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France Hydrogène : l’hydrogène, énergie d’avenir, à promouvoir maintenant !


L’association France Hydrogène a pour vocation d’accélérer le développement de solutions hydrogène pour réussir la transition énergétique, réindustrialiser les territoires et créer de la valeur localement afin d’améliorer la qualité de vie de tous. Rencontre avec son président, Philippe Boucly.

Entreprendre - France Hydrogène : l’hydrogène, énergie d’avenir, à promouvoir maintenant !

Si certains ne connaissent pas encore France Hydrogène, comment leur présenteriez-vous votre association ?

France Hydrogène fédère les acteurs de la filière française de l’hydrogène. Notre ambition est de promouvoir l’hydrogène auprès des acteurs industriels mais aussi des pouvoirs publics et des territoires. L’électricité devrait représenter en 2050 de l’ordre de 50 à 60% de la consommation énergétique finale, le complément sera couvert par la chaleur et les gaz renouvelables dont l’hydrogène qui devrait représenter 10 à 20 % de la consommation finale d’énergie.

Vous êtes un partenaire privilégié du salon Hyvolution depuis sa création n’est-ce pas ?

Effectivement et aujourd’hui, nous sommes fiers de voir que la dernière édition a réuni plus de 570 exposants, 11 500 visiteurs avec plus de 80 pays représentés. C’est aujourd’hui le plus grand salon mondial dédié à l’hydrogène. La prochaine édition aura lieu fin janvier 2025 à Paris, Porte de Versailles. L’hydrogène fédère et intéresse les industriels comme les collectivités territoriales, à l’instar des régions, des partenaires importants pour nous. L’hydrogène est reconnu comme alternative aux énergies fossiles. Il fait déjà l’objet de projets ayant des applications dans des domaines divers. Autant de raisons qui expliquent aussi que France Hydrogène représente aujourd’hui 450 membres, tous acteurs de la filière hydrogène : plus de 100 grands groupes de l’énergie et de la mobilité mais aussi plus de 210 PME-PMI et start-ups sans oublier tous les centres de recherche français travaillant sur l’hydrogène.

Quels sont, selon vous, les principaux défis à surmonter pour rendre la production d’hydrogène renouvelable ou bas carbone économiquement viable à grande échelle en France ?

Précisons d’abord que pour être acceptable, quel que soit le mode de production, l’hydrogène doit avoir un contenu carbone inférieur à 3.38 kilos de gaz carbonique par kilo d’hydrogène. L’hydrogène peut ainsi être produit par électrolyse à partir de l’éolien, du photovoltaïque ou du nucléaire. Compte tenu de son mix électrique décarboné, la France est plutôt bien placée en Europe mais le défi reste le passage à l’échelle pour les électrolyseurs. Actuellement 30 MW sont en service et 300 MW sont décidés. L’objectif est d’atteindre 6 500 mégawatts d’ici 2030 et 10 000 MW d’ici 2035. L’enjeu est d’améliorer la technologie pour permettre aux électrolyseurs d’augmenter leur capacité de production. Mais il y a aussi un enjeu politique et commercial. En effet, pour combler l’écart de coût entre l’hydrogène gris et l’hydrogène décarboné, nous avons proposé, il y a quatre ans, un mécanisme de soutien à la production d’hydrogène. Le principe de ce mécanisme a été accepté dès 2021 et doit être mis en œuvre via un appel d’offre portant sur 1000 MW d’électrolyse répartis sur 3 ans (150, 250 et 600 MW) et financé par l’Etat à hauteur de quatre milliards d’euros. Le cahier des charges stipule que les installations devaient avoir une puissance minimum de 30 mégawatts, ce qui serait une bonne étape dans le passage à l’échelle. Mais à ce jour la première tranche de l’AO n’a toujours pas été lancée ! Autre enjeu : le coût de l’électricité : on ne peut raisonnablement produire un hydrogène décarboné compétitif que si le prix de l’électricité est de 40 à 50 euros du mégawattheure.

