Avec le développement des nouveaux outils de communication, de nombreux secteurs ont connu une vraie révolution. Celui des banques ne fait pas exception. Les banques en ligne fleurissent sur Internet mais sont-elles vraiment aussi fiables que les agences traditionnelles ?
Si nous avons l’impression que l’apparition des banques en ligne est toute récente, c’est pourtant loin d’être le cas. Les premières initiatives apparaissent en effet dès le milieu des années 90.
Même avant le développement d’Internet, des services à distance sont déjà proposés aux clients, via le courrier, le téléphone et même le Minitel. Cortal, une filiale de BNP Paribas, voit le jour dès 1985 et ne dispose pas de réseau d’agences physiques. À l’époque, ces banques d’un nouveau genre ne proposent que des produits orientés principalement vers la Bourse et l’épargne, les comptes bancaires classiques ne sont pas encore concernés.
Banque Directe, le pionnier
C’est véritablement en 1994 que la toute première banque en ligne voit le jour en France avec Banque Directe, une filiale du groupe BNP Paribas. Dans les années 1999-2000, plusieurs autres établissements font leur apparition sur le marché comme Zebank ou encore ING Direct. Mais c’est en 2002, que l’on note l’arrivée des services de bancassureurs et le développement des produits bancaires avec des cartes de paiement.
Qu’est-ce qu’une banque en ligne ?
Les banques 100% en ligne ne disposent pas d’un réseau traditionnel d’agences bancaires et ne proposent pas de conseiller attitré. Ses services sont en outre accessibles essentiellement sur Internet.
Parmi ces établissements qui proposent un accès à un compte bancaire, à des moyens de paiement (cartes, chéquiers…), des crédits, de l’épargne, et d’autres produits de placement : Boursorama Banque (filiale de la Société générale), ING Direct (succursale en France d’ING Direct N.V. aux Pays-Bas), Monabanq (filiale du groupe 3Suisse International et Cetelem), Hello Bank (filiale de BNP Paribas) et Fortuneo (filiale du Crédit Mutuel Arkéa).
Adossées à des banques traditionnelles
Comme vous le remarquez, ces dernières dépendent toutes, ou presque, de banques traditionnelles, alors pourquoi proposent-elles un service sur Internet ? Guillaume Clavel, président fondateur de Panorabanques, comparateur indépendant de banques, donne des clés d’explication : «Il est normal que ce soit les banques traditionnelles qui proposent ce genre de services, ce sont elles qui disposent du meilleur savoir-faire dans le domaine, avec une expérience riche de parfois plus de 100 ans. Avec cette offre de services sur Internet, elles diversifient leur activité, et espèrent ainsi toucher de nouveaux clients, plus autonomes dans la gestion de leurs comptes».
Pas d’inquiétude donc, il est tout à fait probable que votre banque soit derrière celle en ligne qui vous intéresse. Les assureurs ont eux aussi développé une activité bancaire en ligne, c’est le cas par exemple pour Axa Banque, Allianz Banque et Groupama Banque.
Faut-il opter pour la banque en ligne ?
Les banques en ligne ne sont pas plus risquées que les classiques avec leur réseau d’agences. Le secteur est très réglementé et ces dernières sont soumises aux mêmes conditions d’exercice et de contrôle par les autorités bancaires. Vous disposez de la même garantie de fonds si la banque fait faillite.
Elles sont en effet tenues d’adhérer au Fonds de garantie des dépôts, mobilisable en cas de faillite d’un établissement bancaire. Pour Guillaume Clavel, les banques en ligne ne présentent que des avantages. «Les tarifs sont attractifs, et les comptes faciles à gérer.
Les banques en ligne souvent synonymes d’économies
Les Français paient en moyenne 190 €/an environ pour la gestion de leur compte. Le premier tiers de cette somme correspond aux frais de carte bancaire, environ 60 €, le second tiers concerne les frais de découvert essentiellement liés aux frais de commission d’intervention, et le dernier tiers, toujours aux alentours de 60 €, concerne tous les autres frais de gestion, comme ceux liés à la mise en place de prélèvements, les frais de tenue de comptes, la gestion sur Internet…
Les banques en ligne font économiser la plupart de ces dépenses. Cela est rendu possible par le fait que les charges de structure et de personnel sont beaucoup plus faibles, ce qui les rend très compétitives. Cependant, ces banques sont généralement plus regardantes sur leurs clients et demandent des revenus mensuels minimaux», décrypte le spécialiste. En plus de gérer facilement ses opérations bancaires au quotidien grâce à Internet, ces banques proposent donc de nombreux services «sans frais».
