C’est un signe qui ne trompe pas. Créée en 1946, la FNAIM (Fédération Nationale de l’Immobilier) ambitionne de recruter 1 000 personnes cette année pour ses adhérents. Michel Platero, président de la FNAIM du Grand Paris, revient sur ce projet ambitieux.
Quel est l’impact de la crise sanitaire sur le secteur de l’immobilier ?
Michel Platero : Le marché de l’immobilier a su être résilient pendant la crise sanitaire. Aujourd’hui, nous continuons d’observer le dynamisme de ce secteur. Le nombre de transactions a battu des records, avec plus de 1,2 million de transactions effectuées. La forte activité de ce marché fait qu’il est très porteur d’opportunités. Il est aujourd’hui le troisième secteur dont la demande d’emplois a augmenté en France au cours de l’année précédente. Et pourtant, les professionnels de l’immobilier peinent à recruter comme en témoigne le rapport 2021 LinkedIn sur les métiers les plus demandés.
À quoi tient la difficulté des professionnels de l’immobilier à recruter ?
M.P. : Bien souvent, malheureusement, les candidats ne connaissent que très peu le monde de l’immobilier. Or, il s’agit d’un secteur qui propose de multiples perspectives de carrière, toutes très différentes et qui ne se résument pas au métier d’agent immobilier. En effet, conseillers en immobilier, administrateurs de biens, promoteurs immobiliers ou encore gestionnaires de copropriété etc… font également partie du panel de métiers possibles. La FNAIM du Grand Paris est donc en quête constante de nouveaux candidats aux profils variés pour ses adhérents qui rencontrent des difficultés à trouver des talents, particulièrement chez les jeunes attirés par d’autres métiers.
La demande est supérieure à l’offre en matière de recrutement. Quelles sont les incidences de cette situation ?
M.P. : Les employeurs sont généralement ouverts à des profils plus atypiques, notamment les personnes en reconversion professionnelle. Ils font preuve d’ouverture d’esprit quant aux compétences qu’ils attendent des candidats. Les postulants en recherche de reconversion sont les bienvenus.
La FNAIM du Grand Paris a lancé un programme de recrutement d’envergure à travers IMMOCV. En quoi cette initiative est-elle disruptive ?
M.P. : À l’écoute des besoins de ses adhérents, notamment dans le recrutement de nouveaux profils, la FNAIM du Grand Paris a décidé de lancer un site de mise en relations entre recruteurs et candidats, appelé IMMOCV. Ce site web (immocv.fr) s’adresse à tous : étudiants, jeunes diplômés, experts en immobilier mais aussi à toutes personnes en recherche d’emploi souhaitant travailler dans l’immobilier. Le fonctionnement d’IMMOCV est simple, il suffit de créer un compte « candidat » et d’y déposer son CV.
Quelle valeur ajoutée apportez-vous à travers ce dispositif ?
M.P. : Depuis de nombreuses années, l’immobilier a le vent en poupe et pourtant les recruteurs peinent à trouver des candidats. En effet, la majorité des sites de recrutement ne sont pas spécialisés dans le secteur de l’immobilier et certains candidats peuvent être perdus face aux multiples métiers qu’offre ce domaine d’activités.
Vous ambitionnez de recruter 1000 collaborateurs. Pourquoi choisir de travailler pour un adhérent de la FNAIM du Grand Paris ?
M.P. : La FNAIM du Grand Paris est une très belle maison. Notre logo, le cube jaune, est gage de sérieux et de confiance pour les consommateurs. En rejoignant un cabinet ou une agence qui adhère à la FNAIM, vous rejoignez la première organisation patronale des métiers de l’immobilier en Europe. Notre particularité est que nos adhérents sont des indépendants ou font partie de réseaux tels que Orpi, Century 21, Guy Hoquet, ERA, Stéphane Plaza, Laforêt et bien d’autres. Nos professions sont très réglementées et nécessitent de connaître toutes les nouvelles réglementations. Notre service juridique, qui décrypte les lois pour nos adhérents, constitue un atout majeur.
