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Comment ENGIE veut devenir un acteur majeur de l’hydrogène renouvelable


Diplômée de l’Ecole Normale Supérieure, titulaire d’une agrégation de physique, et ingénieur du Corps des Mines, Isabelle Kocher, 53 ans, préside le Comité Exécutif d’ENGIE depuis 2016. Unique femme dirigeante d’une entreprise du CAC40, mais aussi une des plus jeunes, Isabelle Kocher ambitionne de faire d’ENGIE le leader de la révolution énergétique dans un contexte de profonde mutation du secteur de l’énergie.

Entreprendre - Comment ENGIE veut devenir un acteur majeur de l’hydrogène renouvelable

Diplômée de l’Ecole Normale Supérieure, titulaire d’une agrégation de physique, et ingénieur du Corps des Mines, Isabelle Kocher, 53 ans, préside le Comité Exécutif d’ENGIE depuis 2016. Unique femme dirigeante d’une entreprise du CAC40, mais aussi une des plus jeunes, Isabelle Kocher ambitionne de faire d’ENGIE le leader de la révolution énergétique dans un contexte de profonde mutation du secteur de l’énergie.

Comment le groupe ENGIE s’est-il transformé au cours des dernière années ?

ENGIE est aujourd’hui un groupe bien différent de celui qu’il était il y a trois ans. Depuis 2016, nous nous sommes repositionnés pour devenir le leader de la transition zéro carbone. Et nous avons réussi cette transformation. Nous avons divisé par deux nos émissions directes de CO2 depuis 2012, et avec 7 % de croissance organique de l’Ebitda, nous avons renoué avec la croissance.

Nous avons su nous mettre à l’avant de la première vague de la transition énergétique. Aujourd’hui, nous voulons nous mettre à l’avant de la seconde vague de la transition énergétique.

Alors que dans le passé, la transition énergétique était poussée par les États, elle est aujourd’hui tirée par les entreprises et les collectivités, sous l’impulsion des consommateurs et citoyens, qui font monter la pression.

Entreprises et collectivités se retrouvent en première ligne du défi climatique. Cependant, l’équation à résoudre est complexe : elles doivent réaliser cette transition zéro carbone tout en préservant leur compétitivité et l’impact positif sur leurs parties prenantes.

 Comment accompagner les évolutions du marché et des territoires ?

 Notre ambition est de rendre possible pour les entreprises et collectivités une transition zéro carbone grâce à des solutions intégrées « as-a-service » pour une transition zéro carbone. Nous voulons offrir à nos clients une approche et des solutions globales qui consistent, après une analyse fine de leurs besoins, à remettre à plat les usages de l’énergie pour réduire drastiquement les consommations. Remplacer les équipements anciens par des équipements intelligents et sobres, et alimenter l’ensemble avec de l’énergie décarbonée. Enfin, financer le tout à un prix compétitif pour le client.

Inspirée par les nouveaux modèles économiques orientés sur les usages, l’offre différenciante d’ENGIE consiste à proposer sa puissance industrielle et ses expertises métier à ses clients pour une transition énergétique zéro carbone sous une forme simplifiée, packagée et surtout abordable.

Quels sont les axes stratégiques de développement afin que le groupe ENGIE devienne le « leader mondial de la transition énergétique » la fin 2021 ?

D’un côté, nous allons rapprocher les solutions clients des infrastructures : ainsi nous investirons directement chez nos clients dans des infrastructures complexes comme les réseaux de chaud et de froid, les renouvelables sur site, de la cogénération sur site, éclairage public, stations de recharge, solutions solaires en toitures.

D’un autre côté, nous rapprocherons les infrastructures de nos clients, comme par exemple avec nos actifs renouvelables qui seront de plus en plus contractés directement avec les clients finaux (green power purchase agreement), et nos réseaux de gaz, que nous rapprocherons de plus en plus des territoires avec le développement du biogaz.

Nous nous spécialisons dans les activités à haute valeur ajoutée plutôt que dans les activités moins complexes. Nous concentrons nos efforts sur les territoires et les clients les plus dynamiques : 20 villes, 30 métropoles et 500 grandes entreprises. Concrètement, nous accélérerons et concentrerons nos investissements dans les solutions clients et les renouvelables, deux activités qui contribueront au développement du Groupe à l’avenir. Pour soutenir les investissements dans ces moteurs de croissance, le Groupe peut s’appuyer sur ses solides positions dans les réseaux et sur sa stratégie dynamique pour optimiser les actifs thermiques du Groupe.

 Quelle est votre vision de la mobilité décarbonée ?

