L’Inde suit une voie ni pro ni anti-occidentale. Terre d’extrêmes, cet eldorado pour les entreprises est aussi un champion de l’inégalité. Un Indien sur trois vit sous le seuil de pauvreté et compte 271 milliardaires (3ᵉ position mondiale).

Aujourd’hui, l’Inde encourage les implantations industrielles sur son territoire, met en place de grands chantiers sur ses infrastructures, a enfin unifié son taux de TVA. Un étranger peut dorénavant détenir 100 % du capital de son implantation sur 25 secteurs d’activité.

Un pays complexe pour les PME

Avec seulement 1 % de part de marché, la France reste un acteur discret en Inde, se classant 16ᵉ parmi ses fournisseurs et 14ᵉ parmi ses clients. La majeure partie des exportations françaises provient des secteurs aéronautiques, chimie-pharmacie et équipements de communication. Quant aux 750 entreprises françaises qui se sont implantées physiquement, elles sont en majorité l’émanation de grands groupes.

Une culture d’entreprise à appréhender

La recherche d’un partenaire sur place peut devenir un casse-tête. Le respect de la hiérarchie est extrême, le mélange privé-professionnel prend toute sa place dans une relation d’affaires, surtout dans les nombreuses entreprises familiales. La notion de temps est très élastique, les délais de prise de décision généralement longs.

Ces entreprises qui osent

Pour une PME, les secteurs qui permettront de mieux aborder l’Inde via l’exportation sont le luxe, les produits spécifiquement français, disposant d’une histoire, et les innovations adaptées aux budgets indiens.

Argeville, spécialiste d’essences pour parfums installé à Grasse, réalise 90 % de son CA à l’international et a ouvert en 2023 son bureau à Mumbai afin de renforcer la proximité avec ses clients.

Pixee Medical a signé ses premiers contrats pour ses lunettes connectées permettant aux chirurgiens de visualiser la position des os en vue d’opérations ultra-précises, avec l’Inde et la Malaisie. La France parvient même à exporter des fibres textiles en Inde, notamment le lin.

La persévérance du groupe Gautier

Le Vendéen a subi un premier échec avec un partenaire indien qui avait copié les collections, un second par manque de support logistique. Le voici de retour avec l’ouverture, début d’année, de 2 000 m² à Pune avec son nouveau partenaire Creaticity.

Valérie Soulard Brin, Directrice Export Gautier

« Gautier projette d’ouvrir 10 magasins supplémentaires avec l’ambition de réaliser un chiffre d’affaires de 20 à 25 millions d’euros dans les cinq ans avec des magasins exclusifs, en grands magasins et en corners. Après Pune, nous pensons à Hyderabad, Bengaluru, Mumbai, Chennai ou Delhi.

L’Inde est devenue un espace moderne, avec un fort ratio de personnes fortunées et qui voyagent. Gautier cible les 30-45 ans, sensibles à la qualité, à la durabilité ainsi qu’aux produits fabriqués en France.

Notre but est ambitieux, mais réaliste avec du travail et de la patience, en particulier sur ce marché. Nos précédentes expériences nous ont poussés à plus de flexibilité, avec une offre sur plusieurs formats, et le commerce en ligne sera lancé d’ici 18 mois maximum, une fois toutes les exigences logistiques satisfaites. »