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« Être entrepreneur » : de l’ambition à la réalité économique


Par Sophie Vannier, Présidente de La Ruche En dépit d’un contexte macroéconomique incertain, ce sont tout de même 1,1 million d’entreprises qui ont été créées en 2022 en France, selon l’INSEE et contre toute attente ! Un nouveau record qui en étonne plus d’un alors même que l’entrepreneuriat a progressivement...

Sophie Vannier, Présidente de La Ruche

Par Sophie Vannier, Présidente de La Ruche

En dépit d’un contexte macroéconomique incertain, ce sont tout de même 1,1 million d’entreprises qui ont été créées en 2022 en France, selon l’INSEE et contre toute attente ! Un nouveau record qui en étonne plus d’un alors même que l’entrepreneuriat a progressivement acquis le statut de pierre angulaire de l’économie française. Comment expliquer une telle tendance ? Certes le statut de micro-entreprise – représentant plus de la moitié des créations d’entreprises en 2022 – facilite le passage à l’action, mais suffit-il à faire naître des vocations ? Alors pourquoi se lancer ? Solution pérenne ou mirage de liberté ?

Par vocation, par choix ou par contrainte, les raisons d’entreprendre sont multiples

Aujourd’hui, entreprendre relève davantage d’une posture que d’un statut en tant que tel. Dans l’accompagnement à la création et au développement d’entreprises, et notamment dans l’impact, nous parlons souvent “de la posture entrepreneuriale”comme moteur de réussite. Une posture motivée par l’envie de changement, par une conviction chevillée au corps, ou tout simplement par opportunité d’avoir identifié une proposition de valeur  prometteuse. Le déclic est le plus souvent impulsé par des raisons personnelles et vécu comme une source d’épanouissement. La posture, souvent plus importante que le projet en tant que tel, permet de rebondir et de naviguer avec habilité dans l’aventure entrepreneuriale.  Elle est aussi souvent nourrie par une certaine idée de liberté.

Il est vrai que le statut d’auto-entrepreneur offre une certaine autonomie, et peut parfois être considéré comme un plan B pour éviter le salariat qui ne fait plus rêver.  Il permet le plus souvent de créer son propre emploi et dans certains cas d’exercer une activité complémentaire, tout en gardant son emploi : une solution pour mettre un pied dans l’entrepreneuriat avant de se lancer.  Toutefois, si la vision de l’entreprise a changé, celle de l’entrepreneur aussi ! Une image stéréotypée de l’entrepreneur persiste lorsque l’on parle de la Startup Nation. Or, elle est très loin de représenter l’immense majorité des entrepreneurs, laissant la place à un paysage plus varié d’entrepreneurs.

Faire tourner sa boîte  : une préoccupation quotidienne

Une fois lancée, tout reste à prouver et chercher la viabilité de son entreprise doit être la principale obsession. Pourquoi ce record de création d’entreprise a-t-il fait débat ? Selon moi, la question que l’on doit se poser, même au-delà du taux de survie des entreprises – estimée à 61% au bout de 3 ans et entre 80 et 90% avec un accompagnement adéquat – est la question de la précarité des entrepreneurs à la tête de ces structures. Vivent-ils de leur activité ?

L’entrain croissant pour la création d’entreprise – via un statut de micro-entrepreneur – a incité l’ensemble de l’écosystème à se structurer et se renforcer. L’objectif étant de répondre aux besoins des porteurs de projets auxquels les structures d’accompagnement doivent apporter des réponses concrètes et adaptées à leurs situations – parfois précaires. Un entrepreneur accompagné à deux fois plus de chance de réussir ! Une prise de conscience qui se pérennise depuis deux ans avec une multiplication du nombre de formations à l’entrepreneuriat, des incubateurs ainsi que des politiques publiques renforcées incitant les actions auprès des entrepreneurs. L’enjeu est bien de les guider vers les formes d’entrepreneuriat les plus adaptées à leur parcours grâce à des programmes de réorientation, des formations… et ainsi maximiser leurs chances de réussite. Bien encadré, l’entrepreneuriat peut être un formidable levier d’insertion professionnelle.

Finalement, le record à battre pour l’année prochaine doit être le nombre d’entrepreneurs accompagnés !  Pour cela, il importe que l’ensemble des acteurs de l’accompagnement – fonds d’investissement, incubateurs, formateurs… – réalisent collectivement un travail de fond autour des bonnes pratiques, innovent dans les démarches d’aller vers – pour favoriser l’accès à un accompagnement pour tous, favorisant l’épanouissement individuel et la réussite des projets.

Sophie Vannier
Présidente de La Ruche

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