Par Alain Goetzmann
Dans la direction des hommes, les leaders humanistes se trouvent confrontés à un choix cornélien. Comment, à la fois, rester humain et bienveillant, tout en agissant pour que l’activité prospère au rythme voulu et dans la discipline nécessaire à l’accomplissement des tâches qui vont permettre d’obtenir des résultats conformes aux objectifs ?
La conjoncture actuelle, la pénurie des talents, l’arrivée de la génération Z, les exigences accrues des salariés inclinent, par prudence, à choisir un management « soft ». C’est d’ailleurs la meilleure façon de créer un climat de confiance et une culture de la responsabilité, deux ingrédients indispensables pour réussir.
Mais, car il y a un mais, une entreprise, au-delà des hommes, c’est aussi des règles d’organisation, des normes imposées à respecter, des chiffres, bref, tout le contraire de l’anarchie.
La solution ? Elle résulte, sans doute, des chiffres d’une étude publiée l’an dernier par la Harvard Business Review, à la suite d’une enquête portant sur 161.000 employés travaillant pour 31.000 dirigeants. Il leur a été demandé d’évaluer leur engagement personnel, en tant que salarié, et le profil de leurs dirigeants.
Parmi les 10% de ceux des employés qui étaient le plus engagés dans leur entreprise :
- 8,9% avaient des dirigeants autoritaires et durs,
- 6,7% avaient des dirigeants plutôt gentils,
- 68% avaient des dirigeants à la fois durs et gentils.
La conclusion des 2 chercheurs qui avaient conduit cette étude était que les dirigeants dont les employés sont très engagés, savent exiger beaucoup d’eux mais sont également considérés comme prévenants, confiants, collaboratifs et excellents entraîneurs. En fait, il apparaît que les salariés, tout en demandant un management confiant et bienveillant, veulent aussi avoir des métriques et des mesures de performance précises, avec des objectifs ambitieux et des dirigeants qui les poussent à faire les efforts nécessaires pour les atteindre.
Ce n’est pas contradictoire. C’est parce qu’ils leur font confiance et respectent leurs dirigeants, qu’ils attendent aussi d’eux qu’ils les poussent plus. Ils pensent que la performance vers laquelle ils sont conduits, de façon pressante, est digne de leur effort et que ce faisant, ils grandiront.
Diriger est une fonction complexe qui exige, en permanence, une attitude adaptée à ses collaborateurs, gentille, humaine, bienveillante dans l’attitude au jour le jour, mais aussi exigeante, disciplinée et concentrée quand il s’agit du respect des normes professionnelles et de la réalisation des objectifs. Ce sont les 2 rames d’un même bateau et elles doivent être utilisées avec une force égale.
Alain Goetzmann, Coach et Conseil en Leadership & Management