Très réglementé, le secteur de l’immobilier exige-t-il une formation spécifique ?
M.P. : Pour les professionnels de l’immobilier, la formation est indispensable car les réglementations qui impactent ce domaine sont très nombreuses. Il est de leur devoir d’être à la pointe des connaissances de leurs métiers. À la FNAIM Grand Paris, nous mettons un point d’honneur à former nos adhérents et leurs salariés.
Certains services proposés, notamment via des plateformes en ligne, laissent planer le doute sur la responsabilité des agents immobiliers. Est-ce préjudiciable pour le secteur ?
M.P. : Cela peut laisser entendre qu’il est possible de se passer des agents immobiliers et des syndics de copropriété. Ce fait peut donc porter préjudice aux métiers de l’immobilier. La promesse d’honoraires au rabais, si elle peut être tentante, est rarement un gage de compétence. Agent immobilier, Syndic de copropriété, Administrateur de biens sont des métiers règlementés, reconnus et protégés par la loi Hoguet du 2 janvier 1970. Elle vise à protéger les investisseurs, les acquéreurs, les propriétaires, les locataires, en imposant aux professionnels du secteur la détention d’une carte professionnelle et en fixant les conditions d’exercice de leurs métiers.
Les professions de l’immobilier sont souvent peu ou mal connues. Quelles sont les grandes familles de métiers permettant de se repérer ?
M.P. : On peut distinguer quatre grands ensembles de métiers qui se déclinent eux-mêmes en de multiples métiers : la transaction immobilière, la gestion immobilière, la copropriété et la gestion de patrimoine. La palette de métiers est extrêmement large et offre de formidables opportunités de carrières.
En quoi consiste la transaction immobilière ?
M.P. : Le métier le plus connu dans le domaine de la transaction est celui que l’on appelle communément « agent immobilier ». Ce professionnel de terrain met en relation vendeurs et acquéreurs pour la réalisation d’un projet immobilier. Détenteur d’un mandat écrit (de vente, de location, de recherche), il est présent du début à la fin de l’opération, en assure le suivi jusqu’à la signature de l’acte définitif devant le notaire. Il cherche des biens à vendre pour ses clients et doit en estimer la valeur au plus juste. Il organise les visites, négocie et rédige le compromis de vente.
Il est un interlocuteur privilégié car il conseille son mandant sur le choix de l’acquéreur, sur les démarches à réaliser, il est présent de la négociation à la concrétisation de la vente. Il met également ses compétences au service de ses clients propriétaires qui désirent mettre un bien en location, des locataires qui recherchent un bien à louer et des acquéreurs qui recherchent un bien à acheter. Il connait parfaitement le marché immobilier de son secteur. Il sait négocier et conseiller ses clients sur tous les aspects d’une vente ou d’une location immobilière, ce qui nécessite savoir-faire.
La transaction immobilière se résume-t-elle au métier d’agent immobilier ?
M.P. : Non, on trouve également au sein des agences des négociateurs (VRP ou non), des agents commerciaux (collaborateurs indépendants), des assistants commerciaux, des comptables sans oublier les hôtesses d’accueil. Chacun de ces métiers demande des compétences relationnelles, un sens de l’écoute aigu et de la disponibilité. La mobilité fait aussi partie du métier de transactionnaire car il est très souvent sur le terrain pour visiter des biens et prospecter de nouveaux clients.
Quelle réalité couvre l’activité de gestion immobilière ?
