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Faut-il soutenir le droit à la formation professionnelle pour les demandeurs d’asile ?


Par Marie Blaise, directrice et fondatrice de l’École Gustave Tribune. Un demandeur d’asile est une personne étrangère qui demande la protection de la France pour des raisons de persécution dans son pays d’origine. Ces personnes sont en situation régulière sur le territoire français à partir du moment où elles demandent...

Entreprendre - Faut-il soutenir le droit à la formation professionnelle pour les demandeurs d’asile ?

Par Marie Blaise, directrice et fondatrice de l’École Gustave

Tribune. Un demandeur d’asile est une personne étrangère qui demande la protection de la France pour des raisons de persécution dans son pays d’origine. Ces personnes sont en situation régulière sur le territoire français à partir du moment où elles demandent l’asile. Le délai d’attente pour obtenir une protection ou le statut de réfugié dans le cas d’un dépôt de dossier auprès de l’OFPRA puis de la CNDA peut fréquemment atteindre 2 ans. Lors de cette période longue et incertaine, l’accompagnement des demandeurs d’asile reste principalement à la charge des associations.

L’apprentissage du français n’est pas rendu obligatoire et l’autorisation de travail ne peut être octroyée qu’après 6 mois, sur demande de l’employeur, dans des conditions très particulières. Enfin, bien qu’aucune contre-indication légale ne soit en vigueur, les demandeurs d’asile n’accèdent que très rarement à la formation professionnelle et ne disposent pas du système de protection suffisante pour pouvoir la faire financer. Dans ce registre, la France fait office d’exception à l’échelle européenne.

Pour que ces nombreux mois dans l’expectative ne soient pas du temps perdu, durant lesquels l’attente et l’insécurité minent l’estime de soi des demandeurs d’asile, l’intégration des primo-arrivants ne doit pas débuter le jour de l’obtention du statut de réfugié, mais doit être pensée en amont pour empêcher leur exclusion. L’intégration des primo-arrivants ne doit pas débuter le jour de l’obtention du statut de réfugié, mais doit être pensée en amont pour empêcher leur exclusion.

Ainsi, il faut soutenir toute initiative législative ou associative promouvant l’apprentissage de la langue française dès que la demande d’asile est déposée. Chaque action visant à faciliter l’orientation professionnelle des personnes souhaitant obtenir le statut de réfugié nécessite d’être appuyée et soutenue. Enfin, je demande l’élargissement de nombreux droits en matière de travail pour les personnes en demande d’asile : accès aux formations qualifiantes et pré-qualifiantes, accès aux stages et aux contrats de professionnalisation, accès aux mécanismes de financement de ces formations.

Les métiers du BTP sont considérés aujourd’hui comme étant « en tension » puisque le nombre de personnes qualifiées ne permet pas de répondre à la demande d’emploi. Ce contexte favorise l’emploi non déclaré, une pratique trop répandue qui, en plus de n’accorder aucune protection à des travailleurs vulnérables, exerce une pression à la baisse sur les salaires dans le secteur. La formation professionnelle ou la pré-formation permettraient aux demandeurs d’asile d’intégrer le monde professionnel dans un cadre légal, de redonner confiance en leurs capacités, et rendre possible une nouvelle forme de socialisation qui se limite trop souvent aux seuls centres d’hébergement.

Plusieurs écoles en France sont spécialisées et forment à ces métiers en tension comme l’École Gustave qui est une école dédiée à la formation dans les métiers du BTP pour les personnes éloignées de l’emploi. Ces centres de formations, comme cette école, soutiennent une facilitation de l’accès à la formation professionnelle pour les demandeurs d’asile et encouragent les dispositifs d’apprentissage du français avant même l’obtention du statut de réfugié.

Marie Blaise – Directrice et fondatrice de l’École Gustave

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