Combien de fois avons-nous entendu ces mots au travail ?
« Nous sommes en plein pot au noir ».
« Personne n’est capable de dire ce qui se passe ».
« La circulation de l’information, chez nous, est à l’arrêt ».
Ça vous dit quelque chose ?
Oui ! Ce sont les signes avant-coureurs de l’échec d’un leadership qu’on définit comme le Leadership par l’osmose, celui qui consiste à croire que les connaissances d’un leader pourraient, tout simplement, être transférées à ses collaborateurs, sans beaucoup d’efforts de communication, que ce soit par le verbe ou par l’écrit.
Certes, il est tentant de le penser car cela rend la vie du leader plutôt facile. Il suffirait de s’exprimer publiquement, d’utiliser quelques mots savants, si possible anglo-saxons et hermétiques et, hop, une semaine ou deux plus tard, tout le monde sera informé, par l’opération du Saint-Esprit. Il sera alors temps de passer à autre chose.
Il n’y a là qu’un problème, et il est de taille : ça ne marche pas.
Peut-être est-ce possible sur la planète Mars, mais dans l’entreprise, le management par l’osmose ne fonctionne pas.
Cette façon de procéder est d’ailleurs, pour le leader, un risque énorme de voir son leadership contesté, car elle est la meilleure façon de perturber le moral des collaborateurs et de tuer la culture de l’entreprise.
Aussi peut-on s’interroger. Si le leadership par l’osmose ne fonctionne jamais, pourquoi cette façon de faire existe-t-elle toujours ? Pourquoi les leaders n’entendent-ils pas les interrogations de leurs proches ? La raison en est probablement la suivante.
Développer et mettre en œuvre une véritable stratégie de communication, qui assure à ses collaborateurs la connaissance exhaustive des axes d’action et l’assimilation totale des informations, demande, quelle que soit l’organisation, beaucoup de travail et d’engagement, ce qui rebute certains.
Un vrai leader doit sortir de son bureau et communiquer, pas seulement en réunion, dans les salles de conférence et les couloirs du siège social, mais partout, dans l’entreprise.
Les messages doivent être exprimés, envoyés, répétés et réitérés, encore et encore, en utilisant tous les moyens de communication imaginables. L’acquisition des connaissances, par tous, doit également être vérifiée et revérifiée, ce qui n’est possible que si le leader se rend lui-même sur le terrain et demande régulièrement au plus grand nombre de ses collaborateurs, l’étendue de leurs connaissances des façons de faire et d’être, au sein de l’entreprise.
Qu’il y ait 10 collaborateurs ou 1000, ne comptez jamais sur l’osmose pour faire circuler la connaissance des modes de fonctionnement. Chacun des salariés d’une entreprise doit être en mesure d’exprimer comment on travaille dans l’entreprise, quels les grands objectifs poursuivis et quelle est la façon collective de se comporter. Assurez-vous, personnellement, que c’est le cas, car personne d’autre ne le fera à votre place.
Ne succombez pas à la tentation de l’osmose, c’est tellement facile. Mettez-vous au travail. Faites l’effort supplémentaire d’aller vers les gens qui vous entourent, pour porter la bonne parole. Ne présumez pas des connaissances. Assurez-vous que tout le monde sait ce qu’il est censé savoir.
Alain Goetzmann, Coach et Conseil en Leadership & Management