 Notre vision de la mobilité durable se fonde sur une approche systémique de la mobilité associant transport public, gestion de la circulation, adoption des carburants propres et modes doux. ENGIE est actif dans le domaine de la mobilité depuis de nombreuses années, à travers les équipements ferroviaires électriques, les solutions de gestion de circulation ou encore le gaz naturel véhicule.

Comme dans beaucoup de domaines, pour la mobilité durable nous avons fait le choix d’être agnostique en matière de technologies et de sources d’énergies, car nous sommes convaincus que la réponse réside dans la combinaison de celles-ci, à décliner en fonction des besoins du client et du contexte local. Nous sommes ainsi présents dans la mobilité électrique mais aussi bioGNV et désormais hydrogène.

De plus, nous considérons la mobilité comme l’un des leviers à activer pour réaliser la transition zéro carbone d’un territoire : la mobilité s’inscrit dans une démarche plus globale de ce territoire, et doit donc s’intégrer dans un écosystème durable.

C’est notamment pour cela que nous ne regardons pas la mobilité seulement à travers le prisme « énergie » / « carburant » mais aussi à travers les infrastructures et les systèmes de transport public, et même la gestion des flux de circulation et la planification urbaine !

 Que représentent les énergies renouvelables dans les résultats opérationnels du Groupe ?

 Aujourd’hui dans notre Groupe, les énergies renouvelables c’est 24 GW. On va construire 9 GW supplémentaires en 3 ans, c’est à peu près 5000 personnes qui travaillent aujourd’hui sur ces technologies et ce sont 20% des résultats du Groupe aujourd’hui. C’est significatif. Le secteur évolue, les technologies évoluent. On est passé de 800 kW à 15 MW pour les technologies éoliennes en quelques années pour plus de 200 m de hauteur. C’est une capacité d’adaptation, d’incorporer des profils très techniques, d’être toujours au-devant des technologies. On peut mûrir les technologies et apporter à nos clients ces énergies.

Ce premier semestre 2019, on a construit 1,4 GW, on a quasiment fait la moitié du chemin pour une année. On parle de la France, du Brésil mais on a besoin de toutes les géographies qui aujourd’hui se transforment vers ces métiers-là.

ENGIE vient d’annoncer un accord de coopération avec l’agglomération Durance, Lubéron, Verdon (DLVA) pour produire, stocker et distribuer de “l’hydrogène vert” en partenariat avec Air Liquide. Quels sont les enjeux de ce projet ?

Ce projet innovant répond à des besoins de verdissements pour différents usages : mobilité bus, ferroviaire, chaud-froid dans des écoquartiers…

ENGIE a l’ambition de devenir un acteur majeur de l’hydrogène renouvelable en France et à l’international.

L’avenir de l’énergie consiste en un mix multi-énergies renouvelables (biogaz, solaire, éolien, hydraulique…) rendu possible grâce à l’hydrogène renouvelable, qui permet de décarboner les usages des industriels ayant besoin de l’hydrogène dans leurs process (engrais, raffinerie, chimie, …), de développer une mobilité plus durable et de stocker l’énergie et de la restituer.

Vous êtes la seule femme directrice générale d’une entreprise du CAC 40. Quel regard portez-vous sur l’évolution de la présence des femmes à des postes à responsabilité en France ? 

Nous tentons de faire tomber deux barrières. La première est celle du regard : l’oeil n’est pas encore assez habitué à voir des femmes patrons. La deuxième barrière que nous essayons de briser est celle des limites que les femmes se mettent à elles-mêmes, à cause d’une humilité, certes saine, mais qui va à l’encontre de leur propre envie de progresser.

ENGIE développe sa politique de mixité et met en œuvre des initiatives concrètes pour aider les femmes à progresser dans leur carrière depuis plus de 10 ans, notamment en fixant des objectifs ambitieux mais atteignables. Nous sommes fiers de ce que nous avons fait jusqu’à présent et continuons à faire, car nous sommes en tête du peloton, non seulement au niveau du comité exécutif, mais à tous les niveaux de l’entreprise.

 Nos efforts soutenus et constants en faveur de l’égalité des sexes contribuent non seulement à une société plus juste. Ils ont également un impact décisif sur notre performance : dans un monde en pleine évolution, une entreprise doit être à l’écoute des évolutions de la société si elle veut rester compétitive. Un cocktail de profils représentant toutes les sensibilités et les cultures aide à comprendre les grandes tendances et à prendre les bonnes décisions. Ma conviction est qu’une entreprise doit ressembler à la société qu’elle sert pour réussir. La diversité, que ce soit de genre, culturelle, ou sociale… est la meilleure ressource d’une entreprise.

J’espère que ma position pourra être une source d’inspiration pour beaucoup de jeunes femmes, une invitation à faire de leur mieux pour participer à la construction d’un progrès harmonieux.

Propos recueillis par Isabelle Jouanneau

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