Dans le cas du dirigeant propriétaire ou actionnaire majoritaire de son entreprise, la question de la stratégie patrimoniale est plus subtile.
Il convient, en effet, de distinguer son patrimoine personnel et professionnel, articulé autour de l’entreprise. Ces deux patrimoines sont évidemment liés : en créant ou en rachetant une entreprise, l’entrepreneur met en jeu son bien personnel, engageant ainsi ses proches et son statut social, dans l’objectif de réaliser son projet. Il est donc nécessaire pour l’entrepreneur de se poser les bonnes questions quant à :
– la protection de son patrimoine personnel ;
– ses objectifs quant au développement de son patrimoine professionnel.
Et cela dans les trois phases de la vie de l’entreprise :
– au moment de la création ou du rachat :
comment protéger ma famille, mon logement ? Quelle forme sociale choisir pour exploiter ? Vers quelle protection sociale s’orienter ?
– durant l’exploitation :
comment financer le développement de l’entreprise ? Quelles sont les incidences sur ma fiscalité personnelle ? Quels modes de rémunération adopter ? Comment bâtir un patrimoine personnel distinct du patrimoine professionnel ?
– au moment de la cessation d’activité :
comment assurer la continuité de l’activité ? Comment assurer la gouvernance ? Quel cadre fiscal ?
Pour les professions libérales
Le professionnel libéral qui souhaite construire un patrimoine équilibré doit composer avec une spécificité essentielle : il dispose de deux «patrimoines» pas complètement distincts, un patrimoine à titre privé et un patrimoine professionnel. Ses actifs personnels peuvent compter la résidence principale, un contrat d’assurance-vie, tandis que ses actifs professionnels sont constitués de ses locaux, d’une clientèle…
Le mode d’exercice de son activité va lui permettre de développer plusieurs types de stratégies patrimoniales. Le professionnel libéral peut exercer à son compte directement, ou au travers d’une société d’exercice libéral à responsabilité limitée (SELARL). La qualité d’un associé de SELARL lui permet avant tout de bien séparer son patrimoine professionnel de son patrimoine privé, et donc de protéger celui-ci en cas d’éventuelles difficultés financières liées à son activité, sauf en cas de faute professionnelle.
Elle lui permet également de panacher de façon optimale rémunération et distribution de dividendes.
Enfin, cette structure présente l’avantage de faciliter l’association avec d’autres professionnels et, le moment venu, de mettre en place, une cession progressive du cabinet. Le professionnel peut, en outre, investir dans sa propre entreprise en bénéficiant d’avantages fiscaux, à savoir une réduction d’impôt sur le revenu au titre de la souscription au capital de la SELARL.
Diversifier son patrimoine financier
Tout le monde connaît le proverbe : «Il ne faut pas mettre tous ses œufs dans un même panier». En matière de placements, l’appliquer permet de se prémunir contre une baisse importante d’un des actifs, les bonnes performances compensant les moins bonnes.
Pour réussir cette diversification, il faut tenir compte de tous les éléments :
horizon de placement (court, moyen ou long terme), degré d’aversion au risque, objectifs financiers et familiaux pour les années à venir, environnement économique et fiscal. En fonction de ces différents éléments, l’investisseur doit arbitrer entre différentes classes d’actifs présentant une faible, voire aucune, corrélation entre elles. Évidemment, plus le niveau du capital à investir est important, plus les possibilités de panacher les placements sont grandes.
La diversification passe en premier lieu
par la constitution d’une épargne de précaution de court terme, sécurisée et disponible à tout moment. Cela permet de pallier les besoins récurrents ou ponctuels de sortie d’argent. C’est ce que proposent les livrets d’épargne réglementée et non fiscalisée comme le livret A, le livret de développement durable, ou encore les livrets bancaires non réglementés et fiscalisés. Mais aussi le fonds en euros d’un contrat d’assurance-vie qui garantit un rendement et dont l’épargne est relativement disponible.
L’objectif étant aussi de faire fructifier son patrimoine, il est utile de consacrer une partie de son patrimoine à des produits plus rémunérateurs. Pour cela, il faut accepter de placer son argent à un horizon plus ou moins long pour bénéficier de l’effet temps et capter le potentiel de hausse des marchés.
Mais aussi de prendre davantage de risque puisque ces placements n’offrent pas de garantie. Différentes solutions existent comme les valeurs mobilières (actions, obligations, Sicav, fonds communs de placement) dans lesquelles il est possible d’investir par exemple via un compte-titres ou un PEA. Mais il faut aussi prendre en compte les contrats d’assurance-vie multi-supports mêlant fonds en euros et unités de compte pour dynamiser le rendement.
De même, en vue de se constituer un complément de retraite, il convient là aussi de dynamiser son patrimoine. Plus l’échéance est lointaine, plus la prise de risque peut être grande. À l’inverse, plus on se rapproche de la date de départ à la retraite, plus le portefeuille est désensibilisé.
Placement financier ou immobilier ?
Un patrimoine équilibré est composé d’actifs financiers (produits bancaires, actions, obligations, assurance-vie…) et d’actifs non financiers, représentés en grande majorité par l’immobilier. Il est fréquent de répartir un patrimoine équilibré à parité entre actifs financiers et non financiers.
Mais, en fonction des variations de ces deux secteurs, les investisseurs se demandent régulièrement s’il est plus rentable et plus sûr de placer son patrimoine dans la pierre, ou dans des actifs financiers. L’immobilier est un investissement de long terme. D’une manière générale, la pierre est un placement qui permet de protéger son rendement contre la hausse des prix, grâce à l’indexation des loyers.
Si les rendements des actifs financiers sécurisés restent faibles, en raison de la faiblesse de l’inflation, l’immobilier continue de jouer son rôle de valeur refuge.