On préfère aujourd’hui pointer du doigt le recrutement des femmes plutôt que la fidélisation, alors que sur les 29% de femmes présentes dans les effectifs en France, près d’1 sur 2 quitte la tech après 35 ans. Une sous-représentation qui a un impact direct sur les environnements de travail inadaptés, en termes d’outils ou de langage, et qui contribue à les pousser vers la sortie.
Il est donc temps de reconnaître que leur fidélisation est non seulement morale, mais également essentielle pour garantir un avenir durable et inclusif pour cette industrie majeure.
L’influence des diktats sociétaux sur le secteur
Alors que le recrutement des femmes dans la tech s’améliore enfin après des années d’errances, c’est aujourd’hui le cœur du réacteur qui s’éteint : celui de la fidélisation.
Les raisons de ces départs sont multiples.
Tout d’abord, les écarts de salaires qui sont de plus en plus disparates avec plus 77% des femmes qui déclarent se sentir sous-payées** et voient leur rémunération subir un décrochage à l’arrivée de leur premier enfant.
On retrouve aussi les évolutions de carrières quasi inexistantes, puisque les postes à responsabilité restent entre les mains des hommes. On estime qu’environ 35% des femmes dans la tech sont bloquées à leur niveau, sans perspective de grimper les échelons.
Enfin, l’ambiance de travail toxique et sexiste, qui souligne le reflet d’une société patriarcale encore trop présente, et amène des comportements déviants.
Être pris au sérieux, et se sentir légitime : voilà ce à quoi prétendent les femmes dans la tech en 2024. D’autant plus que leur apport dans une entreprise est sans égal…
Casser les codes pour mieux performer
La fidélisation des femmes dans la tech est un investissement dans l’égalité des chances.
En encourageant activement leur rétention avec des accompagnements adaptés, nous pourrons prétendre à un milieu plus inclusif.
Car, rappelons-le, et bien que les mentalités aient évolué, en 2023, plus d’1 français sur 3 pensent que les femmes ne sont pas aussi douées que les hommes pour travailler dans la Tech*** ! D’après eux, cela se justifiait par des incompétences techniques, des métiers trop compliqués, où un secteur davantage au goût des hommes…
Face à tant de préjugés et de mœurs bien ancrés, c’est toute une société qui doit évoluer.
Il en va même de la bonne survie des entreprises. En effet, les études ont montré que celles qui embrassent la diversité de genre ont tendance à être plus performantes financièrement mais aussi plus aptes à résoudre les problèmes de manière créative, à anticiper les besoins changeants du marché, et à attirer un plus large éventail de talents.
En investissant dans la fidélisation des femmes, les entreprises peuvent bénéficier d’un avantage concurrentiel durable et façonner la tech de demain.
Mesurer, sensibiliser et éduquer
Pour atteindre cet objectif, des mesures concrètes doivent être mises en place.
Tout d’abord en intégrant un pilotage constant entre les hommes et les femmes avec des outils de mesures homogénéisés. Ici, l’objectif est de mieux observer pour maximiser la grille de lecture des phénomènes de turnover. En effet, en évaluant au jour le jour la perception des salariés en termes de parité, nous pourrons prévenir des situations malencontreuses et ajuster au cas par cas l’accompagnement.
Il faudra par ailleurs éduquer et sensibiliser dès le plus jeune âge, homme et femme, et plus globalement la société sur les comportements inappropriés et les conséquences individuelles que cela engendre, pour créer une culture du secteur de la tech inclusive où chacun se sent valorisé et respecté.
En somme, la fidélisation des femmes dans la technologie n’est pas seulement une question de justice sociale, mais également une nécessité stratégique et économique. En investissant dans la diversité de genre et en créant des environnements de travail harmonieux, nous pouvons stimuler l’innovation, promouvoir l’égalité des chances et renforcer la compétitivité de la tech. Il est temps d’agir de manière proactive pour garantir un avenir où les femmes jouent un rôle central dans la tech.
Par Manon Roux, Senior Growth Manager chez Ironhack France, Juliette Delas, co-fondatrice du collectif ElleStime et Caroline Ramade, fondatrice de 50inTech
**Etude par 50inTech en collaboration avec Figure 2023
***Etude Ironhack 2023