Directeur général et cofondateur de Famoco, Lionel Baraban ne mâche pas ses mots : il annonce que son entreprise est tout simplement en train de disrupter le marché du contrôle des transactions.
Vous avez fondé Famoco en 2010 avec Nicolas Berbigier. Quel est l’ADN du projet ?
Nicolas est un surdiplômé français sorti de l’École polytechnique, il travaillait en Chine l’époque. Après eu une première expérience entrepreneuriale à travers la société Karavel Promo vacances, il avait créé une nouvelle start-up sur le marché du voyage en Chine. J’étais également en Chine au même moment, nous nous sommes donc rencontrés à ce moment-là. Nous avons travaillé sur ce projet ensemble avant de fonder Famoco sur une idée simple.
Les débuts de la vague des paiements sans contacts a commencé en 2010. Or, pour étendre les cartes sans contact un peu partout, il fallait nécessairement des lecteurs de cartes sans contact. Nous avions donc pour projet de démocratiser l’accès à ces cartes sans contact et la sécurisation associée.
Quel est votre cœur de métier ?
Notre métier consiste à valider les transactions digitales et à démocratiser un accès simple à des transactions sécurisées. Tout le monde a besoin de sécurité pour faire de l’identification, du transport, du contrôle d’accès, du micro crédit… La démocratisation des transactions digitales concerne des milliers de cas d’usage différents et des zones géographiques aussi diverses que le Mali, New York, Paris, des petits villages au fin fond du Ghana…
Quels ont été les moments clés de l’aventure ?
Nous avons commencé par faire 3 années de R&D avant que l’activité ne débute réellement. Au terme de cette phase, nous avons commencé à avoir des prototypes et à signer nos premiers clients. Nous avons réalisé une première levée de fonds auprès du fonds de capital risques Aurinvest (1 M€, NDLR) afin de lancer une première production. Nous étions une petite dizaine à l’époque et depuis 2014, nous avons triplé de taille et de chiffre d’affaires chaque année.
Le second élément charnière est intervenu fin 2015 début 2016 lorsque nous avons remporté un gros appel d’offres international et conclu un premier gros contrat avec l’ONU pour digitaliser les coupons alimentaires du programme alimentaire mondial. Deux ans et demi plus tard, environ 12 millions de réfugiés utilisent nos solutions dans une trentaine de pays.
Le troisième moment fort eu lieu en février 2017 lorsque nous avons réalisé une levée de fonds de 11 M€ auprès d’Idinvest Partners, Orange Digital Ventures, SNCF Digital Ventures, BNP Paribas Développement et trois investisseurs historiques (Hi Inov, le fonds Ambition Numérique de Bpifrance et Aurinvest). Bien que les levées de fonds soient des moments clés, l’argent des clients est à mon sens plus important que l’argent des investisseurs.
Comment expliquez-vous la croissance annuelle moyenne de 292 % entre 2013 et 2016 ?
La particularité de l’hyper croissance est d’induire une constante révolution et une perpétuelle ébullition où tout change en permanence : si je compare notre société à ce qu’elle était un an avant, force est de constater qu’elle s’est radicalement transformée (les personnes, les process, le niveau de chiffre d’affaires). Et si je me projette dans un an, la société sera encore radicalement différente de celle qu’elle est aujourd’hui.
Nous sommes passés de deux salariés à plus d’une centaine en trois ans, nous avons distribué plus de 200 000 terminaux dans le monde l’année dernière et nous sommes désormais présents dans une vingtaine de pays. Cela demande de se réinventer en permanence. Il est très difficile et en même temps essentiel de conserver malgré tout une même culture. Même si le rythme de notre recrutement est très soutenu, nous devons toujours essaimer cette même culture qui fait l’entreprise.
Comment imaginez-vous l’avenir de Famaco ?
Nous ambitionnons de devenir le leader mondial de la validation de la transaction digitale. Aujourd’hui, il existe peu d’acteurs dans ce secteur car les acteurs historiques valident plutôt des transactions de paiement alors que nous validons tous types de transactions, que cela soit du paiement, de l’identité, du contrôle d’accès, du micro-crédit, du contrôle d’intervention, etc. Ce domaine est en pleine révolution et est complètement disrupté.
Notre premier axe de développement consistera à continuer à innover en permettant de multiplier les utilisations de ces technologies dans des cas d’usage qui sont de plus en plus nombreux et très différents : cela peut aller de la blockchain à du contrôle d’identité, du transport, de la sécurité, du jeu, etc.
Le second axe portera sur le renforcement de notre développement à l’international. Nous réalisons aujourd’hui 80 % de notre chiffre d’affaires à l’international car dès le début, nous avons toujours accepté des clients quelle que soit leur taille et leur localisation géographique.
En acceptant ces clients qui venaient des quatre coins du monde, nous avons commencé à créer des clusters. Cela nous a donné des relais de croissance très importants et maintenant que nous commençons à avoir une taille plus importante, nous devons nous déplacer vers nos clients en ouvrant des antennes. Nous ouvrons Abidjan dans quelques semaines, nous avons déjà des bureaux à New Delhi et Singapour. Nous allons continuer à en ouvrir dans les prochaines années.