Elles donnent envie d’avancer. Féminisation et diversité sont deux questions bien dans l’air du temps, pour arriver à l’égalité et l’accession de tous à des postes de direction dans les entreprises. Nombre de dirigeantes et d’entrepreneures n’ont pas attendu pour se lancer sans états d’âme dans le monde des affaires.
Quotas, pas quotas ou plafond de verre, les discussions se poursuivent et des progrès sont enregistrés, même si l’unanimité n’a pu être faite sur cette question. L’idéal serait de ne juger des potentiels des uns et des autres que sur des compétences et connaissances examinées de manière objective. Cela arrive, mais le monde n’étant pas parfait, il ne s’agit pas d’une règle générale, les situations continuent à diverger fortement en fonction des secteurs d’activité. Évidemment, le sujet n’est pas aussi brûlant que celui des violences conjugales, mais certaines femmes ont décidé de ne pas s’embarrasser des a priori et de prendre en main leur destin professionnel. Voici trois exemples de femmes ayant pris le problème à bras-le-corps.
Diana Brondel réinvente la banque avec Xaalys
Diana Brondel a la bougeotte. Elle a pu assouvir son besoin de voyages et de découvertes lors des sept années qu’elle a passées au sein de la Société Générale. La jeune femme était diplômée de l’ESCP Europe lorsqu’elle a été recrutée par la banque via l’Inspection Générale. Un parcours comme on aime en voir, suivi d’une promotion au poste de directrice de cabinet aux activités internationales, qu’elle occupera trois ans avant de quitter cette mission prestigieuse pour se consacrer à son projet de création d’entreprise.
Capitaliser à partir de son expérience
En 2016, c’est pour créer Xaalys, une néobanque, un terme qui disparaît aujourd’hui, que Diana Brondel quitte le confort du salariat. Avec un concept original puisqu’il s’adresse à une cible oubliée jusque-là, les jeunes de 12 à 17 ans. Avec Xaalys, ces adolescents peuvent disposer d’un compte à leur nom, d’une carte de paiement et de retrait (avec contrôle parental évidemment) et peuvent ainsi se familiariser à la valeur de l’argent via l’appli Xaalys. Dépenses, épargne, cagnottes, tout est possible, des quizz permettant de s’amuser autour de notions financières. L’objectif est clair, éduquer les jeunes à la gestion financière de base, leur apprendre à maîtriser un budget personnel, fut-il réduit, et plus si affinités.
L’entreprise propose une version gratuite, et une autre payante (2,99 euros par mois par utilisateur sans engagement). Une belle réussite pour cette franco-sénégalaise qui s’est pourtant positionnée sur un secteur technologique et financier assez peu ouvert au femmes. En effet, seules 9% de femmes créent des fintechs. L’entreprise a vu officiellement le jour il y a deux ans, et dispose déjà de 40 000 clients. La créatrice est membre de France Fintech qui promeut l’excellence du secteur en France et à l’étranger.
Laëtitia Helouet, engagée dans le service public
Laëtitia Helouet était rapporteure à la Cour des Comptes, aujourd’hui nommée à la direction de l’Ecole des Hautes Etudes Internationales et Politiques, elle vient d’être nommée début mai directrice de l’HEIP, la Haute Ecole des Internationales et Politiques, avec pour mission le développement de l’école et le pilotage des sites de Paris et Lyon (INSEEC U). Elle est convaincue que la politique de quotas est utile, mais loin de suffire. Le cœur du problème est le changement de mentalité, et celui-ci ne s’impose pas. Le plafond de verre existe pour les femmes, mais l’origine est un autre critère qui influence souvent les décisions. Elle prédispose non seulement ceux qui sont en face, mais elle est aussi un problème pour certaines femmes qui ont intégré une image de leur propre personnalité, et dont la couleur de peau est un sujet non vraiment analysé. Un concept qu’il faut apprivoiser.
Percer le double plafond de verre
Pour Laëtitia Helouet, il n’y a pas de droite ligne, on peut avoir des échecs, elle en a subi un en n’étant pas reçue au concours de l’ENA, ce qui l’a obligée à se poser la vraie question de ses valeurs et de celles qu’elle voulait porter pour le futur. Née au Congo Brazzaville, partie en Roumanie avant d’arriver très jeune en France, cette enfant de l’école républicaine élevée par sa mère dans une cité HLM a su percer le « double plafond de verre » grâce à ses compétences, mais aussi à des rencontres, des professeurs qui l’ont convaincue qu’avec le travail, il était possible « d’y arriver ». Laëtitia Helouet a eu la volonté d’aller dans le service public pour être en phase avec ses convictions. Pour elle, il est clair que l’égalité des chances passe par la capacité à se projeter au-delà du milieu dans lequel on vit.
A l’origine d’un outil de mentorat
La présidente du Club XXIe siècle agit aussi au travers d’un programme, le Revel@Her, un outil de mentorat accompagnant des femmes de la diversité qui ont déjà des parcours professionnels. Il s’agit d’un coaching complet qui reprend la question des préjugés pour les analyser et les comprendre afin de mieux accéder à des positions de leadership. Laëtitia Hélouet est convaincue qu’au-delà de ce que fait le service public, il faut aussi faire du sur-mesure dans les territoires via d’autres structures, des collectifs de femmes et d’hommes travaillant sur des outils et des projets concrets. Le Club rassemble 300 Français de toutes les origines.
Karima Silvent, la détermination au service d’Axa
Karima Silvent est directrice des relations humaines et membre du comité exécutif d’Axa, numéro 2 mondial de l’assurance. Avec plus de 170 000 employés, le poste demande une carrure hors normes, dont elle dispose. Née aux Comores, la jeune Karima arrive à l’âge de six ans en France, à Châlons-en-Champagne exactement, seule pour être accueillie par un membre de la famille. La raison ? Sa mère avait elle même dû arrêter sa scolarité et tenait absolument à ce que ses filles bénéficient d’une bonne éducation scolaire. Un sacrifice important mais qui a porté ses fruits.
Un bel exemple de méritocratie
Karima Silvent a dû hériter de la détermination maternelle et a suivi un beau parcours avec son diplôme de Sciences Po Paris. Elle reste très fortement attachée à la notion de service public qu’elle intégrera en travaillant au ministère de l’Emploi, puis aux Hôpitaux de Paris. C’est en 2007 qu’elle passe dans le privé dans un groupe de santé avant de rejoindre Axa il y a neuf ans. Elle a percé le plafond de verre et peut ainsi gérer directement sur le terrain des thèmes tels que l’employabilité, la formation et la parité, entre autres.
La DRH préside également le conseil d’administration de l’Epide qui tente de réinsérer des jeunes de 18 à 25 ans sortis du système scolaire pour les aider à trouver un travail ou une formation. La méritocratie a une vraie signification pour Karima Silvent. Les points communs entre ces parcours existent de par la persévérance, la compétence, mais il est assez remarquable que toutes trois soient individuellement impliquées dans des actions visant à aider leurs consœurs à progresser dans le monde professionnel. La solidarité n’est pas un vain mot, tout comme la sororité.
V.D.