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Le baromètre de la formation professionnelle


La formation professionnelle est plus que jamais au cœur des préoccupations de la fonction RH cette année. Leader international de la formation professionnelle et continue, le Groupe Cegos a dévoilé  les résultats de son baromètre annuel de la formation professionnelle en Europe. Un point s’impose.  

Entreprendre - Le baromètre de la formation professionnelle

La formation professionnelle est plus que jamais au cœur des préoccupations de la fonction RH cette année. Leader international de la formation professionnelle et continue, le Groupe Cegos a dévoilé  les résultats de son baromètre annuel de la formation professionnelle en Europe. Un point s’impose.
 

Pour cette édition 2015, 600 Directeurs des Ressources Humaines (DRH) / Responsables Formation (RF) et 2500 salariés (tous ayant bénéficié d’une action de formation) ont été interrogés en avril et mai, dans 5 pays – France, Allemagne, Espagne, Grande-Bretagne et Italie – au sein d’entreprises du secteur privé de plus de 50 salariés. Les enseignements de cette enquête sont lourds de sens et donnent des informations essentielles aux managers.

Encore des progrès à faire

Le constat est amer : si les salariés des 5 pays interrogés se disent toujours majoritairement satisfaits des formations suivies, la politique formation des entreprises paraît toujours manquer de hauteur stratégique :

– L’amélioration de l’administration de la formation est ainsi pointée comme la priorité n°1 des DRH et RF européens, tandis que 32 % des DRH et RF interrogés estiment que le développement de leur rôle de conseil auprès de l’encadrement de l’entreprise ne constitue pas une priorité.

– De même, l’évaluation et la mesure du retour sur investissement de la formation est citée en dernier (près du tiers des répondants disent même que « ce n’est pas une priorité »)… En matière d’évaluation, les pratiques tendent à stagner, si l’on en croit les réponses apportées par les salariés.

–  Autre faiblesse concernant la place occupée par la formation dans les entreprises : les salariés se sentent clairement peu accompagnés dans leurs formations, contrairement à ce que déclarent les DRH et RF :

– Seuls 22 % des salariés disent être « systématiquement » accompagnés par leurs managers avant la formation pour en préciser les objectifs et 18 % seulement au retour de la formation pour décider d’un plan de mise en œuvre des connaissances acquises.

– Les écarts sont respectivement de 28 et 25 points avec les réponses plus positives des DRH et RF…

Expert : Mathilde Bourdat, experte Cegos du management de la formation

« L’attention des DRH-RF interrogés semble se concentrer sur le volet purement administratif de la formation : 27 % seulement des DRH et RF placent en priorité n°1 le renforcement du lien entre la politique formation et la stratégie de l’entreprise. Cela tombe même à 20 % pour les DRH-RF français, la valeur la plus basse observée dans l’étude. De même, seuls 10 % des DRH et RF français positionnent la mise en place des évaluations de l’impact et du retour sur investissement des formations en priorité n°1. »

L’exception britannique ?

Comme cela avait déjà été observé dans l’édition 2013 du baromètre, la Grande-Bretagne fait figure d’exception :

– Les DRH et RF britanniques apparaissent comme les plus ambitieux en matière de formation. Ce sont eux qui associent le plus d’enjeux à la politique formation de leur entreprise :

– 57 % d’entre eux considèrent le fait d’attirer et fidéliser les talents comme « très prioritaire » (vs. 38 % des DRH-RF allemands et français).

– Pour près d’1 sur 2, accompagner le projet professionnel des salariés est jugé « très prioritaire » (vs. 28 % pour les DRH-RF allemands).

 

– Côté salariés, les britanniques sont aussi les plus satisfaits de la politique formation de leur entreprise :

– 84 % d’entre eux estiment qu’elle met en œuvre tous les moyens pour correctement identifier les compétences dont elle a besoin (vs. 73 % en moyenne pour les salariés des 5 pays et 67 % des salariés italiens – valeur la plus basse observée) ;

– 8 sur 10 pour informer les salariés du programme des formations auxquelles ils peuvent participer (vs. 6 salariés français sur 10).

Mathilde Bourdat, experte Cegos du management de la formation

, explique : « L’exemple britannique tend à prouver que lorsque les DRH et responsables formation se saisissent véritablement de la politique formation, qu’ils l’inscrivent dans une stratégie active et de long terme et sortent d’une pure logique administrative et opérationnelle, cela renforce directement la satisfaction des salariés et leur implication dans la politique formation.

Il faut d’ailleurs noter que les salariés britanniques sont les seuls à privilégier les actions de formation collectives et sont en phase avec les orientations des DRH et RF britanniques… ce qui n’est pas le cas dans les autres pays. »
 

Un lent recul de la formation présentielle

Déjà observé lors des dernières éditions du baromètre, le lent recul de la formation présentielle (en salle et en groupe avec un formateur ou sous forme d’accompagnement individuel) se confirme :

Pour apprendre à distance, chaque pays témoigne de préférences prononcées. Un trait commun est toutefois à noter : tous les pays sont maintenant engagés dans une démarche de digitalisation de leur formation, même si l’Allemagne et la France restent en très léger retrait.

Les modalités de formation mises en place par les entreprises sont parfois en décalage avec les attentes des salariés. Par exemple, si 87 % d’entre eux ont bénéficié d’une formation en salle, 38 % considèrent que cette modalité répond « très bien » à leurs attentes.

Là encore, ce sont les salariés britanniques qui se positionnent en « bons élèves » de l’enquête : pour les 4 modalités testées (cf. graphique précédent), le niveau de réponses aux attentes des salariés est plus élevé en Grande-Bretagne que dans les autres pays.

Toujours en Grande-Bretagne, on note un lien très étroit entre satisfaction et utilité de la formation.

49 % des salariés britanniques jugent les formations suivies « très utiles » (vs. moyenne des 5 pays à 38 %) et 43 % d’entre eux en ont été « très satisfaits ».

Un optimisme prudent sur la Réforme en France

 Le regard porté par les DRH-RF et les salariés français sur la Réforme de la Formation Professionnelle et ses impacts est teinté d’un optimisme encore prudent. D’une manière générale, la réforme du financement de la formation devrait accélérer les tendances déjà à l’œuvre. Ainsi, pour près d’un DRH-RF sur 2, la réforme du financement de la formation aura pour effet le plus certain de développer la formation interne.

Il faut aussi noter qu’une très grande majorité (9/10) des DRH et RF déclare avoir l’intention de compléter « systématiquement » ou « dans certains cas » le financement du Compte Personnel de Formation pour les coûts qui ne seraient pas pris en charge par l’OPCA (Organisme Paritaire Collecteur Agréé).

Concernant la création du Compte Personnel de Formation, les salariés sont aujourd’hui moins convaincus que les DRH-RF par ses effets concrets : 23 % des salariés pensent que le CPF contribuera « très certainement » au maintien de l’employabilité des salariés les plus fragiles dans leur entreprise  et qu’il sera un levier de qualification des salariés (vs. respectivement            37 % et 42 % des DRH-RF).

La prise en main par les salariés du Compte Personnel de Formation est encourageante mais encore timide : 51 % des salariés français savent qu’ils doivent créer eux-mêmes leur CPF sur Internet. Parmi eux, 23 % disent l’avoir déjà fait. Un salarié sur 5 a par ailleurs déjà identifié une formation qu’il pourrait suivre en mobilisant son CPF.

Parallèlement, et c’est une tendance de long terme, de moins en moins de salariés français sont prêts à co-investir dans la formation et à se former hors temps de travail, avec des baisses très significatives depuis 2011. 

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