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Francis Picha (Trato-TLV) : « On devrait tresser des lauriers à tous les chefs d’entreprise »


Désigné entrepreneur de l'année EY pour la région Hauts-de-France en 2016, Francis Picha dirige dirige depuis trois décennies la PME familiale, leader de l'éclairage professionnel, fondée par son père Michel, en 1947. Située à Roubaix, Trato-TLV (50 M€ de CA en 2016) conçoit et commercialise des appareils d’éclairage pour tous les types de structures.

Entreprendre - Francis Picha (Trato-TLV) : « On devrait tresser des lauriers à tous les chefs d’entreprise »

Désigné entrepreneur de l’année EY pour la région Hauts-de-France en 2016, Francis Picha dirige dirige depuis trois décennies la PME familiale, leader de l’éclairage professionnel, fondée par son père Michel, en 1947. Située à Roubaix, Trato-TLV (50 M€ de CA en 2016) conçoit et commercialise des appareils d’éclairage pour tous les types de structures.

PME familiale et vision stratégique à long terme

Dans une PME familiale comme la notre, le circuit de décision est rapide. Les décisions sont prises sein de comité de direction en présence des actionnaires familiaux. Cette stabilité et cette continuité globales de la direction de l’entreprise sont précieuses. L’autre avantage porte sur la vision stratégique à long terme. C’est ce qui explique notre succès. Ce sont désormais mes enfants qui mènent la croissance de cette société âgée de 70 ans. Je leur ai dit que leur rôle désormais était de mettre l’entreprise sur les rails pour les 70 ans à venir.

Une entreprise de 250 personnes est entre le marteau et l’enclume

Nous faisons face à deux types de concurrents : des multinationales et des petites PME très spécialisées. On dit souvent qu’une entreprise de 250 personnes est entre le marteau et l’enclume : attaquée par les gros mais aussi par les petits. Sur notre marché, sur lequel nous faisons partie des leaders européens, nous avons renversé cette tendance grâce à un positionnement intéressant : on est suffisamment petit pour être flexible et suffisamment développé pour s’attaquer à des marchés importants. On a adopté une stratégie de niche : l’entreprise est un chenil dans lequel il y a une vingtaine de niches.

Anticiper les évolutions technologiques

Pour une PME, le secret, c’est de courir plus vite que les autres. Nous investissons chaque année 5 % de notre CA en R&D et ce depuis 30 ans, notamment dans la robotique. L’objectif ? Essayer d’anticiper les évolutions technologiques, car c’est ce qui garantit le futur de l’entreprise. Six ingénieurs travaillent dans notre bureau d’études. Nous misons également sur d’autres atouts : stratégie de différenciation, capacité à s’adapter aux besoin des clients, flexibilité, réactivité, souplesse, agilité…

Un gouvernement qui a compris notre situation

Lorsqu’on observe la désastreuse comparaison entre la France et l’Allemagne sur le plan industriel, on constate que la part de l’industrie dans le PIB en 2016 était de 19 % en France et de 30 % en Allemagne. On ne peut donc pas dire que la France offre un cadre favorable au développement des PME. Mais grâce aux récentes décisions du gouvernement (baisses des charges, transformation du CICE, IS à 33 %…), je crois pouvoir dire que c’est en meilleure voie. Je redeviens optimiste.

Si précieuse aux yeux des chefs d’entreprise, la confiance est de retour et le circuit économique redémarre. Voilà enfin un gouvernement qui a compris notre situation. Pour que les entreprises se développent, investissent et ne décrochent pas dans la compétition industrielle, ces mesures étaient nécessaires. En France, on a des boulets au pied. On devrait d’ailleurs tresser des lauriers à tous les chefs d’entreprise encore debout !

Libérer le pays en diminuant la dépense publique

Pour être compétitif face à nos voisins européens, il faut que la baisse des charges aille au moins jusqu’à trois fois le Smic. La réforme du CICE doit se traduire par une non-augmentation du coût du travail. La problématique de la fiscalité – on arrive tout juste dans la moyenne européenne – et celle des réglementations sont également cruciales. Nous devons aussi miser sur le développement de l’apprentissage. Cela fait 10 ans qu’on en parle mais rien ne bouge !

Pour libérer le pays, il faut diminuer la dépense publique pour favoriser les investissements de l’État. La lourdeur de l’administration est paralysante. Je vais donner un exemple frappant : nous avons effectué un agrandissement de 1200 m2 sur notre site de Roubaix. Combien de temps a-t-on mis à obtenir les autorisations ? 5 ans. Dans n’importe quel autre pays, ce délai aurait été de 6 mois ou un an grand maximum. Ces freins au développement existent partout.

La France a des atouts : ses écoles d’ingénieurs et de commerce, ses infrastructures…

Je suis sidéré de voir l’état dramatique du pays – notamment dans notre belle région -, ce taux de chômage effroyable et cette perte de compétitivité. Pourtant, la France a énormément d’atouts : ses écoles d’ingénieurs et de commerce, ses infrastructures… Etant situé dans le Nord, nous bénéficions de deux autres avantages : la persistance de la valeur travail ; le positionnement de la métropole lilloise située à un carrefour européen. Mais ces éléments positifs restent plombés par nos pesanteurs.

Trato-TLV en bref

Secteur : éclairage

Date de création : 1947

CA 2016 : 50 M€ (Trato-TLV + Trato Industrie)

Salariés : 210

Siège : Roubaix (Nord)

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