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Fermob : après les meubles de jardin, l’aménagement intérieur


Fermob, l’icône des meubles de jardin mise désormais sur l’aménagement intérieur. Un nouveau défi pour l’ETI familiale (162 millions d’euros de chiffre d’affaires, avec 552 salariés) de Saint-Didier-sur-Chalaronne dans l’Ain.

Entreprendre - Fermob : après les meubles de jardin, l’aménagement intérieur

L’entreprise française Fermob est implantée sur son terroir de l’Ain depuis la fin du XIXe siècle. La famille Ségéral était installée en tant que maréchal-ferrant, un travail du fer et du métal qui reste au cœur du savoir-faire, aujourd’hui industriel de l’entreprise. C’est à partir des années cinquante que l’entreprise se transforme grâce à Raymond Ségéral, ingénieur Arts et Métiers. Il fait passer l’activité du stade artisanal au stade industriel et décide de se spécialiser dans la fabrication de mobilier de jardin en métal.

La chaise Bistro

Le succès est notamment dû au rachat du brevet « Simplex », une chaise pliante renommée Bistro car toutes les terrasses des cafés de France en étaient équipées. Un succès qui ne s’est jamais démenti depuis. Le successeur de Raymond Ségéral et nouveau propriétaire, fabricant de parapluies et parasols, poursuit sur la lancée, et laisse son empreinte en renommant la société du nom de Fermob.

Surmonter les crises

La vie des entreprises françaises familiales n’est pas un long fleuve tranquille, il faut parfois affronter les tempêtes. La crise majeure de Fermob arrive avec l’avènement du plastique, un matériau qui devient incontournable sur le marché du mobilier de jardin, d’autant qu’il est extrêmement compétitif en prix. Certains s’engouffrent dans ce nouveau créneau porteur, comme Grosfillex qui produit dans la même région que Fermob. À la fin des années 80, la situation est difficile, Fermob est considérée comme une entreprise du passé.

Renaissance

Bernard Reybier saura, en effet, détecter le potentiel de l’entreprise, il la rachète en 1989 alors qu’elle n’avait plus qu’une quinzaine de salariés. À l’époque, ce diplômé de l’EM Lyon a déjà de l’expérience. Commercial export, responsable marketing, il finit après cette dizaine d’années par intégrer l’entreprise familiale, les Reybier sont fromagers de père en fils depuis trois générations.

Mais ce n’est pas tant le fromage qui coule dans les veines de Bernard Reybier que la fibre entrepreneuriale, il veut son entreprise et ce sera Fermob, quitte à ce que les critiques pleuvent. L’homme a son idée, s’engager à fond sur la voie du design et de l’innovation. Quant à l’international, au lieu d’être abordé une fois l’entreprise relancée, c’est aujourd’hui et maintenant que Bernard Reybier veut l’attaquer. Cette nouvelle impulsion va s’avérer porteuse.

La prospection export commence, et quitte à se lancer, autant faire preuve d’ambition, les cibles sont l’Allemagne et les États-Unis. Les Américains craquent totalement pour ce mobilier si « frenchy » qui garnit les extérieurs des parcs et terrasses new-yorkais. La Grande-Bretagne est également devenue un pays important pour l’entreprise, et l’Océanie est aujourd’hui en plein développement avec la collaboration emblématique de Fermob avec l’Opéra de Sydney.

Dix ans plus tard

L’entreprise est en pleine santé, un nouveau tournant est pris en 1999. L’entrepreneur rachète Moulin Galland, son concurrent, un coup de maître qui fait de Fermob le seul fabricant de la chaise Bistro française. La machine est lancée, les collaborations avec les designers, dont Pascal Mourgue, portent leurs fruits, l’introduction de couleurs pops attirent tous les regards. Fermob est aussi une industrie, les investissements suivent le rythme du taux de croissance.

Il y a deux ans, Bernard Reybier a cédé la fonction de directeur général à son fils, présent dans l’entreprise depuis plus de dix ans à différents postes. Rien n’était décidé par avance, la transmission n’était pas inscrite dans le marbre, mais Baptiste Reybier manifeste son intérêt et obtient la confiance du conseil d’administration. Directeur général depuis 2022, il imprime sa marque en mettant en avant l’écoconception, la recyclabilité, la durabilité dans tous les sens du terme. Il a pris la décision de racheter son distributeur américain.

Le défi du mobilier intérieur

Fermob a présenté l’an dernier une nouvelle offre pour chez soi, sièges et luminaires en particulier. Cette gamme cible tant les particuliers que les professionnels. Associés au métal, d’autres matériaux viennent créer la surprise, y compris sur la chaise Bistro qui se voit enrichie de lattes de cuir, elles aussi fabriquées en France.

Bien d’autres idées sont d’ores et déjà dans l’esprit des dirigeants et des équipes pour étoffer cette gamme. Ce marché est cependant déjà bien occupé, Fermob doit se différencier suffisamment pour y construire son nid, et rester fidèle à l’image que l’entreprise s’est créée au fil des années. L’entreprise familiale Fermob est aujourd’hui une valeur sûre du tissu industriel français, un fleuron parmi d’autres qui connaît un véritable rayonnement international, avec des produits made in France présents à Times Square comme aux jardins Majorelle. Bien dans ses meubles, bien dans son jardin.

Anne Florin

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