Enfin, il est important de faire évoluer la réglementation et établir une certification autour de la qualification de l’hydrogène afin que tous les producteurs jouent selon les mêmes règles sur le plan mondial. Notons enfin que la filière hydrogène a besoin de talents et que l’aspect formation est donc également essentiel. La France prend du retard alors que l’Allemagne vient d’adopter une loi d’accélération de l’hydrogène et de consacrer 3 milliards d’euros au développement d’un réseau de transport d’hydrogène et que, par ailleurs, les Pays Bas et l’Espagne viennent de se doter d’un mécanisme de soutien à la production. Ceci explique en particulier que des acteurs comme McPhy ou Lhyfe signent aujourd’hui des contrats en Allemagne ou au Danemark.

Quels sont les principaux secteurs industriels producteurs d’hydrogène ?

En France, la production d’hydrogène industriel (gris) représente actuellement plus de 900 000 tonnes par an. Les trois marchés les plus importants sont la désulfurisation de carburants pétroliers (60%), la synthèse d’ammoniac principalement pour les engrais (25%) et la chimie (10%). Compte tenu des besoins des filières, il nous faut atteindre entre 650 000 et 900 000 tonnes à l’horizon 2030. Au-delà, les nouveaux marchés sont la mobilité lourde ou intensive (bus, camions, véhicules utilitaires légers, trains, transport aérien et maritime), axe fort de la stratégie hydrogène de 2020, ainsi que la production de carburants de synthèse.

Et où en est-on en matière de réalisations ?

Les réalisations sont nombreuses que ce soit en termes de déploiement d’écosystèmes ou d’usines qui s’implantent dans les territoires. La liste est donc loin d’être exhaustive ! Pour les électrolyseurs, la France compte 4 constructeurs dont certains viennent d’ouvrir les portes de leurs gigafactories : McPhy à Belfort, le groupe John Cockerill en Alsace, les sociétés Elogen à Vendôme et Genvia à Béziers. Concernant les équipements clés que sont les piles à combustible, les usines de fabrication ouvrent également leurs portes, à Blanquefort pour HDF, à Saint-Fons pour Symbio ou encore à Aix-en-Provence pour Helion Hydrogen Power, filiale d’Alstom. Plusieurs projets innovants ont déjà vu le jour : Hysetco (start-up pionnière dans la mobilité hydrogène et dont vous voyez les taxis et les vans circuler dans Paris au quotidien) et qui exploite la station de recharge hydrogène de la Porte de Saint-Cloud, la plus grande d’Europe et qui peut fournir jusqu’à une tonne d’hydrogène par jour, ou encore Hyliko, qui vient d’inaugurer sa première station hydrogène pour poids lourds. Une soixantaine de bus roulent à l’hydrogène en France, 130 sont en cours de déploiement et 1 000 sont envisagés à l’horizon 2030. La France fait aussi figure de pionnière dans la fabrication de véhicules utilitaires légers à hydrogène avec Stellantis et Hyvia, filiale de Renault et Plug Power, de trains à hydrogène avec Alstom… Du côté de l’industrie, la décarbonation de l’acier à Dunkerque par ArcelorMittal ou du ciment par Vicat, le projet GravitHy à Fos, le projet Normand’Hy d’ Air Liquide à Port-Jerôme (électrolyseur de 200 mégawatts ) ou encore l’appel d’offre lancé par TotalEnergies pour la fourniture en 2030 de 500 000 tonnes par an d’hydrogène décarboné témoignent des enjeux de souveraineté économique et technologique liés à l’hydrogène.

Quel intérêt de vous rejoindre ?

Notre association fédère l’ensemble de ces acteurs avec cette volonté d’installer l’hydrogène dans la transformation économique du pays et plus largement de l’Europe. Il s’agit de donner de la visibilité aux industriels et de rappeler combien il est nécessaire de tenir les engagements pour éviter tout retard : c’est un enjeu de souveraineté et d’indépendance nationale.

Pour plus d’informations

www.france-hydrogene.org

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