L’associatif a-t-il toujours fait partie de votre vie ?
Florian Baratte. Je suis salarié du groupe EDF depuis douze ans, aujourd’hui technicien en centrale nucléaire. Je travaille dans l’associatif depuis 18 ans, d’abord dans le cadre de la Marche des Fiertés, puis j’ai intégré l’Autre Cercle, suis devenu président de la section Île-de-France, avant d’être nommé président de l’association au niveau national. Au début de ma vie professionnelle, je n’évoquais pas mon homosexualité, je supportais difficilement les plaisanteries des pauses café, il était difficile de participer à certaines discussions, d’échanger sur les dernières vacances… Je ne me sentais pas à l’aise. Cela a changé depuis que je travaille chez EDF, où je me suis senti suffisamment en confiance pour en parler naturellement ; j’ai senti qu’il y avait une vraie inclusivité.
Comment qualifieriez-vous la situation de l’emploi des salariés LGBT+ en France ?
Notre baromètre mesure concrètement l’évolution en entreprise via un double panel, un échantillon représentatif de 8 997 salarié-es dont 1 027 LGBT+, et un échantillon parmi 83 signataires de notre charte, comprenant 43 252 salarié-es dont 6 915 LGBT+. La discrimination est toujours présente, mais le phénomène est très mouvant. Nous avons évalué pour la première fois, par institut de sondage, la situation en termes de bisexualité, binarité, homosexualité féminine et masculine ; il en ressort que la situation est plus difficile pour les femmes.
Voyez-vous une évolution depuis votre arrivée ?
Certaines entreprises vont dans le bon sens, d’autres stagnent, mais on ne constate plus de dégradation de la situation. Il semble que l’on soit plutôt en bonne voie, même si la perfection est hors d’atteinte. Notre 4ème baromètre prouve que le climat au travail sur ces questions s’améliore. Ainsi, 6 personnes LGBT+ sur 10 sont aujourd’hui visibles au travail, soit +10 % en six ans.
Quelles sont les actions dont vous êtes le plus fier ?
Je pourrais citer le fait qu’il y ait eu une coprésidence l’an dernier, entre une femme et un homme pour la première fois, Sylvie Meisel et moi-même. Il y a également les nominations des nouveaux Role Models, que l’on peut comparer à des modèles de référence ou des figures d’inspiration. De nombreux outils perdurent, mais sont peaufinés et améliorés, comme notre baromètre. J’essaie d’apporter ma propre touche en travaillant ensemble, avec les équipes comme avec les entreprises. Je tiens à préciser que tout le monde peut adhérer, ne serait-ce que pour soutenir notre cause. Les hétérosexuels participent au mouvement, et heureusement, car nous avons besoin de bénévoles et de soutien. Nous travaillons actuellement à la création de la Chambre LGBT+, dont la principale mission sera de favoriser les mises en relation avec les employeurs.
Comment touchez-vous les TPE et PME ?
Nous ne cherchons pas à recruter les employeurs de force ; il faut qu’ils soient prêts, qu’il y ait une volonté d’aller dans cette direction. On trouve toutes sortes d’entreprises chez nos adhérents. Parmi les 265 signataires de la charte d’engagement triennale et les 11 signataires de la récente Charte de l’Enseignement supérieur, il y a effectivement une majorité de grandes structures, dont le rôle exemplaire est essentiel. Nous avons également un service Conseil et Formation, doté de formateurs expérimentés, qui se rendent en entreprise pour former des salariés ou créer des plans d’action.
Quels sont vos projets à court terme ?
Nous avons un grand projet pour l’année prochaine, soutenu par l’Europe, pour la mise en place de Role Models européens. Les Role Models leaders LGBT+ sont des personnes qui s’impliquent en entreprise en agissant pour le soutien de la cause, alors que cela n’est pas leur métier. J’ai, par exemple, été nommé par EDF parce que je me suis impliqué sur la question trans (précision : en plus de mon temps de travail). Cela a mené à un guide pour le management et à une sensibilisation des équipes. Ensuite, le jury de notre association examine les propositions de nominations des entreprises, évalue les actions réalisées et leur impact. Il y a déjà 500 Role Models au total, la sixième édition a eu lieu au début de ce mois.