Comptes épargne : soyez vigilant
Les livrets d’épargne font aussi l’objet de campagne de promotion, avec des taux élevés de rémunération, accordés sous conditions. Ce taux d’appel est appliqué souvent lors de l’ouverture d’un nouveau livret et seulement pour quelques mois. Le taux communiqué est en outre un taux brut, à ne pas comparer avec un taux net comme le livret A. Il est donc bien important de se renseigner avant de se lancer pour ne pas avoir de mauvaises surprises.
Mais pour le fondateur de Panorabanques, le constat est simple, les banques en ligne sont véritablement avantageuses. «Elles proposent une offre transparente, il suffit de bien se renseigner pour éviter les désagréments, mais vous ne risquez pas d’arnaques. Ce secteur est particulièrement bien réglementé, ce qui protège le client. Les produits bancaires proposés restent les mêmes que dans les établissements classiques comme avec les assurances-vie, ou le crédit immobilier. Vous acceptez juste une offre équivalente mais un service moindre, à savoir pas d’agences physiques ni de conseiller particulier», explique-t-il.
Des habitudes des Français qui changent
Mais ce type de service est-il réellement nécessaire ? Cette question est d’autant plus pertinente à la lumière des résultats de l’enquête menée en 2014 par Panorabanques sur le comportement des Français face à leur banque.
«On s’aperçoit aujourd’hui que beaucoup de Français utilisent leur banque traditionnelle comme une banque en ligne et payent pour un service dont ils n’ont pas besoin. Les agences sont de moins en moins fréquentées, et les banques développent de nouveaux outils qui permettent de consulter et de gérer ses comptes à distance, comme le site Internet ou les applications smartphone», signale Guillaume Clavel.
De moins en moins de clients se rendent en agence
Et, en effet, les clients se rendant en agence sont en très forte baisse, le conseiller personnel apparaît de moins en moins essentiel, 52,5% des clients seraient d’ailleurs prêts à s’en passer. La banque à distance s’impose donc dans les habitudes des Français. Aujourd’hui pourtant, seulement 4% d’entre-eux ont franchi le pas, alors 27% déclarent ne pas se rendre en agence (contre 24% en 2013).
Les explications invoquées sont peu nombreuses : ils n’en ressentent pas le besoin, ils gèrent leur compte à distance, ou bien ils considèrent que les horaires d’ouverture des agences ne sont pas compatibles avec leur rythme de vie. Et pourtant le cap de la banque en ligne reste difficile à franchir pour nombre d’entre-eux, s’estimant satisfaits de leur banque actuelle, rassurés de disposer d’un conseiller personnel, un interlocuteur unique qui connaît leur situation en cas de problème et qui permet de garder une certaine confidentialité.
Vision paradoxale dans la mesure où tout de même un quart des Français se disent peu ou pas satisfaits de leur conseiller…
Si les banques en ligne ne permettent pas de s’entretenir physiquement avec un conseiller, elles garantissent pourtant la même qualité de conseil, avec un personnel qualifié, joignable par téléphone sur des plages horaires beaucoup plus larges, 6j/7, généralement de 8h à 22h, permettant de patienter moins longtemps que s’il fallait faire la queue au guichet.
«L’évolution est lente, mais les banques en ligne progressent et répondent aux besoins réels de nombreux Français, expose l’expert. Ce que je conseille aux personnes qui hésitent à se lancer, c’est de faire un test en ouvrant un compte dans une banque en ligne, en parallèle de son agence traditionnelle. Ces comptes ne coûtent rien aux clients, ils permettent donc de juger l’offre de services sans conséquences réelles, pour peut-être basculer progressivement vers une banque 100% en ligne». 20% des Français envisagent aujourd’hui d’ouvrir un compte dans une banque en ligne, la tendance devrait donc se confirmer dans les années à venir.