaines ne sont plus marginaux. Depuis 2-3 ans, nous nous développons de plus en plus sur les zones balnéaires et littorales. Nous avons 100 000 annonces actives en région PACA. Bordeaux, Marseille et Nice restent des marchés importants, mais on constate un fort développement de l’arrière-pays et les zones rurales. Il y a au moins un logement Airbnb dans plus de 20 000 communes françaises.
Quel est le profil de votre clientèle sur cette période ?
Les couples, notamment à Paris, et les familles. Tous les segments de la population utilisent Airbnb : seniors, voyageurs d’affaires…
Quel est le temps de séjour moyen ?
Les gens restent plus longtemps dans un Airbnb. En France, nos séjours durent 3,6 nuitées, contre 1,7 nuitée pour les structures traditionnelles.
Quels rapports entretenez-vous avec les hôteliers ?
Ils sont excellents avec l’hôtellerie en général et compliqués avec les lobbys hôteliers. Nous travaillons avec beaucoup de groupes – Hôtels en Ville, Eleganzia, Les Hôtels de Paris, le Mob Hotel – et organisons chaque semaine des réunions avec des hôteliers. A Paris, ils sont plus d’une centaine à utiliser notre plateforme.
Et avec AccorHotels ?
Nos relations sont tout à fait correctes. Certaines de leurs marques sont chez nous, et certains de leurs hôtels, comme Mama Shelter, pourraient potentiellement y être. Ils ont fait l’acquisition d’un concurrent (Onefinestay, NDLR). Les univers bougent.
A quoi ressemblera le secteur du tourisme dans 10 ans ?
Il sera passé d’une approche convertionnelle et technologique à une logique plus émotionnelle et expérientielle. Le tourisme de demain sera assez polarisé. L’ensemble de la profession devra remettre l’utilisateur au centre de sa réflexion. Le client n’appartient à personne et il est roi.
Le secteur a-t-il pris ce « virage expérientiel » ?
Les mentalités ont évolué. Les professionnels du secteur ont compris que des touristes qui ne venaient à Paris viennent précisément parce qu’il y a Airbnb. Nous travaillons ensemble. On casse les codes. J’espère que les lobbys et syndicats ne vont pas ralentir ce processus en adoptant une posture de principe consistant à faire la guerre aux nouveaux entrants. Les premiers à en souffrir seront les hôteliers eux-mêmes.
Quels types d’acteurs font évoluer le secteur ?
L’approche d’Evaneos (agence de voyage à la carte, NDLR) est intéressante et assez proche de notre ADN. Je peux également citer Voyageurs du monde, mais aussi Ouicar ou Drivy dans le secteur de la mobilité.