La Polynésie française est un territoire qui fait rêver le monde entier, y compris les entrepreneurs. Au-delà de la beauté des paysages, du monoï et du tamouré, il existe aussi des opportunités de faire des affaires dans ces îles lointaines, où il n’y a pas que Tahiti.
Lorsque l’on considère l’économie polynésienne, il faut prendre en compte un élément essentiel : il ne s’agit pas d’un territoire unique mais d’une multiplicité d’îles situées pour certaines à des milliers de kilomètres les unes des autres. Certaines ne vivent quasiment que grâce à l’hôtellerie et la restauration, comme Bora-Bora par exemple, tandis que d’autres sont spécialisées dans la pêche, le coprah ou les perles comme aux Tuamotu ou dans les Australes.
Le tourisme au beau fixe
Comme le démontre l’enquête de conjoncture de l’IEOM, le climat des affaires est plutôt au beau fixe ces dernières années, après une période plus difficile. Le tourisme, activité phare de la zone, se porte bien grâce à de nouvelles lignes aériennes et aux passages de croisières. Quelques 200 000 touristes ont la chance d’aller jusqu’en Polynésie chaque année, essentiellement des Européens (la France en premier lieu), des Nord- Américains, des résidents de la zone Pacifique, ainsi que des Japonais.
Le commerce, roi des îles
En Polynésie comme ailleurs, le commerce est un poids lourd de l’économie. En premier lieu, le commerce de détail à dominante alimentaire réalise un chiffre supérieur à 90 milliards. Les grandes enseignes appartiennent à la catégorie des entreprises de plus de 500 millions de chiffre d’affaires, qui représentent à elles seules plus de 70% du CA total déclaré dans le pays. Certaines activités sont en quasi-monopole, une situation relativement logique si l’on considère l’étroitesse du marché, les barrières liées au transport, sans oublier les montants d’investissement initiaux nécessaires à toute installation. Ceci concerne des secteurs très variés, y compris les banques, et explique un coût de la vie relativement élevé.
Coprah, l’activité traditionnelle
Le coprah provient de la noix de coco. Une fois mûres, les noix peuvent être récoltées sur l’arbre, ou ramassées lorsqu’elles sont tombées. On en retire la chair qui est séchée au soleil jusqu’à ce que la teneur en eau ne dépasse pas 6%. Cette matière séchée est le coprah utilisé par l’Huilerie de Tahiti, qui en raffine une petite part pour l’alimentation et la fabrication de produits cosmétiques sous l’appellation des Monoï de Tahiti en association avec le tiaré. Le majeure partie est convertie en tourteaux pour la nourriture animale, en tant que fertilisant agricole, ou en huile brute, utilisée dans les margarines, les savons en particulier.
En matière d’alimentation animale, le produit est particulièrement surveillé sur son pourcentage d’aflatoxine. Ainsi, les produits en provenance d’Asie, moins chers, ne sont pas acceptés dans l’Union européenne du fait de taux considérés comme trop élevés. Le coprah est une filière traditionnelle, mais déficitaire ; un rapport de décembre dernier préconise de nouveaux usages non exploités jusqu’à présent, tels que l’utilisation du bois de cocotier, des coques, de la fibre, de l’eau, sans oublier des usages possibles en matière de biocarburant pour les centrales électriques des terres éloignées.
Perliculture ou l’essor de l’or noir
Au départ étaient les huîtres nacrières destinées aux boutons de nacre des chemises et les perles naturelles. Il y a cent ans, cela représentait quelques 1000 tonnes de nacre brute. Dans les années 70, les fameux boutons de nacre n’avaient plus grand succès, et la production était tombée à une dizaine de tonnes. Cette chute drastique a provoqué la naissance de la perliculture qui a vraiment pris son envol il y a trente ans. Ces perles de culture sont appréciées sur le marché de par leurs couleurs foncées si particulières, et le secteur est significatif en matière d’emplois : les 720 fermes réparties sur une trentaine de lagons emploient quelques 5000 personnes.
Une nouvelle loi a été promulguée afin de réguler la profession dans le but de préserver l’environnement et un Conseil de la Perliculture installé en tant qu’instance de dialogue. De 86 kilos en 1980, la production atteint aujourd’hui 8,4 millions de perles (2018), la majorité en provenance de Gambier et Arutua.
De la pêche à la construction navale
Le secteur marin est évidemment immense, mais la pêche professionnelle à grande échelle ne s’est développée que tardivement, à partir des années 1990. La région est exportatrice, mais fortement dépendante cependant des contraintes climatiques. Activité liée en grande partie à ce secteur, la construction navale, notamment le chantier naval de Raiatea, fait partie des industries polynésiennes, tout comme l’activité portuaire et maritime, à destination de l’hémisphère Sud.
A.F.