Non seulement que dans les entreprises produisant des biens, les matières et les services achetés représentaient généralement la partie la plus importante du prix de revient (bien supérieure à celle des salaires et charges), mais encore que leur révision générale et volontariste permette des résultats rapides et souvent spectaculaires. Alors comment faire ?
En analysant et en améliorant sensiblement votre politique d’approvisionnement. Dressez immédiatement et avant d’en convoquer les plus importants, la liste de tous les fournisseurs en poursuivant une démarche analytique spéciale : positionnez chaque fournisseur sur une matrice 3×3 aux cases faible/moyen/fort en fonction de deux dimensions : l’importance et le poids que représentent vos achats dans son activité et le degré de difficulté que vous rencontrerez si vous le supprimiez et que vous reportiez vos approvisionnements sur un ou plusieurs autres fournisseurs, existants ou nouveaux.
Si vous ne représentez qu’un faible poids dans son activité globale ou vous rencontreriez des difficultés certaines pour le remplacer, priorité à la sécurisation des achats et à un accès maximum à son savoir-faire et à sa R&D. Si, par contre, vos achats représentent un poids important dans son activité et vous bénéficieriez d’une grande facilité pour le remplacer, priorité à une baisse importante des tarifs ou une « prime de fidélité » de l’ordre de 20%, surtout si elle peut s’accompagner d’une concentration de vos achats sur moins de fournisseurs et une augmentation de la quantité auprès de chacun d’eux.
Une autre voie peut s’avérer encore bien plus efficace : la reformulation ou le ré-engineering de votre produit sur la base d’autres ingrédients ou composants – moins chers mais ne détériorant en rien la qualité du produit – avec l’aide de votre fournisseur et à valider obligatoirement par des tests à l’aveugle auprès de vos consommateurs où des sondages auprès de votre clientèle. Par contre, évitez de procéder à la « shrinkflation », une diminution du contenu de votre packaging sans en changer le prix.
Également possible, le broyage et la réintégration dans la formule d’un pourcentage de 5% à 10% de produits représentant un défaut d’aspect (et souvent mis au rebut) issus de déchets soigneusement récupérés, voire d’un recyclage d’anciens produits.
Puis, quand vous pensez approvisionnement, pensez aussi logistique et réassort. Souvent, dans des marchés saisonniers ou aux changements de goût et aux imprévus climatiques fréquents (chaleur, sécheresse, inondations, etc.) avec une surdemande qui explose ponctuellement, c’est votre capacité de vous approvisionner ou réapprovisionner rapidement qui militent pour un fournisseur à proximité en France ou en Europe plutôt qu’à l’autre bout du monde (et nécessitant une livraison par bateau).
Avec, en plus, la possibilité de lui demander de garder en stock et de vous « réserver » vos produits et de les enlever au fur et à mesure, grâce à un planning roulant sur 3 ou 6 mois, mais dont seulement les 2 ou 3 premiers mois sont figés.
Si alors l’origine de vos produits est bien la France, l’Allemagne ou un autre pays européen, osez l’afficher fièrement par une étiquette bien visible !
Axel Rückert
Expert des relations franco-allemandes, Axel Rückert est un chef d’entreprise allemand et ancien consultant au sein du cabinet de conseil McKinsey & Company.
Il est l’auteur de Sauve qui peut sait
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