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Finance durable : « Il faut plus de transparence »


Par Philippe de Gouville, CEO et cofondateur d’ISMO Tribune. Les épargnants accordent une importance accrue à l’impact de leurs investissements. Ils sont de plus en plus nombreux à s’intéresser à la finance responsable qui prend en compte les critères extra-financiers. Le développement de la finance responsable s’est toutefois accompagné d’un...

Entreprendre - Finance durable : « Il faut plus de transparence »

Par Philippe de Gouville, CEO et cofondateur d’ISMO

Tribune. Les épargnants accordent une importance accrue à l’impact de leurs investissements. Ils sont de plus en plus nombreux à s’intéresser à la finance responsable qui prend en compte les critères extra-financiers. Le développement de la finance responsable s’est toutefois accompagné d’un manque de transparence sur les fonds ESG.

Depuis l’Accord de Paris de 2015 qui vise à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 en réduisant drastiquement les émissions de gaz à effet de serre, la finance responsable s’est considérablement développée pour financer la transition écologique. Selon l’Association Française de Gestion (AFG), la finance responsable représentait à fin 2020 un encours de 1 587 milliards d’euros. Quant aux fonds labellisés ISR, leurs encours s’élèvent à 664 milliards d’euros à mars 2022.

La prise en compte des critères extra-financiers ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) répond à une volonté politique de flécher les capitaux vers des secteurs et des entreprises vertueuses, tout en permettant de donner du sens aux investissements des épargnants. Une enquête IFOP pour le Forum de l’Investissement Responsable (FIR) attestait de l’intérêt grandissant de la majorité des épargnants sur l’impact de leurs investissements sur l’environnement et la société.

Mise en place d’une régulation européenne

Le développement rapide de la finance responsable s’est parfois accompagné d’un manque de transparence sur la composition des fonds ESG et sur leurs objectifs conduisant à générer une perte de confiance des épargnants.

Et pour cause, les capitaux ne finançaient pas systématiquement la transition écologique ou des projets à vocation sociétale. De même, la méthodologie appliquée par les gestionnaires d’actifs dans la sélection des valeurs composant les fonds était parfois opaque. Face aux critiques de « greenwashing » de plus en plus vives, il est devenu urgent de réguler la finance responsable et de s’assurer que les fonds ESG participent au financement d’une économie durable.

L’Union Européenne s’est emparée du sujet. Les discussions ont abouti au règlement « Disclosure » appliqué depuis le 10 mars 2021 dans les pays membres de l’Union Européenne. Ce texte catégorise les véhicules d’investissement en 3 familles de produits, selon le degré de prise en compte des critères ESG », sous les noms d’article 6, article 8 et article 9.

Ainsi, les fonds qui n’ont pas de vocation durable entrent dans la classification des articles 6. En revanche, les articles 8 et 9 concernent les fonds qui intègrent les critères extra-financiers dans leur stratégie d’investissement. La confusion entre les articles 8 et 9 est courante. Les articles 9, à la différence des articles 8, poursuivent une finalité extra-financière précise. Ces OPCVM peuvent se donner pour objectif de lutter contre le réchauffement climatique, la protection de la biodiversité ou encore l’accessibilité et la préservation de l’eau.

Pour atteindre ces objectifs ambitieux, les sociétés de gestion recherchent les sociétés dont l’activité est orientée sur la thématique du fonds. Les investisseurs sélectionnent les entreprises les plus vertueuses et les jeunes entreprises innovantes qui sont les plus aptes à développer des solutions durables et efficaces.

Une transparence accrue

La catégorisation des OPCVM ne suffit pas à recréer de la confiance auprès des épargnants. Pour cette raison, les législateurs européens ont prévu dans le règlement « Disclosure » une obligation de communication sur les actions mises en œuvre dans les fonds.

Dans le détail, les gérants doivent indiquer les risques en matière de durabilité et les impacts négatifs de leurs décisions d’investissement en les mesurant dans le temps. Ce lourd travail d’audit est la condition sine qua non pour assurer auprès du public des efforts et de la bonne volonté des gérants, à atteindre leurs objectifs en matière de développement durable. Toutefois, ces nouvelles obligations administratives engendrent des coûts et par conséquent à facturer des frais de gestion plus élevés qui tendent à se réduire avec la généralisation de la finance responsable.

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