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Entrepreneurs français : la relève est déjà là !


Ils ont entre trente et quarante ans et ont créé des entreprises innovantes et très prometteuses : My Major Company, BlaBlaCar, Criteo ou Michel et Augustin, etc.

Entreprendre - Entrepreneurs français : la relève est déjà là !

Ils ont entre trente et quarante ans et ont créé des entreprises innovantes et très prometteuses : My Major Company, BlaBlaCar, Criteo ou Michel et Augustin, etc.

Dans l’inconscient collectif, l’image du dirigeant d’entreprise est souvent celle d’un quinquagénaire, voire d’un sexagénaire. Ce qui n’est pas totalement faux : la moyenne d’âge des patrons du CAC est de 58 ans, le plus jeune (Arnaud de Puyfontaine, président du directoire de Vivendi) ayant 50 ans et le doyen (Maurice Lévy, P-DG de Publicis) 72 ans.

D’un autre côté, l’économie numérique a popularisé l’image du du startuper. Pourtant, c’est entre 30 et 40 ans que la plupart des créateurs d’entreprise décident de se lancer.

Certes, les contraintes familiales et financières sont souvent plus lourdes à cet âge, mais c’est souvent entre 30 et 40 ans que l’envie de «faire autre chose» est la plus forte et que l’expérience professionnelle permet de concrétiser  

La force de l’expérience…

 

«Quand on est jeune, on a plus d’énergie, plus d’enthousiasme, une forte capacité à fédérer. Pour autant, la création d’entreprise est un parcours d’obstacles. On peut lever certains d’entre eux par son réseau de relations, par son expérience, par la pratique professionnelle qu’on a pu avoir avant… Il y a des jeunes qui réussissent très tôt, très vite, d’autres qui ont plus d’opportunités, d’aptitude à créer leur entreprise après une première expérience professionnelle », explique Philippe Jourdan, maître de conférence à l’Université d’Évry-Val-d’Essonne et entrepreneur (associé fondateur de la société Panel on the Web).

La plupart des entrepreneurs entre 30 et 40 ans bénéficient en effet d’un solide parcours, qui leur a permis de se confronter à la réalité économique de l’entreprise, de diriger des équipes, de développer des centres de profits et, souvent, de faire face à des difficultés. Un parcours qui peut passer par le salariat ou l’entrepreneuriat, mais qui permet également de maîtriser un secteur professionnel et de remplir un carnet d’adresses de contacts utiles. Autant d’atouts qui peuvent faire défaut aux moins de 30 ns qui se lancent dans l’aventure sans aucune référence et doivent faire leur apprentissage sur le tas.

… et l’ouverture d’esprit

Même s’ils ne sont pas des « digital natives», nés avec la culture numérique comme la Génération Y dont on parle beaucoup, les trentenaires ont baigné dans la révolution Internet. Ils en maîtrisent les outils, les concepts, mais aussi les modèles économiques, les modes de management, les leviers de croissance.

Leur vision de l’entrepreneuriat, affranchie des limites anciennes, ne se fixe pas de limites : ils pensent développement international, misent sur la croissance externe, font appel aux investisseurs et au financement participatif et, naturellement, investissent dans l’innovation, quels que soient leurs secteurs d’activité, même les plus traditionnels.

Et s’ils reprennent une activité existante, ils apportent cette modernité qui est l’un des meilleurs leviers de croissance. Dans un environnement où, à partir de 45-50 ans, la capacité à se remettre en cause et à évoluer est souvent déniée aux salariés, les jeunes dirigeants sont, paradoxalement, rassurants pour leurs clients, leurs fournisseurs et leurs partenaires.

Une tendance de fond  

Certains voient dans la montée en puissance des trentenaires dans le monde de l’entreprise une tendance au jeunisme, mais il faut reconnaître que toutes les sphères de la société sont concernées. En 2012, une institution comme Sciences Po organisait ainsi son premier Gala des trentenaires, «avec la volonté de mettre à l’honneur la génération des 30- 40 ans, qui incarne la relève ».

Invitée d’honneur ? Najat Vallaud- Belkacem (à l’époque porte-parole du gouvernement et en charge des Droits des femmes, aujourd’hui, 4ème  dans le rang protocolaire avec le portefeuille de l’éducation, à 37 ans seulement). Une relève qui est en outre à l’ordre du jour, notamment dans les grands groupes familiaux, dans lesquels les héritiers prennent rapidement des rôles importants, à l’image de Yannick Bolloré (35 ans), P-DG d’Havas, ou Jean-Sébastien Decaux (39 ans) qui siège au directoire du groupe fondé par son père aux côtés de ses deux frères, Jean- Charles et Jean-François, tout en dirigeant à Uccle (Belgique) sa société d’investissement, la holding des Dhuits. En revanche, le jeu de chaises musicales permanent entre grands patrons et le nombre de «dauphins » qui n’accéderont jamais à la dernière marche montre que les dirigeants des entreprises cotées ont plus de mal à laisser leur place.

Source d’inspiration  

Une manière d’entreprendre spécifique aux 30-40 ans s’impose peu à peu, alliant le meilleur des deux mondes : le sérieux de la maturité et l’enthousiasme de la jeunesse, l’expertise métier et la maîtrise des technologies, la rigueur budgétaire et le marketing 2.0, une capacité à discuter avec des community managers  comme avec des banquiers… Et puis, peut-être que la génération 30 ans a envie de prendre sa revanche sur cette économie française qui tarde à redécoller. Une leçon aux aînés ?

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