M.P. : La gestion immobilière comprend de nombreux métiers comme directeur d’agence, gestionnaire locatif, comptable en gestion locative, assistant du gestionnaire, juriste immobilier etc. Le métier le plus connu est celui d’administrateur de biens. Il prend en charge la gestion locative de biens immobiliers (logements, bureaux, commerces…) pour le compte des propriétaires qui souhaitent se libérer des contraintes inhérentes, et qui souhaitent sécuriser leurs locations et leurs revenus locatifs. Pour mener à bien sa mission, il doit toujours détenir un mandat écrit de ses clients. À ce titre, il organise la visite des biens, rédige les baux et en assure la sécurité juridique. Il réalise les états des lieux d’entrée et de sortie, encaisse les loyers pour le compte du propriétaire, délivre les quittances et fait exécuter les réparations nécessaires. Une appétence pour la technique du bâtiment est un plus. Son métier consiste à satisfaire la demande de logement des candidats locataires, que ceux-ci soient des particuliers ou des entreprises. Pour y répondre, l’administrateur de biens définit la nature exacte des besoins de ses clients et propose des logements ou des locaux appropriés à leur demande, après avoir contrôlé leur conformité aux règles en vigueur (règles de décence, diagnostics…).
Quels sont les prérequis pour être administrateur de biens ?
M.P. : Être administrateur de biens, c’est aussi être un juriste solidement formé face à une règlementation abondante. Il a pour mission de conseiller les propriétaires et les locataires sur leurs droits, mais aussi leurs devoirs. Il intervient en cas de litige et suit les procédures judiciaires pour le compte de ses mandants. Comme l’agent immobilier, l’administrateur de biens doit se conformer aux règles de la loi Hoguet qui l’obligent à détenir une carte professionnelle portant la mention « gestion immobilière ».
Le syndic est le métier le plus connu de la copropriété, en quoi consiste-t-il ?
M.P. : Le syndic assure la gestion et l’optimisation d’un portefeuille d’immeubles dont le cabinet a la charge sur les plans administratif, juridique, comptable, financier et technique. Il est également le garant du respect du règlement de copropriété́ et de faire exécuter les décisions de l’assemblée générale. Elu par cette dernière, il représente le syndicat des copropriétaires et agit en son nom. Son champ d’actions est vaste puisqu’il s’occupe de la gestion des parties communes de l’immeuble mais également de l’organisation et de l’animation des assemblées annuelles des copropriétaires. Il conseille le syndicat des copropriétaires pour valoriser son patrimoine, présente le bilan de l’exercice écoulé, propose des prestataires pour faire réaliser les différents travaux.
Quel est le profil de ce professionnel ?
M.P. : Il doit également être un fin négociateur puisqu’il négocie et signe les contrats d’assurance et d’entretien des services collectifs et des parties communes (ascenseurs, chaufferie) et veille à la bonne exécution des missions confiées aux entreprises retenues. Une solide formation en immobilier et une expérience du terrain sont indispensables pour exercer ces responsabilités. Son activité est strictement encadrée par la loi. S’il est à son compte, il possède une carte professionnelle de syndic de copropriété délivrée par la chambre de commerce et d’industrie, une garantie financière et une assurance couvrant sa responsabilité civile et professionnelle. La copropriété comprend de nombreux métiers, tels que responsables de cabinet, gestionnaires de copropriété, comptables, secrétaires administratives, juristes mais également les métiers dont l’employeur est le syndicat de copropriétaires à savoir les gardiens et employés d’immeuble. Les qualités requises sont une forte aptitude au relationnel, avoir le sens des responsabilités, une rigueur quotidienne dans l’exercice de ses fonctions et être en mesure d’assurer le suivi des projets qu’il entreprend.
Qu’en est-il des compétences associées à la gestion de patrimoine ?
M.P. : Être un expert en immobilier nécessite également de maîtriser les contours de la défiscalisation et les solutions d’optimisation d’un patrimoine existant : loi Pinel, loi Malraux, investissement dans l’ancien avec travaux, statuts des loueurs en meublé, etc. Une bonne maîtrise fiscale de l’immobilier permet aux professionnels de se rapprocher de leurs clients.