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Financement : Lever des fonds est un choix stratégique


Eric Félix-Faure, ‎Managing Partner à la banque d'affaire Oaklins Aelios, décrypte les avantages et les inconvénients qui se cachent derrière une levée de fonds.

Entreprendre - Financement : Lever des fonds est un choix stratégique

Eric Félix-Faure, ‎Managing Partner à la banque d’affaire Oaklins Aelios, décrypte les avantages et les inconvénients qui se cachent derrière une levée de fonds.

 Quelle est la principale différence entre un banque d’affaires et un leveur de fonds ?

Eric Félix-Faure : Une banque d’affaire comme Oaklins Aelios accompagne les entreprises dans la recherche de financements, notamment par l’ouverture de leur capital à des investisseurs, mais aussi pour des opérations de fusion-acquisition ou l’introduction en Bourse.

Nous sommes davantage un «couteau suisse» au service des dirigeants. Cela permet de leur donner le bon conseil, adapté à leur situation, et pas forcément ce qu’ils ont envie d’entendre. J’ai le plus profond respect pour l’actionnaire dirigeant, et donc l’obligation de tenir un discours de vérité. Nous disons d’ailleurs souvent non : sur 100 dossiers que j’examine chaque année, 10 seulement seront réalisés.

 Lever des fonds n’est-il pas toujours la meilleure solution pour financer le développement ?

EFF : Non, c’est même parfois une erreur stratégique ou une erreur de calcul. L’opérations crée-t-elle réellement de la valeur pour les actionnaires existants ou détruit-elle des potentialités d’alliances ou de sortie, compte tenu de la dilution ou des conditions contractuelles du financement ? C’est là que le rôle de conseil est déterminant, pour aller contre l’idée initiale du dirigeant et lui expliquer que d’autres solutions existent.

Par exemple, le site culinaire 750g nous a sollicité pour une ouverture de capital. Il a finalement opté pour le rapprochement avec un acteur majeur de l’information sur Internet, Webedia. Une opération financièrement intéressante [le montant n’a pas été communiqué mais il est estimé entre 8 et 10 M€, NDLR] et porteuse d’un véritable partenariat industriel.

 Pourquoi affirmez-vous qu’il est nécessaire de prévoir la valorisation dans l’étude d’un dossier de levée ?

EFF : Il ne faut pas oublier que les investisseurs doivent vendre un jour. Il est donc important d’étudier les solutions de sortie et d’essayer d’estimer la valorisation. Cela suppose d’être capable de prévoir les évolutions du marché dans les prochaines années.

Ce n’est pas une stratégie de notre part, nous ne cherchons pas à prévoir le «coup d’après», nous gérons transaction par transaction. Mais si nous faisons bien notre métier, il n’y a aucune raison que nous ne soyons pas présent à l’étape suivante, quelle qu’elle soit.

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