S’engager ou ne pas s’engager ? Telle n’est plus la question. L’engagement sous toutes ses formes (climat, handicap, diversité, égalité homme-femme, éducation, territoires…) est devenu une nécessité pour les entreprises, afin de ne pas faire fuir les clients, les talents et les… investisseurs.
Depuis une petite dizaine d’années, le discours sur l’engagement s’intensifie, y compris parmi les sociétés que l’on aurait cru plus réfractaires à ces préoccupations. TotalEnergies a, par exemple, investi plus de 6 milliards d’euros dans les énergies renouvelables depuis 2019. Pour certains observateurs, il s’agit d’un virage stratégique majeur.
Pour d’autres, c’est avant tout une stratégie de « greenwashing », une manière de redorer l’image d’un géant des énergies fossiles et d’attirer les investisseurs sensibles aux critères ESG. D’autres grands groupes comme Schneider Electric, Engie, L’Oréal et Veolia communiquent, eux aussi, sur leurs efforts en matière d’engagement. « Nous voulons devenir le leader mondial de la transition alimentaire », clame Alexandre Bompard (Carrefour), tandis que François-Henri Pinault (Kering) défend l’idée selon laquelle « le luxe et le développement durable ne font qu’un ».
Engagement réel ou « greenwashing » ?
Il n’en demeure pas moins que l’engagement environnemental et sociétal est aujourd’hui perçu comme une condition indispensable à la survie des entreprises. Selon Jean-Roch Varon, président d’EY France, interrogé par Les Echos, « si une entreprise ne s’engage pas, elle n’existera plus ». Un avis partagé par Béatrice Mandine, dirigeante au sein du groupe informatique Sopra Steria, selon qui « l’engagement est la condition sine qua non de la pérennité d’une entreprise ».
Ce mouvement de fond est si prégnant que des médias spécialisés dans le suivi de l’engagement des entreprises ont émergé (Carenews, Novethic), mais aussi des organisations patronales, à l’instar du Mouvement Impact France, qui rassemble plus de 15 000 entreprises engagées, et de France Active.
Des différences entre les grands groupes et les PME
Dans la lignée de Yuka (consommation), Phenix et Too Good To Go (gaspillage alimentaire), Largo et Smaaart (produits reconditionnés), les PME et les start-up ont été pionnières. Grâce à l’innovation pour les premières et l’impact local pour les secondes. Si les grands groupes sont plus nombreux à placer le changement climatique en tête de leurs priorités (78 %), les PME mettent davantage l’accent sur la santé et le bien-être de leurs salariés (56 %), selon une étude du Pacte mondial de l’ONU et de PwC France.
En 2024, plus de 2 000 entreprises françaises, regroupant 500 000 salariés, ont déjà adopté le statut d’entreprise à mission. Pour toutes les autres, cet engagement est devenu un impératif stratégique. Les entreprises qui ignorent ou refusent ce changement de paradigme courent le risque d’être marginalisées.